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Chemin barré à Mouthiers : le châtelain condamné à dix mois de sursis pour violences

Chemin barré à Mouthiers : le châtelain condamné à dix mois de sursis pour violences
Depuis 2016, le châtelain s’évertue à boucher le droit de passage de sa voisine.

Photo Julie Desbois

publié le 4 octobre 2022 à 19h32, modifié à19h58.

Petrus Greuter le châtelain de Mouthiers comparaissait pour des dégradations commises à l’encontre de sa voisine et de violence à l’encontre d’une de ses amies. Il écope de 10 mois de sursis

Arc-bouté à la barre du tribunal, le châtelain de la Rochandrie Petrus Greuter le répète encore et encore avec son accent guttural aussi rude que son caractère : « elle m’a déclaré la guerre ! » Elle, c’est Anne-Marie Bouvet Gauthier, 76 ans, protagoniste bien malgré elle de ce Clochemerle made in Mouthiers qui n’en finit plus depuis 2016. La guerre ? Le président...

Arc-bouté à la barre du tribunal, le châtelain de la Rochandrie Petrus Greuter le répète encore et encore avec son accent guttural aussi rude que son caractère : « elle m’a déclaré la guerre ! » Elle, c’est Anne-Marie Bouvet Gauthier, 76 ans, protagoniste bien malgré elle de ce Clochemerle made in Mouthiers qui n’en finit plus depuis 2016. La guerre ? Le président du tribunal correctionnel Sébastien Filhouse n’est pas sûr de bien comprendre : « Est-ce qu’il compare son conflit de bornage au Donbass ? »

« Il a tous les droits »

Borné”, de l’aveu même de son avocat, l’ancien anesthésiste batave n’en démord pas, sa voisine septuagénaire ne dispose pas de droit de passage. C’est tout le noeud du conflit depuis 2016 et c’est pour cela qu’il s’évertue à lui pourrir l’existence. “C’est le châtelain, il a tous les droits”, résume la procureure Elisabeth Decencière-Ferrandière quand son avocat évoque “une conception de la propriété issue de l’Ancien régime.” Et tant pis pour les quatre décisions de justice qui ont donné raison à Anne-Marie Bouvet-Gauthier. Tant pis pour les douze constats d’huissiers qu’elle a fait dresser pour prouver qu’elle était dans son bon droit.

L’an passé, l’ancienne institutrice a fait appel à une société pour installer une clôture. Mais pour Petrus Greuter, c’est sûr, le géomètre s’est trompé dans son bornage. De onze mètres. Alors lorsque les ouvriers entament leurs travaux et installent les piquets, le châtelain s’en va les menacer. Et promet de tout détruire. L’un d’eux a même enregistré ses éructations. Lorsque les gendarmes lui ont fait écouter l’enregistrement, Petrus Greuter en a demandé une copie « pour le faire expertiser à Amsterdam. »

Ce n’est pas tout. Alors que les ouvriers s’affairaient à construire cette fameuse clôture, une dispute éclate entre le châtelain et Anne-Marie Bouvet-Gauthier. L’une de ses amies tente de s’interposer et Petrus Greuter la bouscule d’un coup dans la poitrine. Bilan : six jours d’ITT. Deux jours plus tard, une fois les piquets installés, Anne-Marie Bouvet-Gauthier les découvre arrachés… À proximité, se trouve le tractopelle de Petrus Greuter. À la barre, le Néerlandais nie en bloc. Non ce n’est pas lui. Et il montre sa voisine du doigt. « La clôture n’a pas lieu d’être », s’agace-t-il. L’occasion pour le président de recadrer le débat. « Moi et mes collègues, on n’en a rien à faire du bornage. Notre problème, c’est de savoir qui a cassé cette foutue clôture ! » Et tout porte à croire que c’est lui.

Il est animé d’une haine, il n’y a pas d’autres mots”, déplore l’avocate de la septuagénaire, Audrey Berneron. Et cela se traduit par un goût prononcé pour les procédures. A l’encontre du médecin qui délivre un certificat médical à sa voisine. A l’encontre du géomètre, pour contester son bornage. Et auprès du tribunal administratif de Poitiers afin d’empêcher sa voisine de se créer une allée pour -enfin - rentrer chez elle en paix. Les gendarmes blanzacais ont aussi pu s’en rendre compte lorsqu’il a refusé de donner ses empreintes, prétextant l’avoir déjà fait en Espagne et aux Pays Bas - mais aussi de se laisser prendre en photo, ou de signer son PV.

Toujours est-il que Petrus Greuter devra désormais se tenir à carreau puisqu’un sursis probatoire de 10 mois planera au-dessus de sa tête durant trois ans. Il devra également payer 3 300€ d’amende et verser 11 300€ pour le préjudice matériel à sa voisine. S’ajoute une interdiction de porter une arme durant trois ans. Qui va de pair avec cette réflexion d’une amie d’Anne-Marie Bouvet Gauthier : « On peut se demander où tout cela va s’arrêter… J’ai reçu de nombreux appels le soir où elle avait très peur… »