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Chevaux, vulve... d'incroyables gravures d'il y a 22 000 ans découvertes à Bellegarde, près de Nîmes

Des fouilles réalisées par les archéologues de l'Inrap en 2016 et dont les résultats n'ont été communiqués que cette semaine ont permis de découvrir des pièces d'une exceptionnelle richesse remontant à 20 000 ans avant Jesus Christ.

Sur une plaquette de calcaire gréseux grande comme une main, on distingue un profil de cheval. Sur une autre, ce sont trois profils de chevaux aux nombreux détails anatomiques dont les oreilles en antennes sont similaires à celles des peintures de la grotte de Lascaux. Sur une troisième, la gravure est interprétée comme une vulve, figurée de manière exagérée, encadrée par le haut des jambes. Elle n'a qu'un seul équivalent connu, sur une paroi de la grotte de Cazelle en Dordogne. 

Une plaquette de calcaire gréseux où l'on distingue un profil de cheval.
Une plaquette de calcaire gréseux où l'on distingue un profil de cheval. CREDIT - DENIS GLIKSMAN, INRAP

Bienvenue dans le monde magdalénien. Il s'agit de la dernière culture archéologique du Paléolithique, soit 20 000 ans avant Jésus Christ. Le magdalénien était connu sur une zone allant du nord de l'Espagne jusqu'à la Pologne en passant par le sud-ouest de la France, un peu moins dans notre région qui en était l'extrême limite. 

Un site occupé de manière discontinue du paléolithique jusqu'au Moyen Âge

Ces trois pièces sont les plus exceptionnelles parmi les milliers découvertes par les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives sur un espace de 6 ha en bordure de l'A54 à Bellegarde. Ces fouilles ont été réalisées en 2016 mais l'Inrap n'a officiellement communiqué que cette semaine, après des années d'analyses. 

C'est l'extension d'un site d'enfouissement de déchets dans la commune gardoise pour Suez environnement qui avait déclenché une fouille archéologique préventive. Marilyne Bovagne en était la responsable. Elle explique : "Les fouilles ont duré neuf mois. D'une exceptionnelle richesse, elles nous ont permis d'apprendre que le site avait été occupé de manière discontinue du paléolithique jusqu'au Moyen Âge. 

Dix-sept datations par le carbone 14

"Au total, poursuit Vincent Mourre, qui était l'adjoint à la responsable de l'opération, ce sont 24 000 litres de sédiments qui ont été tamisés." Ils ont permis de collecter également une part importante d'outils et d'armes en silex,  de pointes de lance en matière dure d'animal, d'une dalle de 50 cm retrouvée en fragments suggérant un espace domestique. "La séquence a bénéficié de dix-sept datations par le carbone 14 parfaitement cohérentes. Ces ensembles homogènes, représentatifs et bien datés font que le site de Bellegarde est amené à devenir une référence à l'échelle régionale et nationale", poursuit Vincent Moure.

Peut-être un jour dans un musée

La fouille et le tri méticuleux donnent également, selon l'Inrap, des informations sur l'environnement du site. Les ossements de rennes renvoient à un climat froid. Les températures plus basses qu'à l'heure actuelle sont confirmées par la présence de charbons de bois de pin et de bouleau. Par ailleurs,  la population, selon les archéologues et ceux qui ont pris part aux diverses analyses, était composée alors de chasseurs, de cueilleurs et de collecteurs.  

Le travail d'analyses va se poursuivre encore plusieurs années. Les pièces sont actuellement stockées dans différents locaux de l'Inrap. Seront-elles un jour exposées dans un musée. C'est le souhait des archéologues qui espérèrent au moins dans un premier temps une exposition temporaire.