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Comment Belgrade est devenu l’un des points de chute des Russes qui fuient la mobilisation

Sur les réseaux sociaux circule un mème rigolo qui parodie la une du tabloïd serbe Informer. Sur la fausse couverture du journal, on voit la photo de Vladimir Poutine avec ce titre : “Poutine en a décidé ainsi : nous allons procéder à la mobilisation de nos braves frères serbes qui nous soutiennent sur les réseaux sociaux, la liste est prête.”

Cette blague caustique a toutefois tendance à irriter les Serbes. Elle résume à elle seule la confusion politique qui règne en Serbie, pays de contradictions implacables. En effet, comment expliquer qu’un pays qui soutient Poutine, certes discrètement pour ne pas trop se compromettre, accueille soudain à bras ouverts les opposants au président russe ?

Ces fugitifs, ces déserteurs, ou encore ces traîtres, comme on les appelle ici en plaisantant, sont en réalité de jeunes Russes éduqués, aisés, qui, plutôt que de chercher sur Google “comment se casser un bras” afin d’éviter la mobilisation ont préféré acheter des billets d’avion hors de prix à destination de pays où un visa n’est pas nécessaire. Le choix est assez restreint. Les destinations possibles se limitent à la Serbie, la Turquie, la Géorgie ou encore l’Arménie [il y a aussi l’Azerbaïdjan dans le Caucase du Sud, ou, mais on s’éloigne de l’Europe, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, la Mongolie].

De fait, on s’attend à ce qu’au moins 4 000 citoyens russes atterrissent à l’aéroport de Belgrade dans les deux prochaines semaines. Les vols reliant la Russie à Belgrade sont quotidiens et réservés deux semaines à l’avance. Nous avons passé deux jours à l’aéroport de Belgrade, les 22 et 23 septembre, où cinq avions ont été accueillis en provenance de trois villes russes : Saint-Pétersbourg, Kazan et Moscou, chacun avec une centaine de personnes à bord. Les Russes que nous avons abordés répètent tous la même chose : “Nous avons quitté notre patrie, ce n’est pas facile, mais nous avons peur, et nous en avons assez de Poutine.”

Pour arriver à Belgrade, certains ont dû passer par Dubaï ou Istanbul, ce qui leur a coûté près de 10 000 euros, toutes leurs économies pour certains. Après le contrôle des passeports à l’aéroport Nikola-Tesla et l’angoisse d’être repérés par les services secrets, ils débarquent à Belgrade, ville accueillante, certes, mais dont le centre est truffé de stands vendant des tee-shirts à l’effigie de Poutine. Les drapeaux russes f