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Coupe du monde : face à la Pologne, les Bleus, les quarts et la manière

Pour peu que l’on fasse le tri, le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps finira bien par nous convaincre de l’intérêt des conférences de presse les veilles de match, exercice pourtant ô combien cadré et contraint. Entre deux défausses, il avait décrit samedi de façon très précise la sélection polonaise en zappant – surprise – les aspects tactique ou technique : une bande d’expendables frôlant ou dépassant les 90 sélections (Piotr Zielinski, Kamil Glik, Grzegorz Krychowiak…), se connaissant depuis près de quinze ans et un compagnonnage dès les sélections de jeunes.

Les Bleus ont traversé leur huitième de finale en vainqueurs (3-1) dimanche au stade Al-Thumama de Doha, Kylian Mbappé a tout arraché sur son passage mais on aura tort, quand on consignera la vérité du terrain dans le grand livre des Bleus (si toutefois ça arrive), d’y voir une formalité. Ou la force de l’habitude. Antoine Griezmann et consorts ont dominé des types soudés qui, si peu qu’ils fassent, le font ensemble et avec la foi du charbonnier. Cette propension à s’accrocher et à souffrir aura d’abord énormément servi à Matty Cash, natif de Slough (sud-est de l’Angleterre) naturalisé polonais en 2021 : le latéral droit se sera fadé Mbappé, star d’une équipe dont le jeu consiste beaucoup, à ce stade, à le placer en un contre un sur son défenseur : il passe alors à chaque fois, allumant autant d’incendies dans la surface de réparation polonaise.

Double sauvetage

Où Glik et compagnie avaient décidé d’installer tout le nécessaire : la tente, la salle à manger, la cantine et même un service de secours à l’intention de Mbappé, à chaque fois que Cash se faisait manger. A ce compte-là, les Bleus ont sorti les avirons sans avancer d’un mètre. Une idée leur est alors venue aux environs de la demi-heure de jeu : laisser l’adversaire venir pour ouvrir des espaces dans son dos. Une initiative qu’ils auront remballée très vite : deux frappes de Zielinski en position idéale, plus une de Jakub Kaminski et les Bleus en étaient quittes pour un arrêt d’Hugo Lloris à bout portant et un double sauvetage sur la ligne de Raphaël Varane et Théo Hernandez (38e). Un frisson glacé est alors passé dans leur dos.

Ne surtout pas laisser venir les Polonais. Ne pas jouer au plus fin : attaquer. Mbappé a trouvé Olivier Giroud dans la foulée, 52e but du Milanais en bleu (il devient ainsi seul recordman) et hop ! Les Bleus virent en tête aux citrons. L’impression demeure cependant que l’on n’a pas encore tout vu. Parce que les Polonais sont bons, déjà : durs, compacts, beaucoup plus rapides dans l’exécution que les spectres qui se promenaient depuis deux semaines à travers Doha.

Et parce que les Tricolores étaient un peu moins bien que contre les Australiens ou les Danois, ceci expliquant peut-être cela. Peu de projections vers l’avant, sans doute par prudence, beaucoup de ballons perdus par manque de justesse y compris par le plus technique d’entre eux, Griezmann (14 passes à l’adversaire dès la mi-temps) et l’impression d’un certain manque de densité, comme si tous les joueurs n’étaient pas tout à fait ensemble ou qu’ils craignaient les défaillances de certains d’entre eux, à commencer par Aurélien Tchouaméni et Jules Koundé, en difficulté dans leurs registres.

Respiration

Un beau moment d’ambiguïté : un match entre deux eaux, un peu mensonger, qui aura vu surgir une cinquantaine de fois Deschamps de son banc de touche comme s’il était expulsé par un ressort. Et puisqu’il fallait qu’on en termine, c’est encore Mbappé qui s’y est collé sur un contre mené par Ousmane Dembélé : un contrôle sur le côté gauche de la surface suivi d’une frappe surnaturelle, d’une puissance exceptionnelle et d’une trajectoire baroque où l’attaquant parisien aura contre toute attente fermé le pied (sa spéciale), dont on jurerait qu’il a laissé le gardien polonais Wojciech Szczęsny admiratif (2-0, 74e).

La grande respiration de l’équipe tricolore s’est alors entendue jusqu’aux cintres du stade. Griezmann s’est alors mis à récupérer tous les ballons qu’il avait perdus, comme s’il s’était dépêché de terminer sur un solde positif avant le coup de sifflet final de l’arbitre vénézuélien. Cash est sorti à quelques minutes du terme, avec la satisfaction du devoir accompli et l’estime générale : rendu à sa liberté, Mbappé est parti récupérer une passe de Marcus Thuram pour nettoyer la lucarne polonaise (3-0, 91e).

Un péno de Robert Lewandowski plus tard (3-1, 99e) et tout le monde se quittait bons amis. Les Bleus sont à la bagarre, Mbappé marche sur la compétition dans des proportions bibliques. Les quarts auront lieu samedi soir.