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Coupure d'électricité : quelles prévisions en France et à votre adresse ?

Coupure d'électricité : quelles prévisions en France et à votre adresse ? Les coupures d'électricité menacent cet hiver avec un plan du gouvernement pour éviter le blackout. Suivez le signal EcoWatt et la situation en temps réel...

Les coupures d'électricité menacent en janvier ou février 2023. Après une semaine de spéculations autour des mesures du gouvernement pour éviter le blackout cet hiver, Emmanuel Macron a tenté de siffler la fin de la partie ce week-end. En marge de sa visite aux Etats-Unis, le chef de l'Etat a appelé les Français à ne pas paniquer, évoquant "des scénarios fictifs" des autorités, mais qu'il faut "préparer", car "parfois, l'impensable arrive". Pourtant, les coupures programmées d'une partie du réseau électrique en cas de fortes tensions dans les prochaines semaines pourraient priver d'électricité des milliers de foyers, mais aussi des équipements indispensables comme les écoles, les établissements de santé ou les transports. 

L'électricité ne pouvant être stockée, les coupures d'électricité dépendront des niveaux de production et de consommation électriques dans le pays, que RTE et Enedis doivent coordonner à chaque instant. En plus d'un nouvel outil, EcoWatt, visant à sensibiliser les Français sur leur consommation, RTE fournit à travers de la plateforme Eco2Mix des données précieuses, mises à jour en temps réel ou presque, pour établir un tableau de bord de la situation électrique du pays. Depuis la rentrée, ce dernier dépeint le plus souvent une France en déficit électrique chronique, ce qui l'oblige à importer chaque jour plusieurs dizaines de mégawatts depuis l'étranger.

Ainsi, hier, la France a par exemple consommé 1,57 million de mégawatt (MW) d'électricité au total (donnée mise à jour à 23:45) avec un pic enregistré à 19:00 à 74 071 MW. Cette consommation était plus élevée que la production, qui s'élevait ce lundi à 1,35 million de MW. Si on compare aux moyennes du 5 décembre sur les cinq dernières années (2017 à 2021), on a enregistré ce lundi une consommation plus faible, de l'ordre de 44 706 MW en moins, mais aussi une production bien plus basse que la moyenne, de 270 933 MW.

En tenant compte de ces deux écarts, la France était donc en réalité en déficit de 226 227 MW hier par rapport à un 5 décembre 'normal' sur ces cinq dernières années. Cela se ressent sur les échanges extérieurs, avec des importations de 223 899 MW hier, alors que la France était légèrement exportatrice, de 2328 MW en moyenne le 5 décembre, lors des cinq dernières années.

Des coupures d'électricité risquent-elles d'avoir lieu en France aujourd'hui ?

Le principe d'EcoWatt est de déterminer si les capacités de production sont en mesure de répondre à la consommation du moment, ou prévue dans les prochains jours, à l'échelle nationale. De multiples données sont donc prises en compte, comme la consommation en temps réel et la consommation prévue en France, tout comme les capacités maximales de production aux mêmes moments (à ne pas confondre avec la production effective réalisée).

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PRECISION : les données du jour et de la veille sont des cumuls réalisées par nos soins depuis le début de la journée à partir des données "temps réel" mises à disposition sur Data.gouv par l'Open Data Réseaux Énergies (ODRÉ), plateforme réunissant les données de GRTgaz, RTE, Teréga et plusieurs autres organismes clés du secteur de l'énergie en France. Les moyennes à la même date ces 5 dernières années sont calculées à partir des données "consolidées" de 2017 à 2021.

