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Climat: « Nous allons faire appel à la finance verte », Anne Hidalgo

LA TRIBUNE : En cette journée internationale du climat, comment travaillez-vous à associer les entreprises, les citoyens et les collectivités environnantes dans la lutte contre le dérèglement climatique ?

ANNE HIDALGO: Personne ne pourra remporter tout seul la bataille du climat. Il faut une mobilisation de toutes les générations, une mobilisation de tous les acteurs et de tous les secteurs. C'est ce que je défends à Paris. Plus concrètement, au Conseil de Paris de juillet dernier, nous avons adopté un nouveau pacte « Paris Action Climat Biodiversité » pour associer plus étroitement les entreprises et les institutions parisiennes ou métropolitaines dans la transition écologique. Les signataires s'engagent à travailler avec tous les autres acteurs, privés et publics, et à partager leurs bonnes pratiques afin d'améliorer leur bilan carbone. Appeler à la mobilisation générale, c'est aussi la mission de l'Académie du climat qui, en plein cœur de Paris et chaque jour, ouvre ses portes au grand public et surtout aux plus jeunes pour participer à des ateliers et des conférences autour du climat et de la biodiversité et se former aux enjeux de notre temps.

A propos du pacte Paris Climat biodiversité, comment allez-vous vous assurer que les entreprises signataires s'engagent à une ou plusieurs actions concrètes dans les deux années à venir ?

Toutes les structures qui ont signé ce pacte ont pris des engagements stricts pour progresser sur cinq tableaux : agir localement, partager ses bonnes pratiques, agir pour le climat, rendre compte de son action et agir pour la biodiversité. Mais pour que ses engagements soient réellement concrétisés, il faut qu'un suivi soit assuré et que des points d'étapes aient lieu. C'est pourquoi chaque signataire pourra accéder à une plateforme unique pour suivre les différents projets parisiens de transition écologique et étudier les résultats. C'est en partageant nos expériences, en agissant ensemble, en mettant en commun nos outils et nos bonnes volontés que nous prendrons le bon chemin et serons efficaces.

Dans moins de deux ans, se tiendront justement les Jeux olympiques et paralympiques à Paris, en Seine-Saint-Denis et dans le reste du pays. Comment en faire un événement respectueux du climat ?

Mon ambition pour les JOP2024 n'a pas bougé. Ces Jeux seront un exemple pour le monde entier en matière d'engagement écologique et climatique. Ils vont être un formidable coup d'accélérateur pour nos politiques parisiennes pour le climat. Pour tenir cette promesse, la majorité des épreuves auront lieu dans des sites déjà existants et les quelques constructions qui résulteront des Jeux continueront à vivre bien au-delà de 2024 en offrant à nos citoyens des pistes cyclables, des parcs, de nouvelles lignes de transports en commun, des logements. À Paris le seul bâtiment que nous construisons de A à Z est l'Arena, porte de la Chapelle, un projet qui s'ancre dans le réaménagement global du quartier. Avec ces Jeux, nous voulons réduire de 55% les émissions carbone par rapport aux éditions précédentes. D'abord, grâce à un dispositif de compensation carbone pour les émissions incompressibles. Ensuite, en limitant au maximum les déplacements des athlètes mais aussi des journalistes entre les villages et les sites de compétition. 15% des déplacements se feront à vélo. Ces Jeux vont aussi accélérer la transformation du périphérique dont nous avons tant besoin. Nous mettrons en place une voie réservée sur le boulevard périphérique (qui sera à terme pérennisée) pour les transports collectifs, le covoiturage et les taxis. Nous voulons aussi nous réapproprier de l'espace pour y planter des arbres et rendre ainsi plus agréable la vie aux riverains du périphérique, avec moins de bruit, moins de pollution. Pour la première fois aussi, le plastique à usage unique sera totalement banni. Et puis comment ne pas parler de la Seine ? Ce sera la star des Jeux. Les JOP de Paris 2024 vont nous permettre de dépolluer le fleuve et le rendre aux Parisiennes et aux Parisiens qui pourront, à nouveau, s'y baigner et y faire du sport.

