France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Coupure de gaz : encore possible malgré les stocks français remplis ?

Coupure de gaz : encore possible malgré les stocks français remplis ? COUPURE DE GAZ. Les stocks de gaz français sont remplis à plus de 99% a annoncé la Commission de régulation de l'énergie le 5 octobre. Cela devrait permettre d'éviter les coupures mais de fortes tensions sur le réseau gazier restent possibles.

[Mis à jour le 5 octobre 2022 à 10h52] Les stocks de gaz français sont "remplis à plus de 99%". C'est la bonne nouvelle qu'a annoncé la Commission de régulation de l'énergie (CRE) le mercredi 5 octobre à l'issue de la campagne de remplissage des réserves. Le communiqué précise que ce sont près de 130 TWh de gaz qui sont stockés pour tenir toute la saison hivernale 2022/2023. Un volume "supérieur à la moyenne des dernières années" et qui "représente environ 2/3 de la consommation hivernale des PME et des particuliers". Non seulement d'être rassurant, le remplissage à pleine capacité des stocks de gaz se rapproche d'un exploit compte tenu des difficultés d'approvisionnement et de la hausse en flèche des prix du gaz. Dans ce contexte de crise énergétique généralisée et étendue à l'Europe, la France est l'un des rares pays avec la Belgique et le Portugal à avoir rempli à ras bord ses stocks.

S'ils sont pleins, les stocks de gaz seuls ne permettront pas de passer tout l'hiver à l'abris et pour composer les consommations hivernales, la France mise sur les "importations de gaz norvégien, de gaz naturel liquéfié ainsi que les échanges avec nos voisins européens" qui se poursuivront tout au long de la saison note la CRE. Toutes ces mesures et précautions réduisent considérablement le risque pour les entreprises et les particuliers de subir des coupures et coupent court aux hypothèses de pénuries mais la commission régulatrice prévient que "des situations de tension sont néanmoins possibles en fonction des conditions du passage de l'hiver." C'est donc en grande partie des températures hivernales que dépend la capacité pour la France de tenir l'hiver mais la consommation d'énergie est aussi un facteur important. Aussi la CRE rappelle qu'un "effort collectif massif visant à réduire nos consommations d'énergie, associant entreprises, administrations, collectivités et particuliers est indispensable." Cette mise en garde et cet énième rappel à la sobriété énergétique va dans le sens du discours de l'exécutif qui doit d'ailleurs présenter son plan détaillé le jeudi 6 octobre.

Les stocks de gaz sont-ils suffisants pour éviter les coupures cet hiver ?

Le gouvernement et les opérateurs du réseau gazier mettent en avant le taux de remplissage des stocks qui sont pleins selon le communiqué de la Commission de régulation de l'énergie publié le 5 octobre. Mais ces stocks sont-ils suffisants pour couvrir toute la consommation de gaz en hiver ? Non. Au plus fort de sa capacité, le stockage français peut contenir 128,5 TWh ce qui correspond à 28,5% de la consommation annuelle des Français selon les données de Gas Infrastructure Europe (GIE). Soit "2/3 de la consommation hivernale des PME et des particuliers" selon la CRE.

Les stocks de gaz remplis à ras bord permettent d'éviter le pire des scénarios mais pour échapper totalement au risque de coupure de gaz il faut "dès maintenant" faire des économies d'énergie pour reprendre les mots du directeur de GRTgaz prononcés le 14 septembre. Le responsable a d'ailleurs annoncé des "risques de réductions imposées de la consommation qui concerneraient seulement les grands consommateurs". En plus de la sobriété énergétique, il faut compter sur la poursuite de l'approvisionnement en gaz et c'est là que la bât blesse puisque depuis le 1er septembre, les livraisons de gaz russe sont à sec. Mais une solution a été trouvée auprès du voisin norvégien et du gaz naturel liquéfié. Reste qu'avant le début de l'hiver, GRTgaz a déjà remarqué une baisse de la consommation de gaz de 4 à 5%, sans doute plus due aux prix galopants du gaz qu'aux appels répétés à la sobriété.

Quels sont les risques de pénuries de gaz en France ?

