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Couronnement de Charles III : revivez la journée qui a vu Charles et Camilla être officiellement couronnés

Live terminé

Le roi Charles III et la reine Camilla ont été couronnés samedi à l’abbaye de Westminster, à Londres. La famille royale a ensuite salué la foule depuis le balcon du palais de Buckingham. Marc-Olivier Bherer, journaliste au « Monde », a répondu à vos questions sur la nostalgie de l’Empire britannique.

Le roi Charles III est couronné

L’archevêque de Canterbury place la couronne de saint Edouard sur la tête du roi Charles III.

Huit mois après être devenu roi, Charles III a été couronné ce samedi à l’abbaye de Westminster. L’archevêque de Canterbury, Justin Welby, a déposé la couronne de Saint-Edouard sur la tête du nouveau roi.

Le roi Charles III du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord.

Le programme de la journée

Cette journée historique débutera par la « procession du roi » qui rejoindra en carrosse l’abbaye de Westminster depuis le palais de Buckingham sur un parcours d’environ 2 kilomètres.

La cérémonie elle-même commencera à 11 heures (midi à Paris) et durer environ une heure, sous la direction de l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef spirituel de l’Eglise anglicane. Agrémentée d’œuvres musicales issues du répertoire classique, mais aussi de compositions plus modernes, elle est censée « refléter le rôle du monarque aujourd’hui et se tourner vers l’avenir, tout en étant enracinée dans les traditions et l’apparat historiques », selon le palais.

Même si Charles III a voulu un service plus simple et plus court que celui de la reine Elizabeth II, devant un parterre d’invités limité à 2 000 personnes (dirigeants étrangers, têtes couronnées, élus, société civile), certaines étapes sont intangibles. Une fois entré dans l’abbaye, le roi sera présenté et acclamé par l’assistance avant de prêter serment. Le serment du couronnement, rédigé en 1688, a connu des variantes au fil des siècles. Elizabeth II avait par exemple juré de gouverner « selon leurs lois » les peuples du Royaume-Uni et des quatorze autres pays sur lesquels règne la Couronne et de défendre la religion anglicane dont le monarque est le chef suprême. Charles pourrait avoir un propos plus œcuménique, en direction de toutes les fois.

Ensuite, le roi, assis sur la chaise du roi Edouard Ier, recevra l’onction d’huile de l’archevêque, puis les attributs royaux : la robe royale, l’orbe (un globe en or surmonté d’une croix), le sceptre et la couronne de Saint-Edouard qui sera déposée sur la tête du souverain. Les membres de la famille royale lui rendront hommage. Le roi et la reine Camilla, également couronnée lors de la cérémonie, repartiront en carrosse pour la « procession du couronnement » vers Buckingham, accompagnés cette fois d’un cortège de près de 4 000 militaires en habits d’apparat.

La famille royale apparaîtra enfin au balcon du palais pour saluer la foule et assister au survol d’avions de la Royal Air Force.

Tout le live

Ce direct est désormais terminé

Merci à toutes et à tous d’avoir été avec nous !

Ce qu’il faut retenir de la journée :

  • Charles III est devenu en septembre roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, ainsi que de quatorze pays du Commonwealth, du Canada à l’Australie en passant par la Jamaïque, à la mort de sa mère Elizabeth II, à l’âge de 96 ans. Son sacre, unique en Europe, en est la confirmation religieuse et le Royaume-Uni n’en avait plus vu depuis 1953. S’il a été modernisé avec une durée plus courte, des représentants des principales religions et du gospel chanté en plus des classiques, ce rituel millénaire a donné l’occasion à la monarchie britannique de déployer toute la pompe dont elle a le secret.
  • La police a procédé samedi en amont de la cérémonie à des dizaines d’arrestations à Londres, dont six militants antimonarchistes. La police a arrêté « six de [ses] organisateurs et (…) saisi des centaines de pancartes » portant le slogan « Not my King » (« pas mon roi »), a dit à l’Agence France-Presse un porte-parole du groupe Republic dont des centaines de partisans étaient rassemblés tôt samedi matin à Trafalgar Square, sur le parcours de la procession. Le président de Republic, Graham Smith, fait partie des personnes arrêtées, a précisé le groupe. Le groupe écologiste Just Stop Oil a aussi fait savoir que dix-neuf de ses militants avaient été arrêtés aux abords de l’itinéraire prévu pour la procession.
  • L’ONG Human Rights Watch a dénoncé ces arrestations. « Les informations faisant état de personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement contre le couronnement sont incroyablement inquiétantes. C’est quelque chose que l’on s’attend à voir à Moscou, pas à Londres », a dit la responsable de l’organisation au Royaume-Uni, Yasmine Ahmed, dans une déclaration.
  • Samedi, des centaines de personnes ont aussi manifesté à Cardiff, au Pays de Galles, pour s’opposer à la monarchie, avant de se réunir dans un parc de la ville pour un « grand déjeuner républicain », réplique au « Big Lunch » prévu dimanche dans tout le Royaume-Uni en honneur du couronnement.
  • Inaudible sous le règne d’Elizabeth II, le mouvement républicain entend profiter de la popularité moins grande de Charles III pour faire entendre sa voix. Selon un récent sondage YouGov, la majorité des Britanniques (58 %) sont toujours favorables au maintien de la monarchie, mais ce sentiment baisse chez les jeunes. Seuls 32 % des 18-24 ans y sont favorables ; 38 % souhaitent un chef d’Etat élu et 30 % sont sans opinion.

