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Coupe du monde 2022, la percée des « petites » nations

Il fallait bien un invité surprise dans le grand huit d’une fête mondiale au Qatar déjà passablement chamboulée. Les Japonais avaient bien essayé d’embarquer, lundi 5 décembre, en poussant les Croates aux tirs au but, mais les roublards vice-champions du monde s’étaient imposés sur le fil (1-1 après prolongations puis 3-1 aux tirs au but). Ce sont donc les Marocains ce mardi 6 décembre qui sont finalement montés dans le train des grands frissons, laissant à quai des Espagnols incrédules, incapables d’honorer leur statut de favoris (0-0 puis 3-0).

Les cinq continents en 8e de finale, une première

Le Maroc tient sa performance historique, qualifié pour la première fois en quart de finale de la Coupe du monde 2022, quatrième équipe africaine à atteindre ce niveau après le Cameroun (en 1990), le Sénégal (en 2002) et le Ghana (en 2010). Une belle récompense pour l’entraîneur Walid Regragui, qui en quelques mois à peine a su fédérer un groupe de joueurs talentueux, et le résultat d’un travail de fond mené par le Maroc ces dernières années.

Les Lions de l’Atlas troublent en tout cas le banquet habituel des ogres européens et sud-américains, et ce n’est pas si fréquent. Depuis 1998 et le passage à 32 nations dans le Mondial, et avant que 48 sélections ne se disputent le titre à partir de 2026, les équipes inattendues en quart n’ont pas été légion : le Costa Rica en 2014, le Ghana en 2010, la Corée du Sud, les États-Unis et le Sénégal en 2002, Mondial le plus secouant de la période pour la hiérarchie du ballon rond.

Le Maroc confirme cette fois une tendance discernable dès la fin de la phase de groupes au Qatar. Pour la première fois, les huitièmes de finale de la compétition planétaire comptaient des représentants des cinq continents. Pour la Confédération asiatique de football, autre première : la présence de trois pays (Japon, Corée du Sud et Australie). Ils n’étaient que deux en 2002 et 2010. La Confédération africaine de football, en décrochant deux places dans le Top 16, égale 2014 (Algérie et Nigeria). Mais au Brésil, les cinq équipes africaines de la phase de groupe n’avaient enregistré qu’un total de 11 points. Au Qatar, elles cumulent 24 points, un record.

Des équipes vraiment complètes

Le Maroc premier de son groupe ? Ce n’était jamais arrivé à une équipe africaine ou arabe. L’Arabie saoudite sidérant l’Argentine (2-1), le Japon tombant l’Allemagne et l’Espagne (2-1 les deux fois), le Maroc encore éteignant la Belgique (2-0), la Tunisie, le Cameroun et la Corée du Sud s’imposant face aux équipes B de la France, du Brésil et du Portugal, les exemples abondent de coups de tonnerre dans le ciel qatari.

« Les pays capables de rivaliser au plus haut niveau sont de plus en plus nombreux », se félicitait l’ancien entraîneur Arsène Wenger, aujourd’hui directeur du développement de la Fédération internationale de football (Fifa), en présentant le 4 décembre un premier bilan d’étape sportif du Mondial. « Cela est dû à une amélioration de la préparation et de la capacité d’analyse de l’adversaire, deux phénomènes qui traduisent un accès plus homogène aux outils technologiques », ajoutait le technicien.

Arsène Wenger assure là le service après-vente de la Fifa, qui promeut des outils d’analyse de données qu’elle met progressivement à disposition pour améliorer l’expertise technique de nombreuses nations. Mais au-delà des actions de la fédération internationale, la montée en puissance s’explique d’abord par l’amélioration de la formation dans de nombreux pays qui structurent aussi progressivement leurs championnats. Le Japon, le Maroc ou l’Arabie saoudite avancent sur ce chemin qui n’est plus seulement pavé de bonnes intentions. Les joueurs ensuite vont s’aguerrir aux meilleurs championnats européens. Les Samouraïs bleus japonais ont ainsi profité de 8 joueurs évoluant en Allemagne, 3 en France, 2 en Espagne et 2 en Angleterre. Côté marocain, cinq Lions rugissent en France, 4 en Espagne, 4 en Angleterre et 3 en Italie.

Ce ne sont plus quelques rares individualités qui se distinguent. De plus en plus de nations disposent d’une réelle profondeur de banc. Pour le Japon comme pour le Maroc, l’entrée en jeu de remplaçants efficaces fut souvent décisive. « Il n’y a plus de petites équipes », a-t-on longtemps entendu. C’était lâché avec un demi-sourire paternaliste. Désormais, c’est du sérieux.

Coupe du monde 2022, la percée des « petites » nations