France
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Comment les collèges charentais tentent de sauver l’allemand

Un chiffre stable depuis 2018, alors qu’entre 2015 et 2018, cette langue vivante avait perdu 1 300 élèves dans l’académie. Pourquoi une telle évaporation ? La faute à la réforme du collège de 2016 qui avait conduit à la suppression de bon nombre de classes bilangues dès la sixième. Et donc à la diminution du nombre d’élèves germanistes. Depuis 2018, ces classes, qui permettent aux élèves d’apprendre simultanément deux langues vivantes dès la sixième reviennent peu à peu. 136 classes de la sorte aujourd’hui, contre 45 en 2017 dans l’académie de Poitiers. En Charente, il en existe 30, dont 19 « anglais allemand ».

De nouvelles classes bilangues

Récemment, une classe bilangue a par exemple ouvert au collège Jean-Moulin de Barbezieux. « On tente ça, il y a un sursaut, on verra si ça dure », observe Michaël Leonowicz. Souvent, la nouveauté attire. Mais on y croit encore, on essaie de relancer. » 13 élèves ont choisi cette langue en sixième. Ils ne sont que six, en quatrième…

À Montmoreau aussi, on tente de séduire les élèves dès la sixième. « On a ouvert une initiation allemand », indique le principal Philippe Lagrue. « Ainsi, les élèves peuvent faire un choix plus éclairé quand ils entrent en cinquième. » Il observe aussi un léger rebond. 13 germanistes en cinquième contre… 3 en troisième.

Malgré tout, l’Allemand souffre parfois d’une réputation de langue compliquée à apprendre, de l’aveu même de certains chefs d’établissements. « Ils choisissent l’espagnol car cela paraît plus facile et c’est plus parlé dans le monde », estime Karine Ghanty principale à Anatole-France, à Gond-Pontouvre. « En Charente, on paye encore des souvenirs, des histoires familiales de la 2nde guerre mondiale… », analyse de con côté le principal de Montmoreau. l’inspecteur pédagogique Sylvain Micard bat en brèche cette idée reçue. « J’encourage les familles à faire le choix de l’allemand. C’est une langue très facile notamment pour ceux qui font de l’anglais. Ils trouveront des similitudes au niveau de la syntaxe et du vocabulaire. »

Pourtant à la Rochefoucauld, le principal Frédéric Pinet observe que « le vivier est en train de se réduire, les effectifs sont en baisse. Le Covid n’a pas fait de bien car on n’a pas pu aller dans les écoles primaires pour promouvoir l’allemand. La langue souffre encore de sa réputation de langue difficile, même si les enseignants prétendent que ce n’est pas plus dur que l’espagnol. En tout cas, il faut « le vendre » : il y a un intérêt pour les relations internationales ! » La discipline rencontre toutefois un écueil. Dans la majorité des cas, un prof d’allemand doit partager son temps entre deux, voire trois établissements. « Cela fragilise car il peut difficilement s’intégrer dans une équipe et monter des projets », note Frédéric Pinet, qui partage son enseignant avec le collège Pierre-Bodet d’Angoulême. « Mais tous les germanistes ont eu un prof à la rentrée ! », précise Sylvain Micard.

En Charente, quelques collèges ne disposent pas de l’option allemand. C’est le cas à Villefagnan, Montbron, Baignes ou encore au Treuil, à Gond-Pontouvre.

La MobiKlasse pour séduire

Événements culturels, concerts… À Bordeaux, l’Institut Goethe ne ménage pas ses efforts pour promouvoir la langue allemande. Des visites de l’institut et de sa bibliothèque sont organisées et il arrive à des collégiens charentais d’y participer. Par ailleurs, l’institut se rend aussi dans les établissements avec sa « Mobiklasse » « Notre objectif est d’encourager l’apprentissage de l’allemand via des jeux, des animations », explique Nora Sperling, l’animatrice. « L’idée est de donner une image attrayante et actuelle de l’Allemagne. » Et de faire connaître les avantages de choisir cette langue. Charlotte Metzger, responsables des coopérations pédagogiques appuie : « L’Allemagne reste un partenaire très important de la France ! » « Et pour ceux qui veulent devenir ingénieur, c’est très intéressant de faire des stages en Allemagne », ajoute Nora Sperling. Alors l’animatrice présente cette langue « de manière ludique, moderne. On travaille avec des musiques actuelles et on essaie de comprendre des mots transparents. » L’an passé, la Mobiklasse a fait étape à Anatole France, à Angoulême : « C’est ludique, apprécie la principale Karine Ghanty. Et cela leur montre que cette langue n’est pas si rude. »