A Londres : le couronnement, « même si on ne s’y intéresse pas, cela fait partie de l’identité britannique »

Tous les Britanniques n’ont pas vécu le couronnement de Charles III de la même manière, samedi. A l’écart des étendards en pagaille et des couronnes en plastique, Amy Mills, 28 ans, avoue ne pas beaucoup s’intéresser à la famille royale ou à la monarchie en général. « Comme beaucoup de jeunes de ma génération », avance-t-elle. Elle n’irait toutefois pas jusqu’à dire qu’elle s’en fiche, ni même qu’il faut abolir la monarchie au Royaume-Uni – « elle ne le sera jamais d’ailleurs », selon elle.

« C’est un sentiment ambivalent, explique-t-elle. Même si on ne s’y intéresse pas, cela fait partie de l’identité britannique. » D’autant que la famille royale attire les touristes et fait tourner l’économie du pays, selon elle. Ce matin, elle a tout de même suivi la cérémonie à télévision depuis chez elle. C’est un « événement historique important », reconnaît-elle, ajoutant que pour beaucoup de Britanniques, comme ses parents, il s’agissait du seul couronnement auquel ils assisteront. En ce qui la concerne, elle devrait encore voir « celui de William, puis celui de Georges… encore trop de couronnements à venir pour moi ! », ironise-t-elle.

Alors ce soir, et tout ce week-end, elle ne considère pas avoir quelque chose à célébrer. Elle a bien prévu de sortir – « c’est toujours bien d’être dans le centre de Londres pour profiter de l’énergie qui se dégage de ce genre d’événement », reconnaît Amy – mais elle compte éviter les quartiers et les endroits qu’elle devine bondés. Presque comme un samedi ordinaire.

Sandra Favier

Piccadilly Circus fourmille toujours après le couronnement de Charles III

La pluie n’arrête pas les Britanniques, qui n’ont pas déserté les rues londoniennes après la fin de la cérémonie du couronnement. Piccadilly Circus fourmille, et les boutiques alentour ne désemplissent pas.

Le roi Charles III sur l’un des écrans de Piccadilly Circus.
Sandra Favier

Manifestations et arrestations d’antimonarchistes

Alors que le roi Charles III était couronné à l’abbaye de Westminster, à quelques centaines de mètres, des militants pour l’abolition de la monarchie manifestaient contre ce système vieux de mille ans.

A Londres : « Je souhaite à Charles III plus de chance qu’à Charles Iᵉʳ et Charles II »

Kim Harvey a attendu de donner son nom pour laisser comprendre ses origines. « Sir Kim Harvey », insiste sa femme Sue. « Mon grand-père était un comte. J’ai du sang bleu. » Et eux qui étaient au mariage de Kate et William, d’Harry et Meghan et à l’enterrement de la reine Elizabeth II voulaient absolument être présents.

« Je souhaite à Charles III plus de chance qu’à Charles Iᵉʳ et Charles II », sourit Kim. Le premier a fini exécuté en 1649, tandis que le second a passé de nombreuses années en exil pendant la brève période républicaine de l’Angleterre.

