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Contestation au Pérou : la répression fait un premier mort dans la capitale

Les images transmises samedi en temps réel et en continu par les chaînes d’info péruviennes ont montré le centre historique de Lima transformé en champ de bataille. Des manifestants, cagoulés ou casqués, armés de bâtons ou de barres de métal, parfois à mains nues, affrontaient la police qui les bombardait de grenades lacrymogènes. Avenue Abancay, à proximité du Parlement, un homme de 55 ans a été tué lors des affrontements, et un autre grièvement blessé, a annoncé le bureau du Défenseur du peuple, un organe officiel mais indépendant. Il s’agit du premier mort dans la capitale depuis le début de la contestation antigouvernementale.

Le média en ligne Wayka, dont deux journalistes ont été agressés et privés de leurs caméras, a dénoncé des brutalités et des arrestations de personnes blessées qui se rendaient dans des hôpitaux pour se faire soigner.

#URGENTE Policías agreden violentamente a ciudadanos que se encontraban en los exteriores del Hospital de Emergencias Grau en Lima, quienes vigilaban el estado de salud de los heridos tras brutal represión policial. pic.twitter.com/Ap9lCufBiO

— 🇵🇪 Wayka📢 (@WaykaPeru) January 29, 2023

La répression policière et militaire des protestations a fait 48 morts depuis début décembre. Jusqu’à présent, les décès sont survenus dans les régions andines du sud du pays, où vivent des populations majoritairement autochtones et défavorisées. Partisanes du président de gauche Pedro Castillo, destitué et arrêté le 7 décembre, elles voyaient son élection en 2021 comme une revanche sur ce qu’elles considèrent être le mépris de Lima à leur égard.

«Nous voulons la dignité, Dina démissionne maintenant», scandaient les manifestants, exigeant le départ de Dina Boluarte, qui gouverne le pays par intérim. Samedi, les protestataires avaient ciblé le Parlement après le refus des députés, dans la matinée, de donner leur feu vert à des élections, présidentielle et législatives, en décembre prochain plutôt qu’en avril 2024. La demande émanait pourtant de la Présidente elle-même.

Dina Boluarte, qui assure ne pas vouloir «s’accrocher au pouvoir», a déploré samedi que le Parlement n’ait pas été «en mesure de convenir d’une date pour les élections générales. […] Nous demandons instamment aux députés de mettre de côté les intérêts partisans et de faire primer ceux du Pérou», a-t-elle réagi sur Twitter.

Des manifestants face à la police anti-émeutes, samedi à Lima. (Lucas Aguayo/AFP)

Dans le reste du pays, la situation reste très tendue. Une centaine de barrages routiers sont en place, principalement dans le sud du pays. L’autoroute qui approvisionne les marchés de Lima en produits agricoles est bloquée. Face à la menace de pénuries alimentaires, les ministères de l’Intérieur et de la Défense ont annoncé une intervention des forces de l’ordre pour rétablir la circulation. Cité par l’AFP, Guillermo Sandino, un expert en marketing basé à Ica, à 300 km de la capitale, témoignait vendredi : «Il n’y a ni gaz ni essence. Dans les commerces, on ne trouve que des denrées non périssables et tout est très cher, jusqu’à trois fois le prix normal».

Le gouvernement a en outre accusé les blocages d’être à l’origine de dix décès, dont ceux de trois enfants qui n’ont pu, selon lui, être soignés à temps. La grande ville de Cuzco, l’un des fiefs de la mobilisation, est désertée par les touristes qui viennent visiter le site archéologique de Machu Picchu, fermé en raison des troubles.