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Changement climatique : Vent, orages et températures, à quoi va ressembler l’automne du futur ?

Si la rentrée a été placée sous le signe des débardeurs et de la chaleur, le mois de septembre s’achève dans la grisaille et les frimas. Pas de doute : l’automne est là. Mais après un été de tous les records, on en viendrait presque à hésiter au moment de ressortir cols roulés et doudounes. Et s’il faisait encore doux, très doux ? « Il y a assez peu de corrélations entre les saisons en termes météorologiques », tempère Robert Vautard, climatologue et auteur du Giec, interrogé par 20 Minutes. Ce n’est donc pas parce que l’été a été chaud que l’automne le sera aussi, même si « sur la moyenne du mois de septembre, on est au-dessus des normales », souligne Christine Berne, climatologue chez Météo-France et autrice du Drias, un rapport prévisionnel sur le climat en France au XXIe siècle.

Selon les prévisions à trois mois de Météo-France, il y a 50 % de chances que les températures de l’automne soient supérieures à la moyenne de saison. Il n’y a d’ailleurs pas que le thermomètre dans l’air qui relie les deux saisons. La mer aussi reste chaude. « Entre la Corse et le golfe du Lion, il y a encore trois degrés d’écart par rapport à la normale », note Robert Vautard. Une chaleur qui tarde à se dissiper, et constitue un réservoir d’énergie important pour les fameux « épisodes méditerranéens » ou cévenols. Or, avec la sécheresse de l’été, « les terres arides ne sont plus capables de capter les précipitations importantes », explique à 20 Minutes Sabrina Speich, professeure de géoscience à l’ENS de Paris.

« Il y a moins de signaux du changement climatique » en automne

L’eau ruisselle alors en surface, avec le risque de créer une inondation et des dégâts matériels importants. « Les pluies vont progressivement permettre de retrouver l’eau dans les différentes couches du sol, mais il y a des régions où la situation hydrologique est encore critique. La sécheresse va persister », prévient encore Robert Vautard, pour qui « le monde végétal ne va pas se réparer en quelques mois ». Voilà pour les prévisions de cet automne, post-été surchauffé. Mais si l’on regarde à plus long terme, à quoi ressemblera l’automne du futur, version réchauffement climatique ?

« Toute l’année se réchauffe mais l’automne est la saison qui évolue le moins » et pendant laquelle « il y a moins de signaux du changement climatique », note Christine Berne. Selon les données qui ont servi à créer le rapport prévisionnel Drias, l’automne a pris +0,3 degré par décennie, de manière homogène sur le territoire. A l’inverse, les étés « se réchauffent plus vite dans l’Est », et ont augmenté de 1,5 degré entre la période 1961-1990 et 1991-2020. De quoi renforcer l’impression que les chutes de températures sont parfois brutales ?

Le Sud face à des évènements plus violents

« L’alternance entre air chaud du Sahara et air froid du Nord est plus accrue » selon Sabrina Speich, en raison de vortex qui accompagnent les vents d’ouest « plus profonds ». La chercheuse d’origine italienne, qui note que la différence de températures entre Milan et Paris s’est estompée en trente ans, admet que son observation fait encore débat. Mais « ce qui est le plus sûr, c’est que l’automne ne sera pas plus froid mais plus agité ». Christine Berne le confirme à 20 Minutes, rapport du Giec à l’appui : il y aura « une augmentation des précipitations dans les régions méditerranéennes », liée « à des évènements plus intenses et non à des pluies régulières ».

Toujours en Méditerranée, Robert Vautard indique que « les petits cyclones appelés Médicanes devraient diminuer en fréquence mais verront leur intensité augmenter » aussi. Si ces phénomènes touchent surtout le sud de l’Italie ou la Grèce, « il n’est pas interdit de les voir en France ». Le 18 août, une tempête meurtrière a d’ailleurs dévasté une partie de la Corse, poussant Gérald Darmanin à vouloir investiguer sur une faute de Météo-France. « Depuis Chirac, on n’a pas arrêté de démanteler le service public. La direction précédente de Météo-France a fermé plusieurs centres régionaux alors qu’il faudrait faire tout le contraire », dénonce Sabrina Speich, qui appelle aussi à investir dans la recherche pour l’adaptation.

Sur les côtes atlantiques en revanche, même si les cyclones tropicaux migrent vers le nord plus facilement, à l’image de la tempête Fiona au Canada, « en général ils se transforment en dépression plus classique » avant d’atteindre l’Europe, rassure Robert Vautard, même si « des restes de cyclones peuvent occasionner des dégâts ».

L’expert du Giec prévoit aussi « des fins d’automnes plus pluvieuses », en accord avec Christine Berne qui évoque « une sécheresse plus marquée en septembre et octobre, moins en novembre ». Plus sec, un peu plus doux et surtout plus agité, surtout dans le Sud, l’automne du futur conservera cependant une caractéristique : « les feuilles tomberont toujours », sourit Robert Vautard.