Kim et Sue Harvey voulaient absolument être présents au couronnement de Charles III et de Camilla. Eric Albert (Londres, correspondance)

A Londres : « Mieux vaut un monarque qu’un dictateur, n’est-ce pas ?  »

Samedi, les déçus du Mall – les autorités empêchaient d’accéder aux zones le long de la procession quand il n’y avait plus de place – ont trouvé refuge dans les parcs londoniens.

A Hyde Park, des écrans géants permettaient de suivre la cérémonie du couronnement dans un confort tout relatif. Installés sur des tabourets, avec un drapeau britannique en guise de couverture, Cathlyn et John Hammond, 52 et 55 ans, n’avaient pas anticipé une telle affluence dans la capitale. « Les gens, et surtout les jeunes, croient moins en la monarchie aujourd’hui », anticipait John. D’autant que « beaucoup ne sont pas très favorables à Charles en raison de ce qu’il s’est passé avec Diana et Camilla », ajoutait Cathlyn. Pourtant « il sera un bon roi », croient-ils tous les deux. « Il a les mêmes qualités que sa mère. »

Cathlyn et John Hammond, 52 et 55 ans. Elle travaille dans le social, lui, dans la construction. Ils sont venus de leur petite ville de province ce matin.

Et si seulement 30 % des Britanniques pensent que la monarchie est encore « très importante » selon une étude du Centre national de recherche sociale, ce n’est pas forcément en raison de la mauvaise conjoncture économique au Royaume-Uni, selon John. Le soutien à la monarchie « dépend surtout de la façon dont on est élevé et de l’environnement dans lequel on évolue », théorise-t-il, prenant pour exemple la famille de sa femme, royaliste depuis au moins trois générations. La question ne semble même pas se poser quelques mètres plus loin.

Sur un banc à l’écart de la foule, Suzanne Docherty, 60 ans, et Annette Watkins, 58 ans, considèrent l’événement comme un « moment historique ». Les deux sœurs, venues de South Wales pour le week-end avec leur mère de 80 ans, voulaient partager « ce moment de bonheur » et de cohésion nationale. Pour elles aussi, la famille royale n’a pas d’impact réel sur la vie quotidienne des Britanniques, « on aime juste savoir qu’on a un roi », avance Suzanne. « Mieux vaux un monarque qu’un dictateur, n’est-ce pas ? »

Sandra Favier

A Londres : « Personne au monde ne fait la pompe et les défilés comme les Britanniques »

Karen McRae a assisté à quatre mariages royaux, un enterrement (celui de la princesse Diana) et trois jubilés. « Il était hors de question de rater ça. Je devais ajouter un couronnement à la liste. »

Elle est venue du Yorkshire avec son mari, Torquil, hier, est trempée après la petite pluie fine qui a couvert les cérémonies, mais ravie. « Personne au monde ne fait la pompe et les défilés comme les Britanniques. »

Torquil et Karen McRae, venus du Yorkshire. Eric Albert (Londres, correspondance)

Tribune. « A terme, la survie de la monarchie britannique dépendra du soutien du gouvernement et du peuple »

Au Royaume-Uni, le souverain possède un rôle constitutionnel de premier plan et une influence que seule sa popularité lui permet d’exercer, prévient le professeur de politique européenne au King’s College de Londres Anand Menon, dans une tribune au Monde.

Le couronnement de Charles III, une cérémonie qui n’enthousiasme pas tous les Britanniques

Cela fait soixante-dix ans que les Britanniques n’ont pas vécu une telle cérémonie. Le centre de Londres est pavoisé de drapeaux, 7 000 soldats ont minutieusement répété une parade militaire historique. Pourtant, il y a peu d’excitation dans l’air, moins qu’à la veille du jubilé de platine d’Elizabeth II, au printemps 2022.

L’analyse de Cécile Ducourtieux, notre correspondante à Londres, est à lire en intégralité ci-dessous :

Lire aussi : Le couronnement de Charles III, une cérémonie qui n’enthousiasme pas les Britanniques

Selon des prévisions non confirmées, l’opération « Golden Orb » pourrait coûter à la nation entre 50 millions et 100 millions de livres sterling. Elle sera financée par le gouvernement.

Le couronnement d’Elisabeth II avait coûté 912 000 livres de 1953, soit 20,5 millions de livres d’aujourd’hui, celui de George VI, en 1937 avait coûté 454 000 livres, l’équivalent de 24,8 millions de livres en 2023 : c’était le couronnement le plus cher de ces trois cents dernières années.

