France
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Coupe du monde 2022 : Union sacrée, force et sérénité… Et si on le faisait, finalement, ce doublé ?

De notre envoyé spécial à Doha,

Adrien Rabiot nous avait déjà prévenus après la première belle victoire contre l’Australie qu’il ne fallait pas « sous-estimer » cette équipe de France, quand bien même toutes les tuiles du monde semblaient s’être abattues sur ses frêles épaules. Enfin… Frêles, c’est ce qu’on pensait au moment de boucler nos valises et d’embarquer pour Doha, misérables pisse-froids sans ambitions que nous étions alors. Depuis, du sable s’est déversé dans le désert et le regard a définitivement changé au moment de zyeuter ce groupe, après ce huitième de finale que Deschamps a qualifié de « match-bascule dans la compétition ». Celui qui trace la ligne entre l’échedu poc retentissant et le début d’un possible quelque chose de grand.

Lundi matin, après avoir sorti les Polonais comme on époussette la table après le petit-déjeuner, les Bleus sont désormais à deux marches de retrouver les cimes de la plus belle des compétitions, quatre ans seulement après avoir conquis le monde sous le déluge de Moscou. On n’y est pas encore, bien sûr, et les joueurs passeront probablement les cinq jours qui nous séparent de ce choc frisson face à l’Angleterre à dire qu’il faut prendre les matchs les uns après les autres et que, selon leur mantra maintes fois répété par Didier Deschamps depuis le début de la compétition, « il ne faut pas faire les beaux et mettre le coq plus haut qu’il ne l’est. »

Un groupe sûr de sa force et qui ne se cache plus

Il n’empêche, pour nous, ce matin, ce coq a quand même une sacrée tronche de T. rex enragé. Et sous leurs airs de ne pas y toucher, au fond, eux aussi comment doucement à y croire. Enfin non, y croire ils le font depuis un petit moment déjà, depuis toujours même, allez savoir. Mais le dire, voilà ce qui a changé depuis la victoire contre la Pologne. Inconsciemment, eux aussi ont fait la bascule entre cette volonté initiale de la jouer profil bas après le fiasco de Bucarest à l’Euro 2021, et la certitude enfouie mais bien là que ce groupe vaut mieux qu’un quart de finale face aux Three Lions. Il n’y avait qu’à tendre l’oreille en zone mixte dimanche soir pour s’en rendre compte. Chacun dans son style :

Hugo Lloris, où la valeur travail du politicien : « C’est une histoire qu’on a envie de faire durer, en sachant que tout le monde est récompensé à un moment ou un autre par le travail. On n’a pas envie de se donner de limites, on a envie de continuer le plus longtemps possible. »

Adrien Rabiot, où la sérénité d’un maître zen : « On a été serein, on a maîtrisé notre sujet. Il n’y a pas eu de doutes. On a été conscient à un moment donné du match qu’il fallait faire plus, mais on n’a jamais douté. Quand on le décide, qu’on le veut, on a vraiment cette sérénité, cette solidarité, qui fait que c’est difficile pour l’adversaire de nous passer et de se créer des occasions sérieuses. »

Mbappé, où les cartes sur table du joueur de poker : « Pour être honnête, le seul objectif c’est de gagner le Mondial. C’est mon rêve, mon seul rêve, c’est pour ça que je suis venu ici. »

Au-delà de ce qu’on voit sur le terrain et de tout ce dont on a déjà parlé jusqu’ici - la force de frappe létale de cette équipe, le repositionnement miracle de Griezmann, le système qui met tous les joueurs dans les meilleures dispositions – il y a un aspect qu’on n’a fait qu’effleurer jusqu’ici et qui pourtant est primordial pour un groupe qui se rêve d’aventure étoilée. C’est la vie de groupe. Celle-là même qui avait été fatale à la cuvée « Euro 2021 », entre guéguerres internes et sensation d’étouffement dans la bulle sanitaire stricte mise en place par le staff à l’époque. Or Deschamps, qui est réputé dans le milieu pour être un faiseur de groupe hors pair, sait mieux que quiconque l’importance de cette donnée dans l’équation finale.

« Il y a ce qui se passe sur le terrain et il y a ce qui se passe en dehors, rappelait-il avant le match face au Danemark. La vie sociale est importante. Ce n’est pas ça qui va vous faire gagner des matchs mais je peux vous dire que ça peut vous en faire perdre. Et pour le moment, tout se passe bien, je pourrais même dire très bien. Mais c’était déjà le cas avant d’arriver ici, dès le début du rassemblement à Clairefontaine. »

𝑼𝒏 𝒈𝒓𝒐𝒖𝒑𝒆 𝒒𝒖𝒊 𝒗𝒊𝒕 𝒃𝒊𝒆𝒏 😍#FRAPOL | #FiersdetreBleus pic.twitter.com/yfbwmXXuIG

— Equipe de France ⭐⭐ (@equipedefrance) December 4, 2022

Le jour et la nuit avec l’Euro 2021

C’est effectivement ce qui ressort de chaque discussion avec les joueurs. Quand on lui a demandé dimanche ce qui avait changé de ce point de vue par rapport au dernier Euro, Adrien Rabiot ne réfléchit pas une seule seconde : « On ressent plus cette union cette année, cette solidarité, que ce soit sur le terrain mais aussi en dehors, avec le staff, avec les joueurs qui sont sur le banc, ceux qui entrent en cours de match et ceux qui ne jouent pas. On sent que tout le monde est concerné, même à l’hôtel, dans la vie de groupe, ça se passe vraiment très. C’est la grosse différence par rapport à l’été dernier ».

Contrairement à ce qui avait pu se passer lors du Championnat d’Europe, il n’y a pas de clans dans cet effectif. Griezmann et Mbappé ont mis leurs rancœurs de côté pour le bien du collectif, Giroud a retenu la leçon et n’a pas fait d’esclandre pour réclamer de meilleurs ballons à Mbappé, et tout le monde tire dans le même sens. Sans parler des petits nouveaux, qui se sont parfaitement intégrés, en apportant leur fraîcheur mais sans manquer de respect aux anciens de la maison. Du haut de ses 142 sélections et ses sept compétitions internationales, on peut faire confiance au capitaine Hugo Lloris quand il s’agit de jauger de la bonne santé d’un groupe.

Et que dit-il ?  « Qu’il y a un très bon mélange avec de jeunes joueurs qui vivent leur première expérience en Coupe du monde et des joueurs plus expérimentés. Malgré toutes ces différences, il y a une vraie connexion entre nous. Je trouve qu’il y a vraiment un mot pour qualifier tout ça, c’est le respect, le respect entre nous. Il n’y a qu’à voir ces joies d’après-match, on ne fait qu’un ». Autre meuble parmi les meubles, Olivier Giroud parle quant à lui d’une « belle alchimie », mais n’oublie pas de prévenir tout excès de confiance. « Evidemment tout est tout beau, tout rose, quand on gagne, maintenant on ne va pas s’enflammer ni se voir plus beau qu’on ne l’est, même s’il y a énormément de motifs de satisfaction. » De son côté, Deschamps l’assure, en plus d’une jeunesse qui semble avoir compris son rôle et trouvé sa place, ses soldats de toujours, eux, « sont là, ils ne sont pas rassasiés, ils ont faim ».