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Coupures d’électricité : Borne et Macron montent en tension contre l’affolement collectif

«Stop à tout ça !» C’est un Emmanuel Macron électrique que l’on a retrouvé en arrivant à un sommet européen à Tirana, en Albanie. «Nous sommes un grand pays, nous avons un grand modèle énergétique, nous allons tenir cet hiver malgré la guerre. Et je demande à chacun de faire son travail», a lancé le président français. «Les scénarios de la peur, pas pour moi ! On reste tous unis et on avance», a conclu Emmanuel Macron qui a également jugé «stupide» le «débat» de «ces dernières heures».

Un porte-parole du fournisseur Enedis Laurent Méric a allumé bien involontairement la mèche lundi sur le plateau de BFMTV, détaillant le protocole destiné à «prévenir et éventuellement aider» les quelque 4 000 malades insuffisants respiratoires sous assistance qui pourraient se retrouver, le cas échéant, en zone coupée. S’il doit y avoir des coupures, a-t-il expliqué, elles concerneront une zone entière soit «à peu près 2 000 clients sur deux heures maximum» et ne peuvent donc épargner un compteur spécifique. Il n’en fallait pas moins pour que l’opposition s’engouffre dans la brèche.

«Les gens qui sont sous respirateur artificiel et dont la vie est mise en cause par l’arrêt de ce respirateur artificiel ne sont pas essentiels au gouvernement», s’est indignée la cheffe de file des députés Rassemblement national, Marine Le Pen. La députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau a suggéré de couper l’électricité «dans des infrastructures extrêmement consommatrices comme les aéroports» ou les supermarchés mais de «garder les écoles ouvertes». La France Insoumise a dénoncé le «travail pas fait sur la sobriété, les rénovations thermiques et les renouvelables» et le Parti communiste a déploré une «communication chaotique» de l’exécutif.

«Propos maladroits»

«Contrairement à ce que des propos maladroits ont pu laisser penser, nos hôpitaux seront toujours alimentés en électricité et les personnes malades à domicile seront toujours prises en charge», a assuré la Première ministre Elisabeth Borne. Ces patients seront dans tous les cas contactés et éventuellement évacués, selon les autorités. «Notre engagement de tous les instants, c’est de mobiliser chacun pour assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité, notre responsabilité, c’est de planifier tous les scénarios sans faux-semblant mais sans agiter de fausses peurs», a-t-elle ajouté.

Même si la situation s’améliore, la production électrique française, largement appuyée depuis les années 1970-1980 sur le nucléaire, a chuté à un niveau historiquement faible en raison de problèmes de maintenance des réacteurs d’EDF. Selon EDF, il reste 20 réacteurs à l’arrêt (sur un parc de 56) pour des maintenances programmées ou des problèmes de corrosion, et neuf doivent redémarrer d’ici fin décembre.

«Même s’il fait très froid, ce n’est pas certain qu’on ait besoin de coupures», a rappelé mardi le président du directoire de RTE Xavier Piechaczyk lors d’une table ronde au Medef. «Quand bien même on en aurait besoin, les entreprises, les collectivités et les ménages sont capables de réduire de quelques pour cent leur consommation», a-t-il ajouté, en martelant qu’il ne s’agit «pas de mettre des usines à l’arrêt».

Pour le PDG d’Engie Jean-Pierre Clamadieu, la vague d’inquiétude et de polémiques actuelle ne concerne en fait que «quelques heures de consommation dans des jours de grand froid, en matinée et en après-midi». «Se préparer me paraît parfaitement légitime. En revanche, l’enjeu, aujourd’hui, c’est d’éviter que cela ne se réalise», a-t-il observé. Engie vient de conduire un test auprès de plus d’un million de clients volontaires qui avaient droit à un bonus en échange d’un décalage de leur consommation vers les heures creuses, un test très concluant, a-t-il souligné.