A la mi-avril, un sondage YouGov montrait que 51 % des personnes interrogées pensaient que la cérémonie ne devrait pas être financée par le gouvernement. Près d’un tiers d’entre eux (32 %) estime qu’elle devrait l’être, tandis qu’environ 18 % ne savent pas ce qu’il en est.

Graham Smith, directeur général du groupe de campagne Republic, a qualifié le couronnement de « pantomime coûteuse » et de « gifle pour des millions de personnes qui luttent contre la crise du coût de la vie ».

De fait, le Guardian estime la fortune personnelle de Charles III à 1,8 milliard de livres sterling.

Le couronnement de Charles III entousiasme... les Français

Selon Le Quotidien du tourisme, les Français ont réservé en masse pour l’occasion : la socété eDreams a mesuré une augmentation de 43 % des réservations de vols pour Londres pour la période du premier week-end de mai en 2023 (4 au 7) contre l’année dernière (5 au 8 mai 2022). Les Français, les Polonais et les Australiens sont les nationalités à avoir le plus cherché des réservations vers l’Angleterre pendant ce week-end, mais les Français sont ceux à avoir le plus réserver le week-end à Londres.

Selon les données de plusieurs moteurs de recherche consacrés aux voyages reprises par BFM-TV mardi 2 mai, les Français sont les touristes les plus friands de l’événement. Ainsi, les recherches de vols à destination de Londres ont augmenté de 207 % pour le week-end du 6 mai selon Kayak, et de 265 % d’après Expedia. En outre, les recherches d’hôtels pour séjourner à Londres ce même week-end ont également connu un boom avec une hausse de 435 % à la suite de l’annonce de la date du couronnement.

De Bruxelles à Washington, félicitations en cascade pour le roi Charles III

De nombreux pays ont adressé leurs félicitations au nouveau souverain britannique, couronné en grande pompe samedi à Londres à l’âge de 74 ans.

Emmanuel Macron a félicité Charles III et la reine Camilla pour leur couronnement, saluant des « amis de la France ». « Félicitations au roi Charles III et à la reine Camilla, amis de la France », a écrit le chef de l’Etat sur Twitter.

Le président américain, Joe Biden, a félicité les souverains sur son compte Twitter : « La longue amitié entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni est une source de force pour nos deux peuples », a-t-il assuré, se disant « fier » que son épouse Jill représente les Etats-Unis à la cérémonie à Londres.

Le couronnement de Charles III « est un témoignage de la force durable de la monarchie britannique, un symbole de stabilité et de continuité », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur Twitter. « Mes félicitations au roi Charles III et à la reine Camilla », a-t-elle ajouté, en publiant des photos de la cérémonie à l’abbaye de Westminster où elle était présente.

  • Pékin appelle au « développement » et à la « paix »

    En félicitant le nouveau souverain britannique, le président chinois, Xi Jinping, a appelé Londres à mettre en œuvre une stratégie de long terme pour la « paix » et « la coopération ». « La Chine et le Royaume-Uni, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, doivent adopter une approche stratégique et de long terme pour promouvoir le mouvement historique vers la paix, le développement et la coopération gagnant-gagnant », selon les déclarations du dirigeant chinois, relayées par l’agence officielle Chine nouvelle. « La Chine est prête à travailler avec le Royaume-Uni pour améliorer l’amitié entre leurs deux peuples », a ajouté le président Xi.

    En visite au Kenya, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a salué l’arrivée sur le trône d’un allié sur la cause du climat. « Pour moi, c’était et c’est toujours très important qu’il s’agisse de quelqu’un qui est attaché à une coopération étroite entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne et qui a aussi son propre combat pour faire avancer la protection du climat, a-t-il déclaré. Cela nous aidera aussi. »

    Sur Twitter, la première ministre italienne, Giorgia Meloni, a adressé ses « meilleurs vœux au roi Charles III, à la reine Camilla et à l’ensemble du peuple britannique ». La dirigeante d’extrême droite en a aussi profité pour saluer le savoir-faire italien, à l’honneur dans l’abbaye de Westminster où Charles III a été couronné. Le Cosmati Pavement, le sol de mosaïque sur lequel reposait samedi le trône du nouveau monarque, a été « magistralement créé par l’artisanat italien » et « continue aujourd’hui d’impressionner le monde et de rappeler la riche coopération entre l’Italie et le Royaume-Uni qui, nous en sommes certains, (…) se renforcera encore avec le roi Charles », a souligné Mme Meloni.

