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« Couleurs primitives » : Jeanne Cherhal, la rime voluptueuse

La chanteuse se fait poète pour célébrer les nuances de l’érotisme dans un recueil drôle, sensuel et piquant.

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« Couleurs primitives. Un nuancier érotique », de Jeanne Cherhal, illustré par Petites Luxures, Gründ, 152 p., 29,95 €.

Vous souvenez-vous de L’Invitation au voyage, de Baudelaire ? « Mon enfant, ma sœur,/ Songe à la douceur/D’aller là-bas ­vivre ensemble ! » Cinq syllabes, cinq encore, puis sept. C’est l’un des poèmes ­préférés de Jeanne Cherhal. Sur le même rythme, la chanteuse a imaginé une tout autre histoire. Un homme se déboutonne devant un prunier. Son amoureuse s’en mêle : « Pour rire avec toi,/ Je passe mes doigts/Sous le beau jet d’or ­liquide. » Puis elle remonte à la source. Désordre et beauté. Calme, humour et volupté.

« A partir du moment où la forme est inattaquable, on peut se risquer en terrain très glissant ! » Assise à une terrasse parisienne, Jeanne Cherhal rit encore de son audace. A 44 ans, dont vingt de carrière sur scène, la voici qui publie pour la première fois des poèmes. Pas n’importe lesquels. Des textes érotiques, uniquement. L’autrice-compositrice avait déjà interprété des chansons sur le désir, les frissons du corps, comme Soixante-neuf ou Cheval de feu. Jamais elle n’était allée aussi loin dans cette exploration. Jamais elle ne s’était autant mise à nu que dans ces vers à forte teneur autobiographique.

Triple contrainte

Tout est né d’un choc esthétique. Au printemps 2018, Jeanne Cherhal visite une exposition Foujita au Musée Maillol, à Paris, et tombe en arrêt devant un portrait de femme allongée. Les mamelons rose pâle tranchent sur l’à-plat laiteux de la toile. « J’ai eu envie d’écrire sur cette couleur », raconte-t-elle. Et, pourquoi pas, sur d’autres. Elle imagine alors un recueil de quelques dizaines de poèmes, composés suivant une triple contrainte. Chacun d’eux devra évoquer une couleur distincte, un moment différent de l’amour, et respecter une forme fixe originale. Plus tard, elle contacte Simon Frankart, alias « Petites Luxures », un dessinateur qu’elle a découvert sur Instagram durant le premier confinement. Accepterait-il d’illustrer ses textes ?

Son accord libère leur créativité commune. Après ses 16 vers sur Foujita, Jeanne Cherhal couvre six carnets de notes de sa petite écriture noire. Elle alterne des lignes de quatre, cinq, sept, huit, dix ou douze syllabes, tente les rimes en « ime » pour dépeindre un homme en jeans (« Je tirerai la joie ultime/De reluquer ta chair intime/Si bien galbée de bleu denim »), dessine des calligrammes en forme de toison pubienne, ­enchaîne avec des blasons ou encore des haïkus (« La pointe du sein/Enrobée de miel cuivré/Minipyramide »).

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