France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Chine - Taiwan : 10 dates clés de décennies de tensions

La visite historique en Chine de l’ex-président de Taïwan (2008-2016) Ma Ying-jeou, entamée lundi 27 mars, intervient alors que les relations entre l’île et son puissant voisin connaissant une tension grandissante depuis des années. La veille, Pékin avait annoncé avoir établi des relations diplomatiques avec le Honduras qui rompt ainsi ses liens avec Taïpei. Un revers pour Taïwan qui perd encore un allié et n’est plus reconnu que par 13 Etats dans le monde.

► 1912, création du Kuomintang, fondateur de Taïwan

En 1912, dans la foulée de la révolution qui abat le pouvoir impérial et instaure la révolution, Sun Yat-sen crée le Kuomintang, le plus vieux parti chinois. Le parti, qui se définit alors comme démocratique et socialiste modéré, fondera l’État taïwanais en 1949.

À l’origine, le Kuomintang est allié aux communistes afin de lutter contre les seigneurs de guerre. Cette bonne entente ne dure toutefois pas.

► 1927, début de la guerre civile

En 1927, les nationalistes menés par Tchang Kaï-chek sont parvenus à réunifier la Chine après avoir vaincu les différents seigneurs de guerre du pays. La guerre civile qui les opposera aux communistes débute la même année.

Le premier affrontement important intervient avec le soulèvement de Nanchang, mené par les révolutionnaires. Le conflit est interrompu en 1937 par l’invasion japonaise de la Chine, les deux ennemis décidant de s’unir pour repousser l’envahisseur.

► 1949, arrivée des nationalistes à Taïwan

Une fois la défaite nippone actée, la guerre civile chinoise reprend. Malgré le soutien appuyé des États-Unis, les nationalistes sont défaits. Ils sont contraints de battre en retraite, avec deux millions de réfugiés, vers l’île de Taïwan qui demeure actuellement le dernier reliquat de la République de Chine.

La République populaire de Chine est proclamée par Mao Zedong le 1er octobre 1949. Cette victoire a pris le monde par surprise. Elle poussera les États-Unis à intervenir en Corée puis au Vietnam afin d’éviter que cet événement ne se reproduise ailleurs en Asie orientale.

► 1950, conquête de Hainan

Si aujourd’hui Taïwan est tout ce qui reste de la Chine nationaliste, les perdants de la guerre civile ont réussi à s’accrocher à une autre île importante après leur départ du continent : Hainan. Cent mille d’entre eux y trouvent refuge après la victoire de l’Armée rouge.

Située non loin du Vietnam, au sud du pays, elle demeure pendant six mois aux mains du Kuomintang, avant d’être reprise en mars 1950 par l’Armée populaire chinoise. Cette conquête constitue la phase finale de la guerre civile.

► 1954, première crise du détroit de Taïwan

En 1954, un conflit armé éclate entre la Chine et Taïwan, territoire soutenu par les États-Unis. Pékin se saisit des îles Yijiangshan et des îles Tachen, qui sont situées à quelques encablures du continent. Un cessez-le-feu est mis en place en 1955, et la défaite taïwanaise aboutit au traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et Taïwan, expiré en 1979.

► 1958, seconde crise du détroit de Taïwan

Un nouveau conflit éclate au cours de l’été 1958. Les communistes bombardent les îles de Kinmen et Matsu et tentent un débarquement amphibie sur l’île Dongding. Taïwan est à nouveau soutenu par les États-Unis. D’après le Journal for Peace and Nuclear Disarmament, le président américain Dwight Eisenhower aurait même envisagé une frappe nucléaire sur la République populaire de Chine afin de protéger Taïwan.

► En 1971, la Chine remplace Taïwan à l’ONU

Pendant trente ans, le gouvernement de Taïwan a continué à être considéré par les nations occidentales comme le pouvoir chinois légitime. La petite île occupait donc un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU, au côté de la France, du Royaume-Uni, de l’URSS et des États-Unis.

L’ONU reconnaît finalement le pouvoir communiste comme seul gouvernement en 1971, après le refus de Tchang Kaï-chek d’une représentation bicéphale aux Nations unies. Huit ans plus tard, en 1979, Washington établit des relations diplomatiques avec Pékin.

► 1987, vers la détente ?

Fin 1987, le fils de Tchang Kaï-chek autorise les résidents taïwanais à se rendre sur le continent. Des familles séparées depuis 1949 peuvent se réunir pour la première fois, et les échanges commerciaux entre Taïwan et la Chine explosent.

La détente se poursuit en 1991, quand Taïpei met fin à l’état de guerre avec la Chine. En 1993, les premières discussions entre les deux anciens belligérants se tiennent à Singapour. Malgré des hauts et des bas, cette entente cordiale se poursuit jusque dans les années 2010.

► 1992, un consensus contesté

En 1992, des négociateurs du Parti communiste et du Kuomintang se rencontrent afin de décider d’un cadre pour réguler les relations entre la Chine et Taïwan.

Les deux partis s’entendent pour affirmer qu’il n’existe qu’une seule Chine. La question de savoir quelle Chine est légitime pour gouverner l’île et le continent reste cependant entière, et ce « consensus » a fait l’objet de nombreuses critiques.

► 2016, la fin de la lune de miel

La montée en puissance du Parti démocrate progressiste, partisan de l’indépendance, à Taïwan, entraîne une dégradation des relations avec le continent. Son candidat Chen Shui-bian est élu président de la République en 2000 et réélu en 2004. Le parti revient aux affaires avec la victoire de Tsai Ing-Wen en 2016 – elle a été réélue en 2020.

En 2016, estimant que le nouveau gouvernement refuse d’adhérer au principe de la « Chine unique », Pékin suspend toute communication avec l’île. Les États-Unis se montrent également plus offensifs, le président Donald Trump appelle au téléphone Tsai Ing-Wen, un contact direct qui est une première depuis des décennies. Son administration accepte ensuite de vendre pour 1,4 milliard d’euros d’armement à Taïwan.