  • Athènes félicite « un ami de la Grèce »

    Dans un message en anglais posté sur Twitter, le ministère des affaires étrangères grec a « chaleureusement félicité Sa Majesté le roi Charles III », voyant en lui un « fidèle ami de la Grèce ». « Tout en lui souhaitant du succès dans ses missions, nous sommes impatients de continuer notre excellente coopération et d’approfondir encore nos relations bilatérales historiques », a ajouté le ministère.

  • Tribune. « La monarchie britannique est une tapisserie mitée et médiatisée à outrance »

    L’écrivain britannique Will Self déplore, dans une tribune au Monde, la passion de nombre de ses concitoyens pour les institutions monarchiques et la famille royale, pourtant de moins en moins populaires. Il assimile cette fascination à une forme de « dissonance cognitive ».

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    Merci pour vos questions nombreuses.

    Plusieurs pays s’interrogent sur la valeur et le sens de leur appartenance au Commonwealth, ou encore si le fait d’avoir un monarque étranger comme chef d’Etat n’est pas dépassé. Dans les Caraïbes, espace longtemps soumis à l’esclavage, la monarchie est un vestige colonial dont certains aimeraient en effet se débarrasser. Je connais trop peu la question pour me prononcer, mais en 2022, une visite de Kate et William en Jamaïque n’a pas laissé le meilleur souvenir. Des photos prises à l’occasion de ce déplacement montrent l’héritier qui s’approche d’une foule amassée derrière un grillage… Mais il avait pris le temps, dans son discours, d’évoquer le dégoût qu’il ressentait pour l’esclavage.

    Au Canada, le Québec continue d’avoir un profond désamour pour la Couronne. Récemment, les députés québécois se sont affranchis du serment au roi. Je peux me tromper, mais je crois que le Canada anglais reste attaché à ce lien avec le Royaume-Uni.

    Marc-Olivier Bherer

    La question de l’esclavage occupe une place centrale. La recherche avance sur le sujet et les chiffres en la matière sont clairs : un quart des 12 millions d’Africains enlevés pour servir d’esclaves en Amérique ont fait la traversée sur des navires britanniques, d’après la Trans-Atlantic Slave Trade Database. La couronne britannique y a pris part, comme l’a démontré The Guardian. Mais un autre débat s’annonce, selon certains des chercheurs rencontrés pour cet article : les « victoires » de l’empire. La toponymie du Royaume-Uni célèbre toujours des héros de l’empire qui ont réprimé durement certaines révoltes, avec une terrible violence.

    Ce sont des questions qui traversent plusieurs sociétés, la France n’y échappe pas. La recherche avance, les peuples qui ont subi le colonialisme demandent reconnaissance, mais il y a aussi un mouvement de ressac, rejetant cet examen de conscience. Le Royaume-Uni n’a cependant pas l’habitude de ce genre de querelles intellectuelles, le pragmatisme prévaut et rend le pays généralement peu enclin à ce genre de débat. Le populisme y est aussi pour quelque chose. Ce mode politique scinde la société en deux, entre un peuple légitime et une altérité condamnée (les étrangers, les élites). Un passé mythique où prévalait l’homogénéité est souvent convoqué pour justifier les divisions que sème le populisme.

    Marc-Olivier Bherer

    Charles III et la reine Camilla saluent la foule depuis le balcon du palais de Buckingham

    Le roi Charles III et la reine Camilla, accompagnés des membres actifs de la famille royale, sont sortis sur le balcon du palais de Buckingham samedi pour saluer des dizaines de milliers de personnes rassemblées pour leur couronnement.

    Portant couronne et en tenue d’apparat, le roi et la reine étaient entourés notamment de l’héritier du trône, William, avec son épouse, Kate, et leurs enfants, ainsi que d’Anne et Edward, frère et sœur du souverain. Ils ont assisté à un défilé aérien, dont la durée a été réduite en raison de la pluie, sont rentrés dans le palais puis sont ressortis afin de saluer brièvement une nouvelle fois la foule compacte malgré le temps pluvieux.

    Ni le fils cadet de Charles, Harry, ni son frère Andrew, tous les deux en retrait de la monarchie, n’étaient là. Le duc de Sussex (Harry) et le duc d’York (Andrew) ne sont plus membres actifs de la famille royale, le premier, depuis son départ volontaire aux Etats-Unis avec son épouse, Meghan, en 2020, tandis que le second est tombé en disgrâce après des accusations d’agression sexuelle qu’il dément et qu’il a soldées par un accord financier. Ils ont tous les deux assisté au couronnement depuis le troisième rang de l’abbaye de Westminster.

