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Chauffage : Forte demande de bûches, vente de poêles en hausse… Le recours au bois est-il redevenu tendance ?

« Je n’en ai plus, désolé. » « Là, en délai de livraison, on est sur quatre à cinq mois… » Voilà le type de réponses que peut entendre actuellement un client à la recherche de bois de chauffage. Surtout dans le Bas-Rhin « car les Allemands ont très peur de ne pas avoir assez de gaz pour finir l’hiver », témoigne Christophe Glad.

« En vingt-trois ans de carrière », le président du groupement syndical des négociants en bois de chauffage d’Alsace n’a jamais vu une telle demande. « Ici encore plus qu’ailleurs mais la tendance est nationale. Les gens reviennent vers le bois actuellement », témoigne-t-il encore. Un sentiment appuyé par des chiffres.

En 2021, il s’est vendu en France près de 400.000 pièces destinées au chauffage via cette énergie. « Dont 200.000 dispositifs pour les granulés, qui représentent depuis la majorité du marché », précise Axel Richard. Le chargé de la filière au sein du Syndicat des énergies renouvelables (Ser) le confirme : « Il y a une tendance conjoncturelle de retour au bois ».

« L’énergie la moins chère pour se chauffer »

Pour plusieurs raisons. D’abord et surtout économiques. « C’est l’énergie la moins chère pour se chauffer. Pour un kW/H, ça revenait à environ 4 centimes TTC en mars 2022 si on utilisait des bûches livrées en vrac et 7 centimes pour des pellets. Contre 20 centimes pour l’électricité, 17 centimes le propane, 16 centimes le fuel ou encore 10 centimes le gaz naturel. Et depuis, les tarifs des énergies fossiles ont largement augmenté depuis. » Dans des proportions encore plus importantes que les granulés, c’est dire.

Les bûches n’ont pas non plus échappé à l’inflation. Le stère (1 m3) coupé, en 33 ou 50 cm, pouvait se trouver à 60 € en 2020. Aujourd’hui, il flirte plutôt avec les 80 €. « En moyenne, le stère a pris entre 10 et 15 euros », nuance Christophe Glad en justifiant tout cela par les habituelles raisons telles que la hausse des coûts de production. Lui est par exemple obligé de passer par des séchoirs industriels, « sinon je ne pourrais pas suivre avec du séchage naturel ».

Autre argument en faveur du bois, son accessibilité. « Il y a beaucoup de gens qui ont leur propre parcelle de forêt, en font pour eux et le revendent dans le circuit parallèle. Si on ajoute à cela tous les professionnels, il n’est vraiment pas difficile d’en trouver », abonde Axel Richard. Le marché, même tendu dans certaines régions actuellement, a ainsi très peu de chances de virer à la pénurie. Ce qui n’est pas le cas pour des certaines énergies fossiles concurrentes…

Enfin, le bois est également vu comme un mode chauffage complémentaire et confortable. On en revient là aux fameuses 400.000 pièces vendues en 2020, dont seulement 20.000 chaudières. Toutes ou presque aidées par les dispositifs d’aides étatiques, dit « Maprimerenov ».

« On a observé un engouement pour les poêles et les inserts dès la sortie du confinement », se souvient Marc Labattu, le président du fabricant français Turbo Fonte. « Les clients sortaient de période de confinement et cherchaient à améliorer leur habitat avec un appareil convivial. Avec le télétravail de plus en plus fréquent, ça s’est encore accéléré. Puis à partir de septembre 2021, nous avons eu un nouveau flux d’acheteurs, lié aux tensions sur les prix des énergies. Ils cherchaient à réduire leur facture et un mix énergétique »

Marc Labattu, président du fabricant de cheminées, poêles et inserts « Turbo Fonte ».
Marc Labattu, président du fabricant de cheminées, poêles et inserts « Turbo Fonte ». - Tubro Fonte

Son entreprise, localisée à Pessac (Gironde) devrait ainsi « augmenter de 50 % son chiffre d’affaires cette année ». « L’enjeu maintenant, pour nous, c’est de suivre cette forte demande », souffle le dirigeant, ravi de voir un marché dynamique alors qu’il était « sur un rythme de croisière il y a quelques années ». La tendance peut-elle durer ? « On ne sait pas encore, ça dépendra aussi des évolutions de prix des autres modes de chauffage », répond Axel Richard en rappelant que le bois est une énergie renouvelable.

Dans le cadre de la transition écologique justement, la France s’est fixé l’objectif d’avoir 9,5 millions de logements chauffés au bois avec des appareils performants en 2023. En 2022, ils étaient 7 millions selon les chiffres du label « Flamme Verte ».