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Coupe du monde 2022 : « On a tous conscience de ne pas être dans le Qatar du quotidien, mais dans une sorte de “bulle Mondial” »

A la fin du match Espagne-Maroc, le 6 décembre.

Tchat en cours

Clément Martel, l’un de nos journalistes présents dans l’émirat pendant la Coupe du monde, profite du premier jour sans match depuis le début de la compétition pour répondre à vos questions.

Bonjour. Cette question a beaucoup agité ici et (surtout) en Europe, et elle est extrêmement complexe. Si l’opinion publique de plusieurs pays a réclamé que les joueurs arborent un brassard en soutien des droits humains, l’exercice est particulièrement périlleux pour les joueurs, pas nécessairement formés sur ces choses.

Au passage, contrairement à ce qui est souvent écrit, le brassard « One Love » n’est pas de couleur arc-en-ciel, et ses initiateurs se sont toujours gardés de l’associer directement avec la défense des droits LGBTQ+.

En ce qui concerne les journalistes, on nous demande de rapporter ce qu’il se passe ici. Tant sur le terrain du sport qu’en dehors. De notre côté, il n’y a pas d’autres injonctions, et chacun est libre de faire ce qu’il veut. A ma connaissance, un journaliste britannique a été bloqué par la sécurité d’un stade, car il avait un drapeau arc-en-ciel sur le t-shirt, mais je n’ai pas eu connaissance d’autres éléments.

Et une chose intéressante à observer, c’est qu’au fur et à mesure que la polémique « One Love » montait en Europe, l’opinion du monde arabe, en réaction, a ramené sur le devant de la scène la question palestinienne. On a donc vu des brassards palestiniens dans les stades, et de nombreux drapeaux à Doha.

Clément Martel

Bonjour Michèle. Nos articles sont relus avant d’être publiés... mais uniquement par nos chefs. Rien de ce que l’on écrit n’est envoyé ou validé par qui que ce soit d’autre. Donc on peut écrire tout ce que l’on veut, sous réserve des règles de notre profession bien entendu, qui impliquent notamment de vérifier les informations avant de les écrire.

Clément Martel

Bonjour Julie. Alors, assister à toutes les rencontres est impossible pour une seule et même personne (nous avons eu de nombreuses journées avec quatre matchs d’affilée, à trois heures d’intervalle), mais l’on choisit entre nous et en accord avec nos chefs qui va voir quelle rencontre, en fonction 1) de nos affinités 2) des sujets que l’on prépare.

Mais ça peut laisser des trous dans la raquette : ainsi, aucun de nous trois n’étions à Argentine - Arabie saoudite, la première très grosse surprise de ce Mondial (une victoire des Saoudiens 2-1).

Concernant les tribunes, nous sommes placés avec tous nos collègues – si nous sommes accrédités pour le match – en tribune de presse, soit un endroit aménagé en général fort haut dans le stade, où des tables sont installées, pour que l’on pose et branche nos ordinateurs.

Enfin, en presse écrite tout du moins, les médias ne paient pas pour que leurs journalistes viennent couvrir les rencontres (en télé et en radio, c’est différent, car il y a une question de droit de diffusion). Mais Le Monde finance intégralement notre déplacement au Qatar (vol, hôtel, et tout le reste) ; un système d’invitation nous mettrait en porte-à-faux pour couvrir la compétition.

Clément Martel

Bonjour. Comme nous l’avons expliqué à de nombreuses reprises, le choix de la rédaction a été de couvrir cette Coupe du monde au Qatar, car notre rôle de média d’information générale n’est pas d’occulter les informations mais de les rapporter à nos lectrices et lecteurs. A eux, ensuite, de faire le choix de lire ou non les articles et directs consacrés à la compétition sportive, et à tout ce qui se passe autour.

A l’occasion de ce Mondial, nous nous sommes efforcés (et nous efforçons encore) de couvrir tous les aspects de l’événement, qu’ils soient sportifs, géopolitiques, sociaux ou environnementaux.

Donc non, la question d’un boycott, si elle a été évoquée au détour d’un couloir par quelques personnes dans la rédaction, n’a jamais été envisagée. Car ce n’est pas notre rôle. En revanche, nous avons traité la question des personnes qui ont choisi de boycotter, et de leurs raisons. Et tenté de relater au mieux la réalité de cette Coupe du monde, tant sur le plan sportif que pour tout le reste.

Clément Martel

Bonjour. En ce qui me concerne, il s’agit de ma première Coupe du monde (de foot, j’ai couvert pas mal de Mondiaux, mais dans d’autres disciplines), mais je viens ici représenter également mes camarades du service sport, qui en ont couvert un certain nombre. Donc je devrais avoir un propos qui élargit un peu au delà de ma seule expérience.

De ce que l’on observe, jusque-là – et nous avons débarqué à Doha le 16 novembre –, c’est que l’on n’est empêchés en rien de faire notre travail. Officiellement, il y a bien un nombre important de lieux que l’on n’est pas censé filmer (mais comme dans de nombreux pays, c’est souvent la procédure lorsque l’on s’accrédite, on accepte les conditions des organisateurs), mais travaillant pour la presse écrite, nous ne sommes pas vraiment concernés.

