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Coupe du monde 2022 : au bout de l’ennui, le Maroc remporte la bataille royale face à l’Espagne

Pendant 120 minutes, l’Education stadium de Doha a eu des allures d’une ruche en ébullition, vibrant et sifflant sans interruption. Avant finalement d’exploser, près de trois heures après le coup d’envoi : au bout du bout de l’effort, dans un match fermé lors duquel il n’aura jamais vraiment semblé inquiété, le petit Maroc vient de sortir la grande Espagne, déjouant une fois de plus les pronostics d’une Coupe du monde pleine de surprise. Pour la première fois de leur histoire, les Lions de l’Atlas s’invitent en quarts de finale d’un Mondial qu’ils joueront samedi prochain contre la Suisse ou le Portugal.

Pour en arriver là, l’attente aura été longue. Au coup d’envoi, la Roja se pointe en bleu pâle, le Maroc en roja. Lésés de leurs couleurs habituelles, les Espagnols débutent malgré tout à l’espagnole - des passes à n’en plus finir, sans vraiment en faire grand-chose, les défenseurs centraux touchant plus de ballons que quiconque. Et les Marocains à la marocaine, bien en place, très solides, ni trop haut ni trop bas, se projetant bien en contre. Leur jeu penche à gauche où Sofiane Bouffal en fait voir de toutes les couleurs à Marcos Llorente. On ne serait pas surpris d’ailleurs que le jardinier du stade retrouve une cheville, un genou ou même un rein, bref un bout de l’anatomie de l’arrière espagnol sur la pelouse tellement il a mordu dans ses feintes.

Sieste et bâillements

Porté par un public particulièrement bruyant - on entend encore nos oreilles siffler après la fin du match -, les Marocains sont d’un sang froid impressionnant. A l’image de Bono, leur gardien, qui malgré un pressing ultra-haut de Ferran Torres puis d’Asensio ne panique pas et ressort la balle proprement. Du reste, les occasions se comptent sur les doigts de la main. Il a fallu attendre 26 minutes pour voir l’Espagne tirer au but (et Ascensio vendanger un bon ballon de Jordi Alba). Signe du manque d’inspiration de la Roja, Luis Enrique ne cesse de gambader comme un lapin le long du banc de touche et de faire de grands gestes dans tous les sens. Côté marocain, pas grand-chose non plus à part une frappe lointaine de Mazraoui difficilement captée par Unai Simon, puis une tête d’Aguerd qui passe au-dessus juste avant la mi-temps.

Après l’entracte, le jeu est toujours figé et les occasions toujours aussi peu nombreuses. Le Maroc joue désormais beaucoup plus bas et ne touche plus un ballon (81 % de possession de balle pour l’Espagne). Sans deux gros coups de chaud pour Unai Simon, à deux doigts, par deux fois, de perdre le ballon à deux mètres de sa ligne sur un bon pressing Marocain, on en aurait presque profité pour faire une sieste. Quoi de mieux pour résumer cette seconde période que ces quelques deux minutes de possession espagnole autour de la 70e, sans que le cuir ne passe une seule fois dans les 20 mètres marocains. Un coup franc d’Olmo dans les ultimes instants du temps réglementaire frôlé par Nico Williams aurait pu nous priver de 30 minutes de rab dont on se serait bien passé. Il n’en sera rien. 0-0 à la fin du temps réglementaire, six tirs à quatre pour l’Espagne, et 117 bâillements en tribunes.

Bono héroïque

Les organismes usés, les erreurs sont plus nombreuses et la prolongation sent le chaos. L’Espagne délaisse (un peu) son jeu de passes pour des grands ballons devant et se rapproche de la cage de Bono. Mais toutes les occasions se terminent de la même manière : par un ballon donné dans le mauvais tempo, un contrôle raté ou une frappe à côté. De quoi faire rager notre voisin de table, un journaliste espagnol, qui passe ses nerfs sur le bureau de la tribune presse. Seul un poteau de Sarabia à la 120e minute aura réussi à le faire se lever de son siège. Pour se rasseoir aussitôt.

L’arbitre siffle la fin de la partie, le score est toujours nul et vierge. Les Marocains exultent : au jeu de la loterie des penalties, ils savent avoir avec eux un poulain rare. Bono, leur gardien, en a arrêté 13 sur les 50 tirés contre lui jusqu’à présent. Le portier, héro annoncé de cette séance de tirs au but, ne se dégonfle pas. Sarabia tire sur le poteau, Soler et Busquets sur Bono et l’Espagne sort par la petite porte. Le Maroc exulte. On laisse le mot de la fin à notre voisin de table, dépité : «On mérite, on aura tout fait pour en arriver là.»