    Comme le veut la tradition, le roi Charles III et son épouse, la reine Camilla, ont salué la foule venue nombreuse.

    Le Brexit ne s’est pas joué uniquement sur la nostalgie de l’empire. Le discours pro-Brexit faisait des références plus ou moins voilées à ce passé, mais son répertoire était bien plus large. La question de l’immigration a aussi été centrale. Danny Dorling, le géographe cité dans mon article, a compilé des chiffres impressionnants sur ce sujet, sur la fréquence à laquelle ce sujet a été abordé par la presse et les médias au cours de la campagne.

    La promesse d’une restauration était bien au cœur du Brexit. Mais redonner au pays sa grandeur, en Angleterre, c’est inévitablement évoquer le souvenir de l’empire, le moment où cette nation gouvernait le monde plutôt que d’être une puissance moyenne appartenant à un club d’égaux, l’Union européenne. La décision de rejoindre l’Europe dans les années 1970 a d’ailleurs été présentée à l’époque comme un moyen de compenser le prestige perdu.

    Marc-Olivier Bherer

    Le contexte

    Live animé par Clémence Apetogbor

    • Le roi Charles III a été couronné samedi 6 mai à Londres, lors d’une cérémonie religieuse organisée avec toute la pompe dont la monarchie britannique a le secret.
    • Ne manquait que l’enthousiasme du public, plus préoccupé par l’inflation que par ce nouveau mais déjà vieux roi de 74 ans, qui voudrait adapter l’institution multiséculaire à son époque, de l’environnement à la diversité, mais qui peine à incarner le renouveau et qui reste moins populaire que son héritier, William.
    • Huit mois après que Charles a accédé au trône – à la mort de la reine Elizabeth II, à 96 ans –, c’est pourtant l’heure de la consécration publique pour le chef d’Etat du Royaume-Uni mais aussi de quatorze autres royaumes, du Canada à l’Australie en passant par les Bahamas.
    • Il est devenu le 40monarque britannique à être couronné à l’abbaye de Westminster depuis Guillaume le Conquérant en 1066. A ses côtés a également été couronnée la reine Camilla, 75 ans, qui a évolué longtemps dans l’ombre de la princesse Diana.
    • La police a procédé samedi, en amont de la cérémonie, à des dizaines d’arrestations à Londres, dont six militants antimonarchie. Elle a arrêté « six de [ses] organisateurs et a saisi des centaines de pancartes » portant le slogan « Not my King » (pas mon roi), a dit à l’Agence France-Presse un porte-parole du groupe Republic, dont des centaines de partisans étaient rassemblés tôt samedi matin à Trafalgar Square, sur le parcours de la procession. Le président de Republic, Graham Smith, fait partie des personnes arrêtées, a précisé le groupe.
    • L’ONG Human Rights Watch a dénoncé ces arrestations. « Les informations faisant état de personnes arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement contre le couronnement sont incroyablement inquiétantes. C’est quelque chose que l’on s’attend à voir à Moscou, pas à Londres », a dit la responsable de l’organisation au Royaume-Uni, Yasmine Ahmed, dans une déclaration.
    • Des centaines de personnes ont aussi manifesté à Cardiff, au Pays de Galles, pour s’opposer à la monarchie. Avant de se réunir dans un parc de la ville pour un « grand déjeuner républicain », réplique au « big lunch » prévu dimanche dans tout le Royaume-Uni en honneur du couronnement.
    • Nous avons suivi les événements tout au long de la journée avec nos journalistes sur place. Marc-Olivier Bherer, du service Idées, a répondu à vos questions sur la nostalgie de l’empire lors d’un tchat.

    Pour aller plus loin :

    Analyse. Le couronnement de Charles III, une cérémonie qui n’enthousiasme pas les Britanniques

    Enquête. La nostalgie de l’Empire britannique, une querelle anglaise

    Tribune. Will Self, écrivain : « La monarchie britannique est une tapisserie mitée et médiatisée à outrance »

    Tribune. Anand Menon, professeur au King’s College de Londres : « A terme, la survie de la monarchie britannique dépendra du soutien du gouvernement et du peuple »

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