France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Coupe du monde au Qatar : à Doha, des fan zones sans turbulences pour clients privilégiés

Des fauteuils et canapés en bois sombre, aux confortables coussins blancs, disposés autour de tables basses formant des petits salons, s’étendent dans un espace d’une centaine de mètres de long sur cinquante de large. Un écran géant surplombe la vaste terrasse au sol dallé, encadrée par un hôtel quatre étoiles et des immeubles d’appartements neufs, aux fenêtres éclairées en douceur d’une lumière diffuse. Ce rectangle de luxe, calme et convivialité est installé dans le nouvel écoquartier de Msheireb, au centre de Doha, dans une petite rue à l’écart des grandes artères automobiles voisines. Il a été aménagé spécialement pour la durée de la Coupe du monde, à l’intention d’un public qui veut suivre les matches loin du vacarme des stades ou de la foule des fan zones.

L’accès à l’espace entouré de barrières métalliques se fait par une seule ouverture latérale. Les clients, accueillis par de jeunes et élégants serveurs et serveuses asiatiques, sont informés des différentes formules et spécialités de restauration ou de consommation. Mais quel que soit leur choix, ils devront payer un tarif minimum équivalent à 150 euros par personne. «C’est le prix moyen du ticket pour un match», souligne un quadragénaire égyptien, installé là avec sa femme et sa fille. «Plutôt que de partir trois heures à l’avance, de supporter les embouteillages sur la route, puis de marcher du parking jusqu’au stade et les attentes à l’entrée pour la sécurité et le placement, c’est beaucoup plus agréable ici», explique le père de famille résidant au Qatar.

Un public très sage

Dans cette sorte de fan zone VIP discrète, la clientèle clairsemée est diverse. Des tables de trois ou quatre femmes, en abaya traditionnelle des pays du Golfe, et d’autres, occupées par quelques hommes, sont bien séparées. Mais il y a également de rares couples, visiblement originaires de la région, des petits groupes de copains moyen-orientaux ou soudanais. Un public très sage qui regarde le match en cours sans passion ni exclamation. Contrairement aux travailleurs asiatiques attroupés contre les barrières à l’extérieur du périmètre réservé, qui ne perdent pas une miette du jeu, eux profitent de l’opportunité de suivre les matches du Mondial retransmis exclusivement par la chaîne qatarie BeIn Sports, dont le prix de l’abonnement n’est pas dans leurs moyens.

Bien d’autres espaces fermés, réservés à une clientèle privilégiée, diffusent la compétition au Qatar. Ils se trouvent essentiellement dans les très nombreux hôtels de luxe. Et chacun se distingue par son style et son public particuliers. L’un des plus «hype», comme on dit «branché» à Doha, se trouve dans le quartier central cossu de West Bay. Sponsorisé par Budweiser, son décor est à dominante rouge et son public jeune et animé. Les fans de toutes nationalités regardent les matches, pinte à la main, puis célèbrent la victoire de toute équipe par des danses sautillantes au milieu du hall d’entrée. Parmi eux, Samia, enveloppée d’un drapeau tunisien, est «ravie de cette énorme surprise de l’Arabie Saoudite qui vient de battre l’Argentine». Non loin de là, un autre établissement d’une chaîne hôtelière internationale accueille des familles, enfants et grands-mères compris, venues surtout des pays arabes. Ils servent le mezzé oriental au même prix que le thé avec chicha, pour un peu moins de 100 euros par personne. Un tarif raisonnable pour le niveau de vie qatari.

«Il faut être introduit»

Des hôtels plus sélects encore sont fréquentés par des hommes d’affaires, des diplomates ou des représentants de grandes entreprises internationales, qui profitent de l’enthousiasme autour d’un match pour lier des contacts. «Il faut être introduit pour accéder à ces endroits très convoités», indique un jeune publicitaire libanais en sortant d’un des très nombreux cinq étoiles de Doha. «J’ai réussi à décrocher un rendez-vous avec un chef d’entreprise qui loge à cet hôtel pour pouvoir le retrouver dans le bar où est diffusé le match», dit-il. Tout un entre-soi s’établit ainsi loin des groupes de fans criards dans les stades ou dans les autres espaces publics où sont diffusés les matches en plein air, dans les rues ou les centres commerciaux. Le problème dans l’ordre très hiérarchisé au Qatar, plus particulièrement pendant le Mondial, c’est qu’on trouve toujours plus privilégié que soi.