Si des coupures de gaz, bien que rares selon les estimations des professionnels du secteur, pourraient intervenir cet hiver, le risque d'être en pénurie de gaz est lui exclu pour la France. Au pire, l'Hexagone pourrait subir des tensions sur le réseau gazier mais ces dernières et leurs conséquences sont difficilement évaluables. La météo et les températures minimales de la saison hivernale seront déterminantes de la capacité des stocks à subvenir aux besoins de tous. Si l'hiver 2022 arrive avec des températures de saison voire plutôt douces les risques de coupures seront minimes. Mais le gouvernement préfère se préparer au pire des scénarios avec des vagues de froid importantes et répétées, dans ce cas des actions pourraient être menées pour réguler la consommation des gaz. Avant d'envisager des coupures touchant tout le monde, des rationnements pourraient être mis en place à destination des professionnels et des entreprises.

Les prévisions de Météo France pour cet hiver sont attendue pour fin septembre et permettront de mieux anticiper les risques de coupures de gaz si nécessaire. Si la saison s'annonce trop rude, les entreprises et les usines seront "les premières touchées" par le rationnement et les coupures. Mais les professionnels comme les particuliers sont appelés dès maintenant à réduire au maximum leur consommation "compte tenu de leur moyens". Seules les personnes en précarité énergétique n'auront pas besoin de fournir d'effort supplémentaires à repréciser Elisabeth Borne le 14 septembre.

Des coupures de gaz comme solution ? Pour qui ?

Le but du gouvernement reste d'éviter les coupures de gaz par l'anticipation et surtout la réduction de la consommation d'énergie. L'objectif d'une réduction de 10% a été posé par Elisabeth Borne à l'adresse des entreprises et des professionnels, mais aussi des particuliers, en début septembre. Cette réduction doit être rendue possible par un plan de sobriété énergétique que chaque entreprise doit établir dès septembre. Les premières pistes de réflexion de la baisse de la consommation portent sur le chauffage - les entreprises pourraient être invitées à baisser à 19°C la température de leur locaux cet hiver - ou encore sur les publicités lumineuses. Le Conseil d'Etat examine d'ailleurs un décret portant sur l'interdiction d'allumer les logos et les locaux des entreprises durant la nuit.

La diminution du recours au chauffage est aussi une mesure à laquelle les particuliers sont invités. Il s'agirait de baisser d'un ou de quelques degrés la température pour s'approcher ou atteindre les 19°C. Pour les ménages, la sobriété énergétique doit surtout passer par des réflexes au quotidien et des écogestes. Le gouvernement a annoncé la diffusion prochaine d'une campagne de communication sur les bons gestes à avoir pour réduire sa consommation de gaz. 

Par ailleurs, des coupures de gaz, ponctuelles, pourraient être décidées. "Si toutes les hypothèses défavorables, il pourra y avoir des restrictions", a prévenu Elisabeth Borne toujours au début du mois de septembre. Mais elles ne concerneront pas les foyers. "Il n'y aura pas de coupure de gaz pour les ménages", a-t-elle rassuré. Ce sont les entreprises qui pourraient être concernées : "sur le gaz, on ne va pas couper les particuliers. Donc, on discute avec les entreprises qui consomment beaucoup de gaz pour regarder quelles seraient les conséquences si on coupe le gaz dans une entreprise." Mais le dispositif n'en est qu'à l'ébauche, à ce stade.

SI votre gaz est coupé, notamment en cas d'arrêt généralisé, il faut que vous contactiez le service spécialisé de GRDF (Gaz réseau de distribution France) au 0 800 47 33 33. Notez que le gestionnaire a l'obligation de vous prévenir en amont. Ainsi, le client doit pouvoir cesser sa consommation. Normalement, si l'on en croit les dernières nouvelles apportées par le directeur de l'opérateur du réseau de transport GRTgaz, Thierry Trouve, le mercredi 14 septembre dans un communiqué. Toutefois, GRTgaz a mis en garde sur des "situations de tension [qui] pourraient toutefois se développer en cours d'hiver", faisant notamment mention des "risques de réductions imposées de la consommation qui concerneraient seulement les grands consommateurs".