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Cognac: Myriam David, l’artiste peintre à la vie de roman

Cognac: Myriam David, l’artiste peintre à la vie de roman
Myriam David déguste le thé comme en Chine : au gingembre et au citron.

Photo F.P.

Par Fanny PERRETTE - f.perrette@charentelibre.fr, publié le 8 février 2023 à 20h33.

La Merpinoise d’adoption expose ses peintures au “Texte Libre”, la librairie cognaçaise, jusqu’à la fin du mois. Retour sur une vie riche, faite de dessins, de voyages et de débrouillardise.

Elle a eu mille vies, avec un fil conducteur : sa passion pour le dessin et pour la Chine. Myriam David s’y est rendue plus de trente fois, dans les endroits les plus reculés. C’est l’objet de son exposition Chine mystérieuse, qu’elle affiche sur les murs de la libraire cognaçaise « Le Texte Libre », jusqu’à la fin du mois. Elle y présente ses toiles représentant la nature chinoise, à grands traits d’arbres, falaises, fleurs et oiseaux. Des dessins à l’encre...

Elle a eu mille vies, avec un fil conducteur : sa passion pour le dessin et pour la Chine. Myriam David s’y est rendue plus de trente fois, dans les endroits les plus reculés. C’est l’objet de son exposition Chine mystérieuse, qu’elle affiche sur les murs de la libraire cognaçaise « Le Texte Libre », jusqu’à la fin du mois. Elle y présente ses toiles représentant la nature chinoise, à grands traits d’arbres, falaises, fleurs et oiseaux. Des dessins à l’encre de Chine sur papier de riz mais aussi des portraits d’Asiatiques réalisés au pastel, « son crayon favori ».

Il m’a emmenée dans un jardin ravissant, devant un arbre et m’a dit : « Vos yeux regardent mais ne voient pas ».

Tout a commencé quand la gamine de la baie du Mont-Saint-Michel a vu l’éventail aux motifs chinois de sa grand-mère s’ouvrir devant ses yeux. « C’était une petite femme menue et mince, toujours habillée en noir, confie-t-elle. Une vraie conteuse, très cultivée et documentée. » Elle lui raconte les empereurs vêtus de soie jaune brodée, les vieilles dames en petits chaussons victimes de la coutume des pieds bandés (une pratique qui réduisait la taille des pieds des jeunes filles chinoises aux XIXe et XXe siècles, une atrophie supposée être le symbole ultime de la féminité), les sacs de riz presque aussi lourds que les hommes qui les portent.

La jeune Myriam s’en imprègne, comme des paysages normands qu’elle pourrait « encore dessiner les yeux fermés », du haut de ses 84 ans. Là-bas, elle apprend à pêcher toute seule et rêve de s’envoler avec les mouettes. Une imagination en vadrouille et une sensibilité exacerbée qu’elle conservera toute sa vie. Elle a toutefois attendu ses 50 printemps pour aller admirer elle-même « les forêts de bambou qui chantent avec le vent ».

Une formation classique

C’est à l’école des Beaux-Arts de Tours qu’elle fait ses armes, à la fin des années 50. « C’est Paul Guimezanes, Grand Prix de Rome, qui m’a appris à regarder, se souvient-elle, émue. C’était un petit monsieur aux colères mémorables. Il m’a emmenée dans un jardin ravissant, devant un arbre et m’a dit : ‘’Vos yeux regardent mais ne voient pas’’. Il m’a montré le point jaune, là où la lumière du soleil se reflète. Ça ne m’a jamais quittée. »

À l’Atelier de Clament de la Peyrière à Paris, elle étudie également la lithographie, la sanguine et en particulier le nu et le portrait. Ensuite, la vie s’en mêle. Elle se marie, a des enfants et doit remplir le frigo. Débrouillarde, elle trouve du boulot comme hôtesse d’accueil à Nice, dans un hôtel non loin de la Promenade des Anglais. « J’étais mignonne, mince et je savais me tenir. Tout le monde m’appelait miss », sourit Myriam David d’un air malicieux.

Un des dessins de Myriam David exposés au Texte Libre.
Un des dessins de Myriam David exposés au Texte Libre.

Photo F. P.

Ce sera ensuite décoratrice d’intérieur. L’été, elle bosse aussi à La Baule et passe deux hivers à Nantes, où elle lance une boutique de vêtements de luxe pour un Sud-Américain fortuné. À Toulon, c’est le décor d’un village de vacances qu’elle crée.

Retour à ses premières amours

Finalement, il faudra qu’elle s’installe à Montpellier, dans les années 80, pour reprendre ses pinceaux. Sa première grande exposition, myriade de pastels et d’aquarelles des paysages du Languedoc, sera installée dans la gare de la ville. Là, elle vend ses premiers dessins à un Californien. De fil en aiguille, il l’invite à Los Angeles où elle exposera à l’Université de Californie (UCLA). La Française devait rester trois semaines, le voyage durera finalement cinq mois. Elle y découvre Las Vegas, les repas gargantuesques et la vallée de la Mort.

À son retour, elle s’installe à Toulouse, où le maire de l’époque lui propose un atelier attitré. Enfin, elle vit de son art. « Ça a fait effet boule de neige. Je donnais aussi des cours aux enfants. » Myriam David devient presque ambassadrice de la Ville rose en accueillant les délégations chinoises de passage.

Depuis 2003, c’est à Merpins qu’elle a posé sa palette et ses toiles. Dans son atelier, elle représente les bords de la Charente, de l’Antenne et les environs de Bassac, qu’elle affectionne particulièrement. « J’ai pas mal exposé ici. Au Clos des Récollets, à Salon de Femmes, à l’Orangerie…, raconte-t-elle fièrement. Le maire Morgan Berger voulait même m’acheter une toile. » Pendant dix ans, c’est aussi à la mairie du XIIe arrondissement de Paris que la peintre a présenté son art. « Chez Rachida Dati ! »

Son grand regret reste de ne pas avoir pu retourner vadrouiller en Asie depuis 2015. « De toute façon, ça commence à être foutu avec les tour-opérateurs et les touristes… », glisse-t-elle.