Et à l’exception d’un reporter danois, avant le début de la compétition, qui a eu maille à partir avec des agents de sécurité pendant un direct – et a reçu les excuses de la FIFA et du Comité suprème, qui assure l’organisation –, on n’a pas eu vent de soucis particuliers.

Après, une fois la Coupe du monde lancée, on a tous conscience de ne pas être dans le Qatar du quotidien, mais dans une sorte de « bulle Mondial ».

Clément Martel

Même qu’il n’entretient pas de relations officielles avec Israël, le Qatar a ouvert ses frontières aux journalistes israéliens désireux de couvrir le Mondial. Une concession imposée par les règles de la FIFA conduisant, grande première, à la mise en place d’une liaison aérienne ­temporaire entre Tel-Aviv et Doha. Mais, sur place, les équipes israéliennes, qui s’attendaient à ce que la dynamique de normalisation en cours entre leur nation et plusieurs Etats arabes facilite leur travail, ont très vite déchanté.

Bonjour. Merci à vous de commencer cette séance par une question assez neutre, histoire de s’échauffer. Et bien ça ne vous surprendra pas, mais oui, il fait beau et chaud au Qatar. Enfin, pas si chaud que ça, d’ailleurs, si le soleil frappe fort au milieu de la journée, il tombe vite, et à partir 16 heures et quelques, la nuit comme les températures tombent.

Donc, non, pas trop chaud du tout, voire au contraire, on est pas mal couverts car comme beaucoup de pays chauds, le Qatar aime beaucoup la climatisation – dans son métro, dans ses « malls », dans ses hôtels, et, comme personne ne l’ignore désormais, dans ses stades.

Clément Martel

Ils sont arrivés à Doha à reculons, et ils en repartiront de la même manière. Les supporteurs français qui se sont envolés pour la Coupe du monde du football au Qatar avec quelques doutes, voire de franches appréhensions, en raison des innombrables critiques dont l’émirat du Golfe faisait alors l’objet, ne tarissent plus d’éloges, aujourd’hui, sur l’organisation de l’événement.

Posez vos questions, notre journaliste vous répond à partir de 14 heures

Comment couvrir la Coupe du monde au Qatar ? Les médias ont-ils subi l’hostilité ou la censure des organisateurs ? Qu’apporte le fait d’être présent sur place ? Ce Mondial est-il plus compliqué à couvrir que les précédents grands événements sportifs ?

Notre journaliste Clément Martel, membre du service Sport au Monde et envoyé spécial au Qatar pour suivre la compétition, répondra à vos questions à partir de 14 heures.

Tous les articles et lives sur la Coupe du monde sont à retrouver par ici

Le contexte

  • Le 15 novembre, cinq jours avant le coup d’envoi de la 22Coupe du monde, un journaliste danois était menacé en plein direct sur une voie publique qatarie. Les images de la séquence et de l’intervention d’un agent de sécurité, menaçant de briser la caméra si le reporter poursuivait son tournage, ont fait le tour du monde. Ravivant, si besoin, les craintes sur la liberté accordée à la presse durant le Mondial.
  • Si la Fédération internationale de football (FIFA) a promis, en amont de la compétition, de travailler avec les organisateurs locaux pour assurer « les meilleures conditions de travail aux médias » et une absence de « restrictions » dans la couverture de la Coupe du monde, le Qatar avait tout de même érigé plusieurs obstacles à la liberté de la presse avant l’arrivée sur place de milliers de journalistes. Ces derniers se sont ainsi vu interdire de filmer ou photographier les bâtiments gouvernementaux, les universités, les propriétés résidentielles ou les entreprises privées : autant de lieux susceptibles d’illustrer des reportages, et les scandales entourant le Mondial.
  • Comment couvrir la Coupe du monde au Qatar ? Les médias ont-ils subi l’hostilité ou la censure des organisateurs ? Qu’apporte le fait d’être présent sur place ? Ce Mondial est-il plus compliqué à couvrir que les précédents grands événements sportifs ? Notre journaliste Clément Martel, membre du service Sport au Monde et envoyé spécial au Qatar pour suivre la compétition, répondra à vos questions à partir de 14 heures.

La Coupe du « Monde » :

Le Monde couvre la Coupe du monde de football au Qatar, parce que notre rôle de média d’information générale n’est pas d’occulter les informations, mais de les rapporter à nos lectrices et lecteurs, qui font eux-mêmes le choix de lire ou non les articles consacrés à la compétition sportive. Nous couvrons tous les aspects de l’événement, qu’ils soient sportifs, géopolitiques, sociaux ou environnementaux… Retrouvez ci-dessous notre article sur la position adoptée par la rédaction du Monde pendant l’événement :

Lire aussi :

Pour aller plus loin :

Chronique. « Je regarde, mais je ne suis pas dupe » : les téléspectateurs du Mondial 2022

Analyse. La délicate prise de parole des footballeurs sur les droits humains

Reportage. Dans la « salle des machines » du Qatar, où vivent les salariés immigrés que Doha ne veut pas voir

Récit. Au Qatar, une « Coupe des mondes » très politique

Editorial. La FIFA au stade de l’aveuglement

Tous nos articles sur la Coupe du monde 2022 sont à retrouver ici.

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