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Concilier justice sociale et justice climatique

Du 2 au 4 décembre, au centre Pompidou, trois jours de débats et d’échanges pour s’interroger sur les liens entre transition écologique et transition culturelle. Retrouvez tribunes et articles dans le dossier thématique dédié à l’événement.

L’objectif de «l’Affaire du siècle», un recours juridique porté en décembre 2018 par quatre organisations et soutenu par une pétition en ligne qui a mobilisé plus de 2 millions de personnes, consistait à attaquer l’Etat en justice pour son inaction face aux conséquences du dérèglement climatique. Dans la rue, les activistes du climat pointaient la responsabilité des grandes entreprises. Quasiment au même moment, le mouvement des gilets jaunes mobilisait plus d’1 million de personnes par voie de pétition, pour dénoncer, entre autres, le caractère injuste de la taxe carbone, le manque de transparence quant à son utilisation et pointait l’hypocrisie du gouvernement dont les politiques favorisaient les plus grands pollueurs au détriment des classes les plus pauvres. Dès lors, se dessinait un carrefour militant : celui de la justice sociale et de la justice climatique.

Si la taxe carbone a été imaginée comme un outil essentiel au financement de la transition écologique s’appuyant sur le principe du «pollueur-payeur», relevant que «toute personne doit contribuer à la réparation des dommages qu’elle cause à l’environnement», elle révèle surtout une inégalité dans son application. Financée par les ménages via le fioul, l’essence et le gaz, elle ne s’applique pas (ou peu) aux autres pollueurs et est présentée comme une incitation à l’utilisation d’énergies renouvelables ou à la consommation de produits à faible émission de gaz à effet de serre. Pourtant, elle révèle une incohérence majeure : le cadre général dans lequel elle s’inscrit n’indique pas d’engagement sincère du gouvernement pour la lutte contre le réchauffement climatique. Les projets de création de «carburants propres» ne sont pas soutenus ; de nombreux secteurs géographiques sont dépourvus d’alternatives de transports et la création du «crime environnemental» (écocide) qui aurait permis de sanctionner les pollueurs a été rejetée par le gouvernement, qui continue de soutenir des projets polluants et destructeurs du vivant. Comment imposer aux plus précaires des mesures punitives dans ces conditions ?

L’ONU, qui a décrété une Journée mondiale de la justice sociale le 20 février, précise que ce concept est «fondé sur l’égalité des droits pour tous les peuples et la possibilité pour tous les êtres humains sans discrimination de bénéficier du progrès économique et social partout dans le monde». A la croisée de l’écologie et des droits de l’homme, la justice climatique s’inspire de ce concept en pointant les inégalités socio-économiques face au dérèglement climatique. Si 77 % des Français affirment que le gouvernement «doit prendre des mesures rapides et énergiques pour faire face à l’urgence environnementale, quitte à modifier profondément leurs modes de vie», 57 % pensent de même mais sont moins favorables aux sacrifices financiers (1). Quel que soit le scénario retenu pour opérer cette transition, il ne peut être construit qu’avec la participation des citoyens et de manière juste.

(1) Etude de l’association Destin commun.