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Ce que TotalEnergies va faire de son argent

« Pour la première fois de l’histoire de l’entreprise, tous les paramètres sont positifs. » Même Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, en semblait presque surpris, lors de la présentation des résultats 2022, mercredi 8 février. Ils sont les meilleurs jamais enregistrés par une entreprise française : 20,5 milliards de dollars (19,1 milliards d’euros).

Et encore, le bénéfice de TotalEnergies aurait atteint 36,2 milliards de dollars (33,7 milliards d’euros) s’il n’avait pas dû passer une provision de 13,8 milliards d’euros pour acter son départ de Russie. De sa présence dans le pays, il ne reste plus que le contrat gazier de Yamal, ce gisement du nord de la Russie dont 70 % des volumes continuent d’arriver en Europe.

Deux fois plus d’impôts payés en 2022 qu’en 2021

Les raisons d’une telle performance financière sont faciles à comprendre : le cours du pétrole est passé de 70 dollars le baril en moyenne en 2021 à 100 dollars en 2022, et le cours du gaz a doublé. Sans que les coûts de production grimpent pour autant et alors que l’entreprise commence à gagner de l’argent à partir d’un baril à 23 dollars.

Reste à gérer cette bonne santé financière, qui suscite forcément des convoitises. En clair, comment éviter une pression fiscale supplémentaire, alors que le groupe explique avoir déjà payé 33 milliards de dollars (30,7 milliards d’euros) d’impôts dans le monde en 2022. Plus de deux fois ce qu’il a payé en 2021 (14,8 milliards d’euros).

Une nouvelle ristourne en vue pour les automobilistes

Le groupe pourrait reverser une partie de ces bénéfices directement aux consommateurs. C’est ce que laisse entendre Patrick Pouyanné, en évoquant « un partage de la valeur ». Il se dit « prêt à envisager » de nouvelles ristournes sur le prix des carburants à la pompe, dont le « montant » et les « conditions » restent à déterminer. Selon lui, la barre des 2 € par litre constitue un « seuil psychologique dans les têtes des Français ».

L’idée est accueillie « favorablement » par le gouvernement, a aussitôt expliqué son porte-parole Olivier Véran. L’an dernier, la mise en place d’une ristourne (20 centimes au 1er septembre, puis 10 centimes au 1er novembre) avait représenté 550 millions d’euros.

Augmenter les salaires, verser des dividendes et racheter des actions

Les actionnaires ne sont pas oubliés. Ils vont toucher un dividende de 2,81 € par action au titre de 2022 (+ 6,4 % par rapport à 2021), auquel s’ajoute un dividende exceptionnel de 1 € par action. Au total, 9,3 milliards d’euros vont ainsi leur être redistribués.

À cela s’ajoute un programme de rachat d’actions de 6,5 milliards d’euros, qui devrait contribuer à doper le cours de Bourse. « En réduisant de 5 % le capital, on fait faire des économies pour l’entreprise, qui aura moins de dividendes à verser l’an prochain », assure Patrick Pouyanné, qui souligne par ailleurs une forte réduction de l’endettement (– 13,5 milliards d’euros).

Les salariés vont aussi profiter de ces excellents résultats. En France, le groupe a annoncé une augmentation générale de 7,5 % des salaires et des primes en hausse de 15 %. À cela s’ajoute en moyenne 9 000 € au titre de l’intéressement et de la participation, assure la direction.

Les 65 000 salariés actionnaires (sur 100 000), qui représentent environ 7 % du capital et sont à ce titre les premiers actionnaires du groupe, peuvent également se frotter les mains. Ils devraient recevoir 650 millions d’euros de dividendes.

Continuer à investir

L’an dernier, le groupe a investi une quinzaine de milliards d’euros et annonce entre 15 milliards et 17 milliards d’euros cette année. L’enveloppe pour les énergies renouvelables va passer de 3,7 milliards à 4,7 milliards d’euros. Le reste ira au développement de projets gaziers aux États-Unis, au Liban et au Qatar notamment, mais aussi pétroliers, principalement en Afrique.

« Le monde a encore besoin de pétrole, et si l’on n’augmente pas la production,les prix augmenteront de plus en plus. C’est encore plus vrai pour le gaz qui permet de réduire la part du charbon », affirme le patron de TotalEnergies.

Ces propos lui valent de nombreuses critiques de la part des associations environnementales. En 2023, le groupe anticipe ainsi une croissance de sa production d’hydrocarbures d’environ 2 % sur un an.