France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Covid-19 : les pharmaciens alertent sur un «trafic» de Paxlovid vers l'étranger

Ce médicament de Pfizer «fait l'objet d'un trafic prenant de l'ampleur et destiné à une exportation clandestine, avec des ordonnances falsifiées ou non», a mis en garde l'USPO cette semaine.

C'est une ruée sur un médicament jusqu'ici plutôt délaissé, qui n'est pas passée inaperçue chez les pharmaciens. Dans un communiqué, mi-janvier, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) a tiré la sonnette d'alarme sur un «trafic» de Paxlovid, ce médicament développé par Pfizer permettant de diminuer le risque de forme grave du Covid-19 chez les patients fragiles. Celui-ci «fait l'objet d'un trafic prenant de l'ampleur et destiné à une exportation clandestine, avec des ordonnances falsifiées ou non», a dénoncé l'Union.

Les répartiteurs de certaines régions - principalement à Paris, Nice, Marseille et dans le Grand Est - se sont aperçus avec étonnement d'une forte demande de Paxlovid depuis quelques jours, alors que ce traitement était plutôt délaissé jusqu'ici. Des «achats importants de boîtes» du médicament ont été réalisés par certaines pharmacies, alors que celui-ci doit être prescrit par un médecin, que les officines ne peuvent en commander que vingt boîtes maximum et que le Paxlovid n'est que peu utilisé en temps normal. De quoi mettre la puce à l'oreille des professionnels.

À lire aussiLe Paxlovid, un antiviral contre le Covid encore trop peu prescrit

«J'ai été alerté par des réseaux sociaux, par des messages que m'ont envoyés certains présidents départementaux, raconte au Figaro Pierre-Olivier Variot, président de l'USPO. Le ministère de la Santé m'a confirmé des commandes anormales de Paxlovid, concentrées sur certaines pharmacies». L'augmentation du nombre de boîtes commandées par les officines serait «conséquente», de l'ordre de 1000 à 2000 boîtes en plus par rapport à d'habitude.

Un manque de médicaments en Asie

Le représentant des professionnels, qui indique n'avoir dispensé lui-même qu'une poignée de boîtes de Paxlovid depuis la sortie du médicament, identifie quatre fraudes potentielles. D'abord, des médecins qui font des «ordonnances de complaisance à leurs patients», leur permettant d'obtenir le médicament sans en avoir besoin. Plus inquiétant, des pharmaciens ont expliqué avoir eu des «patients qui viennent avec des ordonnances chinoises, écrites en idéogrammes, pour obtenir du Paxlovid». Or, en pratique, les pharmaciens n'acceptent pas les ordonnances de médecins extra-européens et ne leur ont donc pas fourni les boîtes demandées. D'autres usagers viennent aussi avec des ordonnances falsifiées, et certains, enfin, tentent carrément de soudoyer les pharmaciens pour obtenir de précieuses boîtes.

La plupart des demandes viendraient de clients «asiatiques», rapportent les professionnels. «Je ne peux que suspecter que cela part en Chine. Certains pharmaciens nous disent que les clients veulent acheter du Paxlovid pour protéger leurs proches», alors que le Covid-19 fait des ravages à travers le pays, rapporte Pierre-Olivier Variot. D'autres sont simplement motivés par l'argent, et veulent revendre bien plus cher le médicament à l'étranger. Un business juteux... mais illégal. «Les pharmacies ne peuvent pas exporter de médicaments [...]. Un transfert d'un médicament entre deux pays européens est considéré comme une opération d'import/export», rappelle l'USPO.

En Chine, les récentes décisions des autorités en matière de santé publique ont conduit à une flambée de l'épidémie de Covid-19 : hôpitaux et médecins sont pris d'assaut, et les médicaments, dont le Paxlovid, viennent à manquer. De quoi pousser les habitants à se tourner vers le marché noir, où les prix atteignent des sommets, selon l'AFP, dépassant plusieurs milliers d'euros pour quelques comprimés seulement. En France, ce traitement est réservé aux personnes à risque de forme grave, et il ne coûte que quelques euros.

À lire aussiCovid-19 : trois ans après l'annonce du premier mort en Chine, les quatre scénarios de 2023 pour la pandémie

Alerté, le ministère de la Santé a confirmé à l'Union avoir repéré cette situation anormale. Les autorités ont donc déclenché une enquête pour identifier qui, parmi les patients, les médecins et les pharmaciens, entretiennent ce trafic. Des sanctions lourdes planent au-dessus des coupables. «Il faudra être intransigeant. Il n'est pas tolérable que le Paxlovid périme dans les entrepôts, mais il n'est pas normal qu'il soit détourné et que des gens réalisent des profits dessus», s'insurge le président de l'USPO.

À VOIR AUSSI - Covid-19: les médecins pourront prescrire le Paxlovid «de façon préventive», annonce François Braun