Lors du Paris Zéro Carbone aujourd'hui, La Tribune dévoilera les résultats d'une étude de l'IFOP sur la mobilité en ville et l'acceptation des changements induits par le dérèglement climatique. A l'heure des zones à faibles émissions et de la suppression des places de stationnement, où en est la ville dans le déploiement de bornes de recharges électriques et de la création de parkings relais ?

En matière de transports et de moyens de se déplacer, les pratiques évoluent à grande vitesse comme le montre l'explosion du vélo. Plus nous proposerons des alternatives à la voiture thermique, plus nous pourrons améliorer l'air que nous respirons. Comme je m'y étais engagée nous avons déployé 10 centres de recharge rapide en parking souterrain et 1. 800 nouvelles bornes de recharge pour véhicules électriques sur l'espace public. D'ici à 2024, 100% de l'énergie qu'elles délivreront proviendra de centrales solaires. Pour ce qui concerne les parkings relais, nous avons pris nos responsabilités en déployant une offre de 13 parcs aux portes de la capitale. Mais pour véritablement réduire les bouchons et la pollution au cœur de l'agglomération parisienne, il faut déployer un réseau de parkings relais à l'échelle de l'A86 et de l'ensemble de la Région Ile-de-France. Tout le monde doit prendre sa part.

L'été dernier, il a fait jusqu'à 50°C place de la République. Où en êtes-vous de la végétalisation de la capitale ? Y-aura-t-il toujours des forêts urbaines comme vous vous étiez engagée ?

Les arbres sont indispensables à l'équilibre de notre ville, à notre santé et à notre bien-être. C'est pourquoi mon mot d'ordre est assez simple : plus de nature, moins de voitures ! J'ai donc fait le choix de placer les arbres au cœur de la mandature. C'est dans cette philosophie que s'inscrit le « Plan Arbre », lancé il y a un an. D'ici à 2026 nous allons planter 170.000 arbres. 38.550 ont déjà été plantés depuis le début de la mandature en 2020 et 21.000 plantations sont prévues cet hiver, dans le respect de la saison de plantation. Plus largement, c'est tout le paysage parisien qui se transforme pour mettre plus de nature en ville. Je pense bien sûr aux 18 nouvelles « rues aux écoles » qui font le bonheur des enfants comme de leurs parents et sont largement plébiscitées. Au total, plus de 80 rues seront transformées dès cet hiver pour planter des arbres, des fleurs, des arbustes ou de l'herbe et rendre nos quartiers plus paisibles, plus agréables, moins pollués. Les travaux d'aménagement de notre première forêt urbaine ont également débuté, place de Catalogne, dans le 14ème arrondissement où le rond-point va disparaître au profit de 400 nouveaux arbres.

Dans le même temps, malgré vos politiques de sobriété, la facture énergétique explose à Paris. Après avoir été contrainte à augmenter la taxe foncière, de quels leviers disposez-vous pour financer la transition écologique et énergétique et ainsi diminuer les émissions de gaz à effet de serre ? 

Malgré les difficultés financières auxquelles nous sommes confrontés à Paris, comme dans toutes les communes de France, ma ligne politique n'a pas changé : garantir à tous les Parisiens l'accès à des services publics de qualité et accélérer la transition écologique. Deux directions sur lesquelles je ne reviendrai pas. La transition écologique n'est pas une option. Surtout, elle ne peut être décalée dans le temps. On ne peut attendre. Car plus nous attendons pour investir plus le coût sera élevé. C'est donc pour préparer l'avenir et adapter Paris aux conséquences du dérèglement climatique qui s'aggrave et s'accélère que je veux investir 1,7 milliard en 2023, en grande partie sur la transition écologique. Je pense notamment à ces grands projets qui pourront ainsi voir le jour comme le réaménagement de la Porte de la Chapelle, la transformation des Champs-Élysées ou l'achèvement du tramway des Maréchaux. C'est pour tenir ces engagements que j'ai augmenté la taxe foncière qui reste encore largement inférieure à celle des autres grandes villes de France. En parallèle, notre administration va faire des efforts considérables. 250 millions d'euros d'économies seront réalisées sur le fonctionnement de la ville. Nous allons aussi réduire de 10% notre facture énergétique. Nous ferons aussi appel à la finance verte en actionnant ces nouveaux outils très efficaces que sont les « sustainable bonds » pour financer les projets essentiels à la transformation de notre ville pour les années et les générations qui viennent.