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Chloé Trespeuch : « Cette deuxième médaille olympique m'a vraiment rendu plus légitime »

« Après votre stage au Chili, vous avez continué votre préparation dans un spot inhabituel, au Zimbabwe...
On a fait un très bon stage au Chili et oui je suis partie au Zimbabwe (en septembre), avec ma petite soeur. Elle m'a accompagné dans mes rêves olympiques, j'avais à coeur de l'accompagner dans son rêve : travailler pour la conservation des espèces menacées en Afrique. On a fait beaucoup d'observations d'espèces avec des locaux qui nous ont partagés leur culture. C'était aussi en lien avec l'association qu'on a monté, Ecoglobe (pour sensibiliser à la protection de l'environnement). Et je me suis dit que pour finir la prépa, ça allait me faire du bien, surtout à l'automne, car c'est assez long, on a déjà fait trois mois de prépa physique. Partir en Afrique, le fait de vivre dans la brousse pendant 10 jours, déconnectée, avec des séances de physique dans un autre cadre, j'ai vécu une super expérience. J'aime stimuler la motivation. Ça fait 12 ans que je suis en Coupe du monde, c'est essentiel pour rendre l'entraînement efficace. Je suis revenue pleine d'énergie pour repartir dans la bataille de l'entraînement.

« Je repars comme quand j'avais 16 ans, avec plein de doutes mais plein d'envie. C'est comme ça que je me sens le mieux. »

Vous vous sentez prête pour ce début de saison ?
Globalement, mon automne n'a pas été excellent en termes de performance. C'est vrai que je suis hyper stimulée par la compétition et beaucoup moins par l'entraînement. J'ai du mal à y être à 100 %, ce sont des choses à travailler (sourire). Mais j'ai la patate pour recommencer la compétition. En plus en France, les Deux-Alpes, c'est une station hyper impliquée pour le snowboardcross. C'est notre terrain d'entraînement l'été, une super vitrine pour notre sport.

Presque 10 mois après votre 2e place aux JO de Pékin, est-ce plus de pression de démarrer cette saison avec une médaille olympique ?
(Du tac au tac). Non, pas du tout. Car je l'ai oublié. (Elle reprend). Enfin bien sûr que je ne l'ai pas oublié à 100 %, mais d'un point de vue performance, j'y pense jamais. Car j'ai envie de repartir à zéro à chaque fois. Je prends à la journée, comment je me sens. C'est ce que j'aime dans le sport de haut niveau : chaque compétition, on doit re-prouver qu'on est les meilleurs. Je repars comme quand j'avais 16 ans, avec plein de doutes mais plein d'envie. C'est comme ça que je me sens le mieux.

« (La médaille) de 2022 m'a apporté une espèce de soulagement car celle de 2014, j'étais jeune, il y a eu des chutes dans ma course. Et j'avais un peu ce fardeau de me dire : ''Est-ce que je suis légitime ?'' ''Est-ce que je l'ai mérité ?''. J'avais peur au fond de moi que ce soit un hasard. »

Les mois post-JO, vous avez mieux géré qu'en 2014 et votre bronze, quand vous aviez 20 ans ?
Oui, beaucoup mieux. Je connaissais le tourbillon médiatique qui allait m'attendre, le changement émotionnel d'une médaille. L'autre chose, c'est que celle de 2022 m'a apporté une espèce de soulagement car celle de 2014, j'étais jeune, il y a eu des chutes dans ma course. Et j'avais un peu ce fardeau de me dire : ''Est-ce que je suis légitime ?'' ''Est-ce que je l'ai mérité ?''. Vu que c'est quelque chose hyper important pour moi, le mérite... J'avais peur au fond de moi que ce soit un hasard. J'ai confirmé sur les Coupes du monde (27 podiums, 3 victoires), mais cette deuxième médaille olympique m'a vraiment rendu plus légitime à être médaillée olympique. Ça m'a soulagé pour ça. Et je l'ai beaucoup plus appréciée car celle-ci, je suis allée la chercher jusqu'au bout. Tous les runs, c'est que grâce à moi. Cette médaille de 2022 m'a vraiment fait apprécier celle de 2014. J'en ai profité pleinement. Et j'ai pris le repos qu'il fallait pour repartir avec la patate. On apprend avec l'expérience (sourire).

Cette année vous courrez après le globe de cristal (3e en 2022 et 2020, 2e en 2018). C'est ce qui manque à votre palmarès ?
Clairement. J'adore les challenges et je sais que celui-là est de taille. Avec aussi les victoires, car j'en ai très peu (trois). Ça va être vraiment l'objectif cette année, ce qui me stimule. J'ai travaillé dur pour espérer aller le jouer cet hiver.

Chloé Trespeuch aux Deux-Alpes, lors des entraînements. (Pyreneduffau /Deux Alpes/FIS)

Chloé Trespeuch aux Deux-Alpes, lors des entraînements. (Pyreneduffau /Deux Alpes/FIS)

Vous cumulez trois victoires (et 27 podiums), la dernière date en février 2020. Quel est le petit truc en plus dont vous avez besoin pour gagner plus ?
Je me dis que ça peut être qu'un blocage mental car j'ai été capable de toutes les battre à un moment. Mais je sais pas... C'est comme si je ne m'autorisais pas à aller la chercher jusqu'au bout... il y a toujours un petit problème. Mais il me manque pas grand-chose, cette petite puissance mentale qui peut faire la différence. Cet été, j'ai travaillé physiquement, techniquement, j'ai rajouté pas mal de trucs pour les réflexes, être aussi un peu plus tonique dans les starts (départs). Je pense que ma préparation physique, technique et tactique est bonne. Plus qu'à mettre l'envie forte.

Il y aura les Mondiaux aussi en février 2023. Vous avez un objectif plus fort que l'autre ?
Là, toute mon envie est sur les 2-Alpes. Mais oui, bien sûr, j'ai envie de réussir les deux (globe de cristal et Mondiaux). En plus les Mondiaux en Géorgie, c'était une belle étape de Coupe du monde la dernière fois (3e en mars 2021). Mais c'est encore loin dans la saison. Là, j'ai envie de prendre du plaisir, retrouver un snowboard libéré comme l'année dernière car je me suis régalée. J'étais rapide mais j'étais aussi dans ce relâchement et cette pression positive que j'avais un peu perdue ces dernières années donc j'ai envie de revivre ça. Je suis super épanouie dans la compétition. »

Qualifications vendredi, finale samedi

Le circuit de Coupe du monde de snowboardcross s'arrête pour la première fois en France depuis 2017. L'équipe de France lancera sa saison aux Deux-Alpes, avec les qualifications vendredi et les phases finales samedi, qui seront diffusées en différé sur la chaîne L'Équipe à partir de 12h30.

publié le 1 décembre 2022 à 19h22