Production et consommation par quart d'heure en France

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Si la pénurie d'électricité menace la France cet hiver et peut amener les autorités à des délestages, c'est d'abord à cause de la production et non de la consommation d'énergie dans le pays. La production d'électricité est en effet perturbée depuis l'été dernier par d'importantes opérations de maintenance dans les centrales nucléaires françaises, doublées de problèmes de corrosion détectés sur des tuyauteries. EDF a annoncé début novembre que dix de ses 56 réacteurs seront toujours déconnectés du réseau en janvier, soit deux fois plus que prévu début septembre (ils étaient jusqu'à 32 à l'arrêt à la rentrée). 42 tranches devraient être disponibles courant décembre et 46 en janvier. EDF a aussi revu sa prévision de production, annonçant 275-285 térawattheures d'électricité d'origine nucléaire sur l'année 2022, contre 280-300 TWh prévus précédemment.

Dès le 18 octobre en conférence de presse, RTE a prévenu que les marges disponibles en hiver seront réduites et que la "vigilance" serait de mise en hiver jusqu'en 2024. Le gestionnaire du réseau annonçait plus récemment dans ses perspectives sur le système électrique en France un risque "élevé" de tensions en janvier et "quelques signaux EcoWatt rouge" possibles sur les mois de l'hiver. Des signaux rouges qui peuvent être synonymes de coupures d'électricité programmées, en cas de tension persistante. Sur BFMTV le 24 novembre, l'ancienne ministre Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie, a aussi indiqué que des coupures "ciblées" n'étaient pas à "exclure" en janvier ou février 2023 et que l'hiver 2023-2024, pourrait être plus tendu encore.

Le gouvernement communique pour sa part depuis la rentrée sur de possibles coupures d'électricité ou délestages programmés en cas de fortes tensions durant l'hiver. Des coupures de deux heures maximum, ciblées par quartier, en vue d'éviter un "black-out" sauvage et généralisé qui ferait chuter tout ou partie du réseau, avec de très lourdes conséquencesOfficiellement, ces délestages ne devraient intervenir qu'en cas d'hiver particulièrement rigoureux, mais les déclarations d'un représentant d'EDF à la mi-octobre ont accentué l'inquiétude. Selon ce cadre d'EDF, même en cas d'hiver "normalement froid", les coupures seront inévitables.

Dans un courrier envoyé le 4 novembre à EDF, la ministre de la Transition Agnès Pannier-Runacher a aussi demandé "de tout mettre en œuvre pour dégager de nouvelles marges de manœuvre pour le passage de l'hiver", notamment en boostant la production issue des barrages hydroélectriques et des éoliennes. Une augmentation de la puissance de ces installations, jusqu'ici limitée par la loi, était en question. Une redevance pesant sur les barrages hydroélectriques doit être supprimée via la nouvelle loi de finances tout juste adoptée. Concernant les éoliennes, bridées notamment pour éviter les nuisances, les "possibilités de débridage" sont analysées "site par site", mais de manière prioritaire.

Quelles sont les recommandations en cas de pic de consommation ?

Une baisse de la température de 1 degré entraîne statistiquement au niveau national une hausse de la consommation de 2400 mégawatts… RTE a donc dégainé un plan pour les pics de consommation qui ne manquent pas d'arriver durant l'hiver. Parmi les mesures qui peuvent être prises en cas de situation tendue, on trouve en premier lieu des alertes qui incitent les Français à réduire leur consommation. Selon le gestionnaire, une baisse de la consommation de 1 à 5% pourrait déjà suffire à éviter des coupures de courant lors des périodes de tensions sur le réseau électrique.  

Sur le site EcoWatt, RTE détaille les "écogestes" permettant de limiter sa consommation, notamment entre 8h et 13h et entre 18h et 20h, autrement dit quand les Français débutent leur journée et que l'activité économique s'accroit, puis quand les appareils électroménagers sont remis mis en fonctionnement et le chauffage très sollicité le soir, alors que certains salariés sont encore au bureau et que sont mis en route les éclairages publics. Parmi ces "écogestes" : 

  • Réduire autant que possible la température du chauffage
  • Décaler certains usages domestiques (lave-vaisselle, machine à laver, etc.)
  • Modérer l'utilisation des appareils de cuisson (par exemple en évitant les cuissons longues)
  • Eteindre les lumières inutiles
  • Prévoir une programmation spécifique du chauffage (par ex. en réduisant la température de 1°C supplémentaire)
  • Réduire la ventilation au niveau minimum requis
  • Eviter de recharger les véhicules électriques pendant les périodes de tension

Comment les coupures d'électricité vont se dérouler ?

