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Crise énergétique : A Biot, les artisans du verre ne sont pas à bout de souffle

Fin septembre, le gouvernement annonçait qu’il allait « prolonger » un fonds de soutien pour « accompagner les entreprises qui en ont le plus besoin » pour faire face à la crise énergétique, notamment les industries de verre. Alors que Duralex a décidé de mettre son four en veille durant quatre mois minimum, la société Arc a, quant à elle, placé une partie de ses salariés en chômage partiel en raison de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie. Des choix que doivent également prendre plus petites unités, artisans et créateurs, pour faire perdurer leur activité.

À Biot, dans les Alpes-Maritimes, où le verre s’est implanté en 1956 et qui est considérée comme en étant « la capitale », Nicolas Laty, maître verrier, fait un triste bilan. « Le métier d’artisan et d’artiste verrier est bien différent que ce que font les grosses sociétés. Nos problématiques ne sont pas les mêmes. Par exemple, on va faire appel à des fournisseurs pour la couleur. Ils ont augmenté leur prix de 60 %. Pour le gaz, on a des facteurs qui vont aller jusqu’à dix fois ce qu’on payait auparavant ».

Il souligne qu’il est difficile d’imaginer éteindre un four pour ces structures qui perdraient un chiffre d’affaires conséquent ne pouvant pas répondre à une commande imprévue. « En tant qu’artisans, nous avons une marge très faible », appuie-t-il.

Des fours électriques et une mutualisation des ateliers

Pour surmonter cette crise, qui suit « de trop près » celle du Covid-19 pour laquelle « l’Etat nous avait soutenus », avoue le Biotois, le maire de la commune, Jean-Pierre Dermit, demande que « le gouvernement mette en place un plan d’actions pour soutenir les entreprises et que les secteurs de l’artisanat ne soient pas oubliés dans ce dispositif ». Il ajoute : « Il en va de l’avenir de notre patrimoine humain. »

De leur côté, les artisans ont imaginé plusieurs solutions « déjà expérimentées depuis quelque temps » pour faire perdurer leur activité. Ils accélèrent leur transition énergétique et se tournent vers des fours électriques. « C’est un outil plus souple, plus petit et qui permet un confort dans le travail car il fait beaucoup moins de bruit, décrit Nicolas Laty. On peut également suivre sa courbe d’énergie et la maîtriser. Le problème c’est que c’est une technologie coûteuse et fragile car les résistances ne doivent pas rentrer en contact avec la fusion du verre. Il va falloir encore du temps pour qu’il y ait une évolution. » Il évoque également les fours de récupération de chaleur qui permettent de réinjecter le chaud qui sort de l’appareil et ainsi « amener du chaud plutôt que de l’air froid ».

En parallèle, les « petits » professionnels du verre commencent repensent également leur lieu de travail. « Les verriers ont un atelier individuel, continue l’artisan. S’ils ne sont pas devant le four, ils sont en déplacement pour la vente par exemple. Un temps où le four consomme alors sans qu’on ne travaille dessus. En effet, les fours de fusion ne s’éteignent pas. » Un mouvement s’est alors créé depuis peu : la mutualisation ou la location des ateliers. Le verrier résume : « Quand on n’est pas devant, on ne rentabilise pas. D’autres professionnels peuvent alors en profiter ».

De plus en plus de créateurs

Et pour créer du réseau, un moment de partage et d’échange, quoi de mieux qu’un festival ? Nicolas Laty est également coorganisateur du « Biot international glass festival » qui existe depuis 2018 et qui se déroule ce week-end. Pour lui, « c’est très important de se réunir et encore plus à l’heure actuelle ». Au programme, des démonstrations, des initiations, un défilé et un concert pour le grand public mais aussi un rendez-vous pour les professionnels et permettre de « trouver des solutions » . Le coorganisateur poursuit : « C’est dans ce genre d’événements qu’on peut avoir le contact d’une galerie pour exposer nos œuvres. Parfois, ça se joue à pas grand-chose pour réussir à surmonter une difficulté. »

Il concède qu’il y aura « sûrement de la casse » dans le secteur mais il demande à tous « de tenir ». Nicolas Laty conclut : « Dans les années 2000, il y avait onze ateliers à Biot. Aujourd’hui, il y en a quatre ou cinq. Mais ça ne veut pas dire que notre profession se meurt car il y a de plus en plus de créateurs. Ce changement va aussi permettre une avancée dans la technologie avec un vrai dynamisme entre artisans. »