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Comment la fratrie influence la construction de genre des enfants

Avoir des frères et des sœurs de sexe opposé permet-il aux enfants de jouer à des jeux moins genrés ? C’est ce qu’ont voulu savoir les chercheurs de l’Ined et de l’Inserm mobilisés dans la grande « Étude longitudinale française depuis l’enfance » (Elfe), qui suit plus de 18 000 enfants de la naissance à l’âge adulte. Cette enquête, dont les premiers résultats ont été présentés jeudi 6 octobre, a notamment porté sur le rôle et la composition de la fratrie dans le développement de l’identité de genre. Ce rôle reste très peu étudié, soulignent les chercheurs, « alors qu’il est susceptible d’entrer en jeu de manière précoce dans la production du genre ».

À 2 ans, les pratiques culturelles sont déjà très genrées, quelle que soit la classe sociale. Au quotidien, les filles jouent très majoritairement à la poupée (81,6 %), à faire des dessins (72,8 %) et à la peluche (63,3 %), quand les garçons préfèrent les petites voitures (89,3 %), les jeux de balle (75,7 %) ou les jeux à empiler (61 %).

Les cadets et les cadettes jouent plus souvent à des jeux « atypiques »

L’écart entre filles et garçons est particulièrement important (60 points) lorsqu’il s’agit des jeux de poupées et de petites voitures. Mais ces écarts diffèrent en fonction du rang dans la fratrie et de sa composition. Ainsi, les cadets et les cadettes jouent plus souvent à des jeux « atypiques » avec les aînés, et ce d’autant plus qu’il y a des enfants de sexe opposé. Un cadet dans une fratrie de filles a « trois fois plus de chances » de jouer à la poupée qu’un enfant unique ou un aîné, et une cadette avec des grands frères a « deux fois plus de chances » de jouer aux voitures, relève l’étude.

« Ces pratiques reflètent l’évolution de la société et donc de la famille, vers plus d’égalité entre les hommes et les femmes, souligne la sociologue Christine Castelain Meunier (1). Autrefois, c’était très tabou pour un garçon de jouer à la poupée. Les filles, elles, avaient accès à plus de jeux, même si on ne les laissait pas s’intéresser à des jeux trop masculins. »

Les filles et les aînés les plus proches en âge influencent davantage les pratiques

Aujourd’hui, les jouets restent très genrés, mais frères et sœurs jouent plus facilement ensemble. « L’effet d’entraînement » est toutefois différent selon l’âge et le sexe des enfants. « Les filles et les aînés les plus proches en âge semblent davantage influencer les pratiques ludiques des cadets », observent les chercheurs.

Cette influence se limite néanmoins aux activités les plus marquées. Pour les puzzles ou le dessin, souvent préférés des filles, ce sont surtout les parents qui jouent un rôle dans le développement de l’enfant. Le caractère « scolaire » de ces activités « (les) amène, et notamment les pères, à y investir davantage leur garçon aîné, et ce faisant à réduire les écarts avec les filles. »

Et les chercheurs de conclure : « La production de genre n’est pas seulement liée à la composition de la fratrie, elle est surtout une affaire d’implication parentale et donc de style éducatif. »