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Cyberdéfense : avec sa carte SIM anti piratage, Dust Mobile vise l'international

Les félicitations d'un ministre ne sont pas toujours offertes aux startups tricolores. Mais l'enjeu de la cybersécurité est tel que le ministre des Armées Sébastien Lecornu s'est fendu d'un communiqué officiel lors de la dernière levée de fonds de 12 millions d'euros de la société Dust Mobile, le 17 novembre dernier. Fondée il y a cinq ans par François d'Ormesson et Jean-Michel Henrard, un ancien de Thales, Airbus Defence&Space, Alstom et Fujitsu, la société francilienne promet de protéger les propriétaires d'appareils connectés contre les cyberattaques, et de chiffrer intégralement leurs transmissions.

Pour cette nouvelle levée, trois ans après une précédente de trois millions d'euros, la startup s'est principalement entourée du Fonds Innovation Défense, géré par la Banque publique d'investissements (Bpifrance) - que Sébastien Lecornu a spécifiquement salué -, avec la participation de Tikehau Ace Capital et OMNES Capital.

« Un téléphone sur quatre est menacé. Les attaques sont coordonnées et préméditées et aujourd'hui », explique à La Tribune Jean-Michel Henrard. Entre les attaques DDoS (pour Distributed Denial of Service attack, le fait de surcharger un site de requêtes, via les robots automatiques du pirate informatique, et ainsi d'entraîner une erreur), les demandes de rançon, les vols d'informations, l'espionnage ou encore les attaques de carte SIM, les cyberattaques se multiplient depuis trois ans, souligne Tikehau Capital.

Protéger les transmissions des entreprises

Ainsi, en 2021, l'impact économique des cyberattaques s'élevait à trois trillions de dollars, et ce montant devrait atteindre 10,5 trillions de dollars de dommages par an à partir de 2025, selon une étude publiée en octobre par le cabinet de conseil McKinsey. En comparaison, le marché mondial de la cybersécurité est estimé à « seulement » 150 milliards de dollars, selon le cabinet. L'enjeu pour les entreprises est donc de savoir comment se protéger, et Dust Mobile, qui vise le marché B2B, a voulu répondre à leurs inquiétudes.

« En 2017, il y avait plusieurs solutions pour protéger les mobiles, mais nous nous sommes demandés comment compléter la sûreté de bout-en-bout car il n'y avait pas de protection sur les transmissions », explique à La Tribune Jean-Michel Henrard, cofondateur. Ainsi, l'entreprise a développé la technologie dite SIM Cybercell, aujourd'hui marque déposée, soit une carte SIM spécifique chargée de protéger les communications d'acteurs gouvernementaux et d'entreprises stratégiques. Détection, alerte et contre-mesure sont incluses dans cet outil se voulant compatible « avec tous les équipements connectés ou applications utilisées ».

Aujourd'hui, ce sont des centaines de grandes entreprises qui utilisent les services de Dust Mobile, et cela dans de nombreux secteurs tels que l'audit et l'énergie car le personnel de ces groupes est surexposé aux risques. De plus, l'autre moitié des clients de Dust Mobile sont les gouvernements, confie son cofondateur. Quant aux coûts de ce service, la tarification est basée sur l'usage et l'abonnement. « L'accès au service Dust avec une carte SIM survitaminée est de 140 euros et un abonnement se rapproche des formules premium des opérateurs télécoms généralistes, soit entre 80 et 150 euros par mois », précise Jean-Michel Henrard.

L'expansion de Dust Mobile à l'international

Après une première levée de fonds de trois millions d'euros en 2019 auprès de Tikehau Ace Capital (via le fonds Brienne III dédié à la cybersécurité) et OMNES Capital afin d'évaluer si Dust Mobile répondait à la demande de cyberdéfense, la décision d'une nouvelle levée de fonds correspond à une volonté de croissance de l'entreprise. « Après la commercialisation de nos services, nous avons eu de très bons retours », indique Jean-Michel Henrard à La Tribune, avant d'ajouter que « la levée de fonds intervient dans une phase d'hyper croissance du groupe avec une très forte demande ». Et si le cofondateur ne communique pas la valorisation de l'entreprise, celle-ci est en pleine expansion. L'effectif devrait même doubler en 2023 pour atteindre 60 employés.

De plus, la levée de fonds devrait permettre à l'entreprise de cybersécurité d'internationaliser ses services, notamment en Espagne, en Grande-Bretagne et en Allemagne. En effet, 50% de l'activité de Dust Mobile se fait uniquement en France aujourd'hui. Or, la concurrence commence à investir le marché, à l'instar d'une entreprise israélienne depuis 2020 et d'une américaine depuis l'été 2022, dont Dust Mobile n'a pas souhaité révéler les noms. « Nous voulons conserver notre leadership au niveau mondial, notamment sur le plan technologique », affirme Jean-Michel Henrard.

Des investisseurs fiables

« Par nature, les opérateurs priorisent la disponibilité du service, mais celui-ci est friable aux cyberattaques », explique Quentin Besnard, directeur exécutif chez Tikehau Ace Capital et ancien directeur de programme cybersécurité au sein du ministère des Armées. De son côté, Tikehau, qui a participé à hauteur d'un tiers de la levée de fonds, tient à souligner l'investissement de Bpifrance dans le projet pour « marquer l'ancrage institutionnel, même si l'investissement reste minoritaire », déclare son directeur exécutif.

« Le soutien du Fonds Innovation Défense à Dust Mobile, qui possède un caractère pleinement innovant et dual, s'inscrit dans la montée en puissance des problématiques de cyberdéfense pour la défense, l'industrie et les particuliers. Pour ces raisons, Dust Mobile répond parfaitement aux critères d'investissement du Fonds Innovation Défense », précise le ministère des Armées à La Tribune.

« Nous sommes pour l'instant au passage à l'échelle, il faut donc démultiplier la clientèle », justifie Nicolas Berdou, investisseur Fonds Innovation Défense & Definvest chez Bpifrance, précisant que le ministère des Armées est lui-même client de Dust Mobile.

Alors que ces technologies nécessitent d'importants investissements, Bpifrance s'est dite prête à revenir dans un nouveau tour de table de la startup qui a développé la technologie SIM Cybercell.