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ChatGPT : cette course à la construction d'un moteur de recherche alimenté par l'IA qui vient d’être officiellement lancée

Pour utiliser convenablement ChatGPT, c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Il va aussi falloir éduquer le public à ces types d’outils.

© LIONEL BONAVENTURE AFP

Disruption

Après le succès retentissant de ChatGPT, Microsoft a annoncé l’arrivée d'une version "plus puissante" de l’IA générative sur son moteur de recherche Bing. Google est aussi sur les rangs.

Fabrice Epelboin est enseignant à Sciences Po et cofondateur de Yogosha, une startup à la croisée de la sécurité informatique et de l'économie collaborative.

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Atlantico : Après le succès retentissant de ChatGPT, Microsoft a annoncé l’arrivée d'une version "plus puissante" de l’IA générative sur son moteur de recherche Bing. Google est aussi sur les rangs. Est-ce qu’ils viennent de se lancer dans le projet ?

Fabrice Epelboin : Non, ils ont ça dans les cartons depuis longtemps. Tant Google que Microsoft y travaillaient en laboratoire depuis longtemps. OpenAI a été le premier à sortir une IA accessible pour le grand public. Jusqu’à présent, les IA de ce type étaient cantonnées aux laboratoires de recherche et désormais elles deviennent des réalité. Et surtout, le grand public a touché du doigt ces technologies qui jusqu’à présent restaient des idées abstraites. Il y a eu un effet de choc important. La raison pour laquelle OpenAI a sorti sa version, c’est pour éviter un effet Boston Dynamics. Google a fait l’erreur d’acheter l’entreprise de robotique et de sortir des démonstrations de robots qui ont fait peur à tout le monde, tout le monde y a vu Robocop. Google a même été contraint de revendre Boston Dynamics dans l’urgence. Et les grandes entreprises ont les mêmes craintes pour ChatGPT. Et ce d’autant plus que ce n’est pas un produit fini mais juste une démo, sans modèle économique. En raison de ses utilisations et de ses capacités, cela peut avoir des conséquences importantes qui pourraient, à juste titre, inquiéter les populations. Par exemple, la presse peut trembler. Donc OpenAI a fait un pari audacieux en l’amenant au grand public. La réaction, pour l’instant, n’est pas très apeurée. Et évidemment, parmi les premiers outils remis en question, il y a les moteurs de recherche traditionnels et Google en première ligne. Google est utilisé, en partie, pour avoir des réponses et pas seulement pour trouver un texte. Et ça l’IA peut le faire, sans doute plus vite et mieux. Google le fait déjà un peu. Il a intégré un peu d’intelligence artificielle il y a un moment déjà. Les moteurs de recherche sont amenés à devenir des moteurs de réponse.

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Et au fait, à qui et quoi serviront les données recueillies par ChatGPT et autres outils d’intelligence artificielle lorsque nous les utilisons ?

Que penser de l’annonce de Microsoft ? Était-ce prévisible ? Cela leur donne-t-il une longueur d’avance ?

Pour Microsoft qui veut coupler Bing à l’IA, comme pour les autres, il va y avoir un travail d’interface important. Pour utiliser convenablement ChatGPT, c’est bien plus compliqué qu’il n’y paraît. Il va aussi falloir éduquer le public à ces types d’outils. Bing a toujours été un échec pour de nombreuses raisons qui font qu’il n’est pas aussi bon que Google et que le marché ne laisse pas de place à un numéro 2. Bing augmenté de l’intelligence artificielle, si tant est que les équipes arrivent à lui donner une interface utilisateur et une expérience utilisateur satisfaisantes, pourrait complètement renverser la table et venir concurrencer Google sur le terrain des moteurs de réponse.

C’est sur ce terrain que la guerre va se mener : qui va réussir à mettre en place un vrai moteur de réponse, avec potentiellement des réponses très courtes aux questions et des sources sur lesquelles s’appuyer.

Pour cela ne faut-il pas relever le défi de la véracité des faits rapportés par ChatGPT ?

La presse ne dit pas toujours la vérité, pas forcément délibérément mais par manque de connaissances sur le sujet traité. Donc faut-il être choqué par les erreurs de ChatGPT ? Je ne suis pas sûr. D’autant que les erreurs sont souvent grossières et relativement faciles à identifier. Et quand ChatGPT donnera les sources de ses réponses, potentiellement dans la version à suivre, ce sera un saut quantique. Car pour le moment, ChatGPT donne des réponses mais on ne sait pas sur quoi il s’appuie. C’est autant sujet à caution qu’un article de presse sans source. Une fois que ChatGPT saura sourcer, ce sera colossal. On peut imaginer l’utiliser en entreprise en lui donnant accès à la base de données de documentation de l’entreprise. Ça aurait des conséquences incroyables en termes de gestion.

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