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Chine : « Cette révolte des étudiants défie directement l’empereur Xi Jinping »

« Les images de tous ces jeunes étudiants à Shanghaï ou Pékin appelant à la chute de Xi Jinping et demandant la démocratie m’ont brutalement ramené trente-trois ans en arrière », confiait jeudi 1er décembre Wang Dan, 53 ans, l’ancien leader des manifestations étudiantes de la place Tian An Men en 1989 qui se sont terminées dans un bain de sang à Pékin.

De passage à Tokyo pour inaugurer prochainement une branche de son centre de recherche « Dialogue China », Wang Dan a reconnu avoir « pleuré » en voyant cette fièvre contestataire dans tout le pays, tout en reconnaissant que les situations en 1989 et 2022 n’étaient pas « tout à fait comparables ».

Les étudiants, « encore une fois en première ligne »

« À l’époque le Parti communiste était très divisé sur la façon de gérer notre contestation, explique celui qui a passé plusieurs années en prison après 1989 avant d’être expulsé vers les États-Unis en 1998. Il a fallu plus de six semaines pour que les leaders envoient l’armée et les chars pour écraser la révolte. » Aujourd’hui, le régime chinois, déjà très répressif par nature depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping il y a bientôt dix ans, a immédiatement lancé la répression contre les manifestants. « Sans attendre, il y a eu des arrestations, ajoute Wang Dan, et je crains que la répression se poursuive dans la plus grande discrétion. »

À ses yeux, « ces étudiants, encore une fois en première ligne, ont directement lancé un défi au leader Xi Jinping en appelant à sa démission. C’est un coup dur pour cet empereur qui venait d’obtenir un troisième mandat au 20e congrès du Parti communiste le mois dernier. Ça commence très mal pour lui, et je suis certain qu’il se vengera d’avoir perdu la face ». Wang Dan s’avoue ainsi très « pessimiste pour le futur de certains manifestants ». Mais, selon lui, c’est bien Xi Jinping lui-même qui a provoqué cette révolte « inattendue » en imposant une politique « zéro Covid » aussi oppressante sur une population qui « souffre depuis des mois ».

« La Chine est entrée dans une nouvelle ère »

Wang Dan reste prudent sur ce qui peut se passer dans les prochaines semaines ou les prochains mois. Il ne connaît que trop bien le système opaque d’un régime qui, aujourd’hui, est dirigé par un seul homme. « Il y a trente ans, plusieurs tendances s’exprimaient au sommet du pouvoir alors qu’aujourd’hui Xi Jinping a éliminé tous ses ennemis », déplore-t-il. L’ancien leader étudiant pense toutefois que des « forces politiques plus libérales » existent toujours au sein du système, sans pouvoir dire si elles pourront s’exprimer publiquement à court terme.

« La Chine est entrée dans une nouvelle ère avec ces manifestations dans de nombreuses villes du pays, poursuit-il. Elles laisseront des traces en dépit de la répression qui va s’accentuer et je garde espoir. » Comment la situation peut-elle évoluer ? « Vous ne pouvez rien prédire en Chine, assure-t-il. Tout peut arriver, même la chute de l’empereur Xi Jinping… »