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Charente: des truffes à prix d’or pour les fêtes

Et c’est tant mieux car la récolte de cette année s’annonce vraiment morose. Dimanche, sur le premier marché de la saison à Jarnac, il y avait seulement 6 kilos en vente (dont 3,5 pour les particuliers) contre 14 kilos l’an passé. « On est à 40 % de ce que l’on a d’habitude. On a quinze jours de retard, en termes de maturité, confirme Régis Meslier, tout juste ex-président de l’Aitna, l’interprofession de la truffe, qui organise le marché de Jarnac. Ca peut encore s’améliorer. Pour l’instant, le pire n’est pas certain. Il faut attendre quinze jours. »

Forcément, le prix s’est envolé : 850€ le kilo pour la première catégorie, 650€ l’an passé. Pour autant, « des truffes de 200g sont parties à ce prix-là, ce qui fait 160€ la truffe », signale Jean-Marie Morelet, responsable du marché de Jarnac, qui loue des truffes « bien noires et bien parfumées ». Au marché de Saint-d’Angély, même constat : deux fois moins de marchandise pour la première édition du 28 novembre par rapport à l’an passé. En cause : le climat. Il a fait trop sec cet été. Ir la truffe a besoin d’un peu d’eau. Ceux qui ont pu arroser, à condition de ne pas avoir été frappés par les restrictions d’arrosage, sont un peu moins touchés.

Un bon complément de revenus

Jean-Marie Morelet n’a pas de point d’eau suffisamment proche de ses truffières. Il s’attend à « une toute petite année ». Plus que l’absence de pluie, c’est la canicule qui fait peur à Régis Meslier. « On a mesuré qu’il faisait 32 à 34°C à 10 cm dans le sol cet été. Des truffes ont brûlé. Il ne faut pas plus de 27 °C. » Résultat, les 10 à 15 % de rebut mesurés dimanche dernier étaient principalement des truffes « boisées », fibreuses et sans saveur parce qu’elles ont eu trop chaud.

Pour autant, les 3,5 kilos disponibles pour les particuliers au premier marché de Jarnac ont trouvé preneur facilement. Les 2,5 kilos restants sont vendus aux professionnels (courtiers ou restaurateurs) par l’Aitna elle-même. Depuis 2020, le marché a fait le choix de réserver son créneau du dimanche matin aux particuliers. « C’est beaucoup plus convivial. On a le temps d’échanger. Avant, c’était la foire d’empoigne. L’année où il n’y a pas eu de truffe dans la Drôme, les courtiers s’arrachaient les nôtres. À l’ouverture des portes, ils couraient et balançaient leur carte de visite directement dans les paniers (pour dire qu’ils achetaient) sans voir les produits ni négocier les prix », se souvient Anne-Pascale Montigaud qui s’est lancée presque par hasard, après que sa belle-sœur lui avait donné quatre plants. C’était surtout pour le marché de Jarnac le seul virage possible pour faire face à la naissance en 2018 du marché de Saint-Jean-d’Angély (particuliers et professionnels). Une sacrée concurrence qui a fait peser des doutes sur la viabilité de l’organisation charentaise.

Plus aléatoire que le cognac

Pourtant, le nombre de trufficulteurs ne cesse de croître dans le département. Ils seraient 400 à 500 selon Régis Meslier, dont une petite part seulement de professionnels. Les autres commercialisent leur production eux-mêmes. « C’est un bon complément de revenus pour la retraite », pointe Jean-Marie Morelet. Lui s’y est mis il y a une dizaine d’années pour remplacer ses cultures céréalières dont les cours chutaient. 15 ha de vignes, 4 ha de truffes, à Echallat. « Même si certaines années sont plus mauvaises, ça reste rentable et surtout plus écologique, vous ne mettez aucun produit. » Ça reste tout de même très aléatoire côté productivité. « Je ne dirais pas à un jeune ‘Installe toi’!» Les terrains plantés en truffes sont d’ailleurs en net recul, note Régis Meslier. Compte tenu des droits de plantation accordés à la vigne, il demeure encore largement plus rentable de faire du cognac ! Même quand la truffe frôle les 1000€ le kilo.

Gare à la truffe de Chine !

C’est une concurrente de l’ombre. Sur les marchés, on scrute la truffe de Chine, présentée comme bien de chez nous alors qu’elle a été achetée à bas coût. La détecter n’est pas facile. « Elle ressemble beaucoup à la truffe du Périgord. Même un œil expert peut s’y tromper. Mais elle rebondit comme une balle de ping-pong », décrit Anne-Pascale Montigaud. Pour ne rien arranger, « il suffit que vous la mettiez dans une boîte avec des truffes du Périgord pour qu’elle en prenne l’odeur. Par contre, vous roulez 20 minutes, elle ne sent plus rien », complète Jean-Marie Morelet.