Si les "écogestes" des consommateurs s'avèrent insuffisants en période de tension et si la situation l'exige, des délestages tournants sont donc envisagés, autrement dit des coupures d'électricité programmées sur une partie du réseau pendant une période donnée. Selon le plan dévoilé début décembre, c'est Enedis qui devrait se charger de ces délestages, sur alerte de RTE, en agissant sur des tranches entières du réseaux (jusqu'à 100 mégawatts ou 100 000 clients). La coupure interviendrait au niveau des postes sources alimentant des quartiers ou des communes entières.

Selon le plan du gouvernement, ces coupures pourraient intervenir "sur une courte période de moins de deux heures", le matin entre 8h et 13h et le soir entre 18h et 20h, soit les heures les plus consommatrices de la journée selon les estimations de RTE. Elles devraient se limiter à une seule coupure par jour, mais pourraient se répéter sur un ou plusieurs jours si nécessaire. Une même adresse ne devrait a priori pas être visée deux fois d'affilée et les coupures ne devraient pas intervenir durant les week-ends. Elles seraient en tout état de cause une solution de dernier recours. Ces modalités ont été confirmées lors du Conseil des ministres du 29 novembre et précisées dans une circulaire de Matignon aux préfectures début décembre.

Si elles étaient décidées, les coupures d'électricité seraient d'abord annoncées par un signal Ecowatt rouge trois jours à l'avance sur le site et l'application Ecowatt. Une carte des départements concernés serait publiée la veille à 15 heures. Puis à 17 heures, les utilisateurs pourront en théorie vérifier s'ils sont concernés sur le site Monecowatt.fr, dans un espace "Coupures temporaires", où il suffira d'entrer son adresse. Il sera également possible de contacter Enedis via le numéro de dépannage indiqué sur la facture d'électricité. Enedis continuera à suivre la situation et pourra revoir ses plans jusqu'à la fin de la nuit précédente, jusqu'à la dernière minute. Une coupure d'électricité annoncée ne sera donc pas forcément une coupure d'électricité réalisée.

Des baisses de tension peuvent aussi être décidées de manière préventive, autrement dit la réduction de 230 volts à 220 volts du réseau, une mesure quasi indolore pour les ménages selon les autorités. RTE peut aussi lancer un "ordre d'effacement" auprès des centaines de sites industriels dits "électro-intensifs", autrement dit un appel aux entreprises les plus gourmandes à décaler ou réduire l'utilisation de certains appareils ou à s'alimenter avec des sources d'énergie internes. La déconnexion volontaire de clients (moyennant indemnisation) ou l'arrêt de l'approvisionnement en électricité des des 21 sites industriels nationaux les plus "gourmands" sont aussi envisageables.

Paris, Lyon, Marseille... Quelles sont les villes à risque de coupure d'électricité ?

Si on sait que les grandes métropoles sont particulièrement gourmandes en énergie, difficile dans le détail de déterminer les villes les plus exposées aux pannes et délestages. Du point de vue des installations (sites) et de la consommation, les données sont régionales. On apprend ainsi que la région Ile-de-France enregistrait la plus forte consommation en 2015 avec 29,8 millions de mégawattheures et 6,3 millions de sites, suivie de la région Auvergne-Rhône-Alpes avec 23,9 millions de mégawattheures et 4,5 millions de sites et enfin par les régions PACA, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, entre 18 et 19 mégawattheures et environ 3,5 millions de sites.

En toute logique, les zones urbaines à forte concentration comme Paris, Lyon, Marseille et plusieurs autres villes sont les plus consommatrices et donc, peut-être, les plus exposées. La Bretagne vient s'ajouter à la liste, avec la Provence-Alpes-Côte d'Azur, "péninsule électrique" et donc territoire sensible.