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[Céréales et oléagineux] La production ukrainienne divisée par deux en deux ans

Quelle est la situation agricole en Ukraine, près d'un an après le début de l'offensive russe le 24 février 2022 ? Nikolay Gorbachev, président de l’Association céréalière ukrainienne (UGA) a apporté son témoignage jeudi 26 janvier 2023 lors du  " Paris Grain Day ". Cet évènement annuel est organisé par le cabinet Agritel, détenu par Argus Media.

Coûts de transports multipliés par cinq

L'accent a été mis sur les différences entre les cours sur les marchés internationaux, le prix payé aux agriculteurs, et les coûts de production. Il prend l'exemple du maïs : " Sur un prix Fob de 300 $/t, il reste au producteur 80 $/t ", chiffre-t-il. En effet, les coûts liés au transport (camion, fret) ont été multipliés par cinq depuis le début de la guerre.

Or, " les coûts de production aux champs se situent autour de 160 à 180 $/t. À cela s’ajoute 60 à 70 $/t de séchage ", tout en sachant que les prix et l’accessibilité à l’énergie sont imprévisibles, précise-t-il. D'autre part, l’accès aux crédits est difficile, voire impossible.

Production divisée par deux

" On ne sait pas ce qu’il se passera demain, pour tout le monde c’est difficile, mais les agriculteurs continuent de produire ", assure Nikolay Gorbachev. Malgré tout, " les producteurs réduisent les surfaces semées " compte tenu de la situation actuelle. D'autant que " les producteurs ukrainiens ne reçoivent aucune aide d’Etat contrairement à l’Union européenne. S’ils produisent des grains, ils doivent les vendre avec un certain profit."

L’UGA prévoit pour 2023 une production de céréales et oléagineux de 53,2 millions de tonnes (contre 67, 5 millions de tonnes en 2022), soit "deux fois moins qu’avant la guerre ", souligne-t-il. Les exportations atteindraient 39,7 millions de tonnes, au plus bas depuis 2015.

La capacité d'export limitée

En 2021, le pays a produit 106,4 millions de tonnes de céréales et oléagineux. Pour cette même récolte, " notre potentiel d’export était d’environ 70 millions de tonnes, mais nous en avons exporté 53,6 millions de tonnes ", précise Nikolay Gorbachev.

La guerre a en effet largement perturbé le fonctionnement de la filière. " Nous sommes passés d’un rythme d’exportation de 6 à 7 millions de tonnes par mois à 200 000 tonnes en mars 2022 ", se remémore le président de l'UGA. En plus d'être plus chères, les voies d’exportation alternatives (trains, camions) en passant par la Pologne, la Roumanie ou la Bulgarie sont aussi limitées en capacité.

Le corridor maritime d'exportation, qui permet d’exporter des grains ukrainiens, est pour l'heure signé jusqu’en mars 2023. De son côté, Nikolay Gorbachevestime qu'il est " complètement inacceptable ", et dénonce notamment les procédures d'inspections russes, qui ralentissent considérablement, selon lui, les exportations.