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Coupe du monde 2022 : pour l’équipe de France, la parole n’est plus à la défense

Les Bleus ont-ils définitivement oublié le dogme défensif issu du succès mondial de 1998 ? Avec quatre joueurs offensifs de grand talent, ils ont, en tout cas, de quoi effrayer n’importe quel adversaire.

Ils n’en sont pas encore là, mais si les Bleus version 2022 brodent une troisième étoile au-dessus du coq le 18 décembre après une victoire en finale, ils le devront en bonne partie à leur puissance offensive. Pour un football français qui s’est construit sur le dogme fondateur de la solidité défensive lors de son premier succès en Coupe du monde, en 1998 – et, par opposition, sur celui des perdants magnifiques pleins de panache de 1982 et de 1986 –, l’évolution serait révolutionnaire.

Dimanche 4 décembre, en huitièmes de finale face à la Pologne, l’équipe de France devrait davantage miser sur les buts et les inspirations de Kylian Mbappé ou d’Antoine Griezmann pour battre le très bon gardien Wojciech Szczesny que sur la rigueur de sa défense pour neutraliser le buteur vedette Robert Lewandowski. La force de cette équipe, « c’est sa palette de joueurs offensifs. Ils sont tous différents les uns des autres, et ça donne plein d’options à l’entraîneur. On se pose plus de questions sur la défense et le milieu de terrain », analyse, pour l’AFP, Youri Djorkaeff, l’un des rares joueurs offensifs alignés lors du Mondial 1998.

Didier Deschamps en a conscience. Quand il n’envoie pas ses remplaçants prendre l’air comme face à la Tunisie, le sélectionneur possède une force de frappe rare, en attestent les quatre buts inscrits contre l’Australie, deux face aux Danois. « L’adversaire sait qu’il y a du danger à gauche, dans l’axe, et à droite », avance celui qui peut compter sur les accélérations de Mbappé, la science du jeu de Griezmann, le réalisme d’Olivier Giroud et les dribbles déroutants d’Ousmane Dembélé.

Il suffit d’entendre Deschamps, chantre de l’équilibre, évoquer le Barcelonais Dembélé – dernier arrivé dans son onze type – comme celui « chargé d’amener le chaos ». Un joyeux bordel promis aux défenses adverses que « DD » n’a jamais goûté dans les siennes. En 1998, sous la houlette d’Aimé Jacquet, la victoire des Bleus s’est construite sur un mur presque infranchissable, avec deux buts encaissés en sept rencontres. Sans aller jusqu’aux excès d’un catenaccio suranné à la fin des années 1990, des tauliers comme Marcel Desailly, Lilian Thuram ou encore Didier Deschamps en personne étaient imprégnés de cette culture défensive italienne, après des années passées en Serie A.

Accepter et assumer le déséquilibre

Vingt ans plus tard, Deschamps est passé du rôle de capitaine à celui de sélectionneur lorsque ses Bleus arrivent en Russie avec l’envie d’attaquer. Comme l’illustre alors ce commentaire d’un certain Laurent Blanc, champion du monde reconverti en entraîneur : « En 1998, on a construit notre victoire sur notre défense, mais ce n’est pas la seule façon de gagner. Si les Bleus se prennent deux buts par match, mais qu’ils en marquent trois, on sera tous heureux aussi. »

Mais si Mbappé, 19 ans à l’époque, et Griezmann sont déjà présents et décisifs, c’est une nouvelle fois par la construction d’un équilibre défensif – trouvé en cours de tournoi – que les Bleus décrochent à nouveau le Graal. A l’exception du huitième de finale au scénario débridé face aux Argentins (4-3), l’équipe de France a écœuré l’Uruguay et la Belgique lors des deux tours suivants, sans encaisser un but. D’un Raphaël Varane impérial derrière à Olivier Giroud avant-centre mais premier défenseur, en passant par un Samuel Umtiti prêt à sacrifier un genou pour la patrie et un Paul Pogba d’une rigueur inédite, les Français sont alors en mission pour protéger les buts d’Hugo Lloris.

Au Qatar, ils ont commencé leur tournoi avec une ligne de quatre défenseurs (comme en Russie), mais Deschamps y a ajouté – et maintenu – un joueur offensif en plus. Ce détail en apparence modifie toute la philosophie de l’équipe et lui donne sa nature plus audacieuse. « Le fait d’avoir parfois des déséquilibres, ça nous permet aussi d’être plus dangereux, plus tranchants offensivement. Quand on perd d’un côté, on gagne de l’autre », observe Raphaël Varane.

En football, il faut juste marquer un but de plus que l’adversaire, mais en concéder trop n’a jamais été non plus le chemin le plus direct vers la gloire mondiale. « La base n’est pas aussi solide qu’en 2018, mais l’expérience de Deschamps sera très importante », prédit Djorkaeff. Malgré tout le talent de Mbappé, Griezmann et Giroud, le football français compte une nouvelle fois sur son « père la victoire » pour trouver le bon équilibre dans ce déséquilibre assumé.

Anthony Hernandez(Doha, envoyé spécial)

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