France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

D’« Ibrahim » à « Nos Frangins », Samir Guesmi joue père et gagne

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.

Samir Guesmi le 25 octobre 2022 à Paris.
Theo Delatrre pour M Le magazine du Monde
Par Clémentine Goldszal

Réservé à nos abonnés

PortraitA 55 ans, le comédien est un visage familier du cinéma français. Dans « Nos frangins » de Rachid Bouchareb, il incarne le père algérien du jeune Abdel Benyahia, assassiné par un policier qui n’était pas en service, en décembre 1986.

Grand corps souple et visage long, Samir Guesmi se tient solidement devant nous, souriant et nerveux. Il a le tutoiement facile et s’excuse, au cours de l’entretien, de rarement finir ses phrases. Au fil des années et des rôles, il est devenu une présence sympathique et familière du cinéma français, mais, ce mois-ci, il incarne, dans le dernier film de Rachid Bouchareb, Nos frangins, une tout autre personne : un garagiste plus âgé que lui, émigré algérien à l’accent prononcé, voûté par le travail physique, marqué par les années et qui ploie littéralement devant les forces de l’ordre françaises.

Ce garagiste, dans la réalité, est le père d’Abdel Benyahia. Ce jeune homme de 19 ans a été abattu à Pantin par un inspecteur ivre, qui n’était pas en service, lors d’une rixe à l’extérieur d’un bar, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, la même où Malik Oussekine a péri sous les coups de trois policiers, dans le Quartier latin. « Moins je suis à l’aise dans un costume, mieux je me porte », annonce l’acteur. En jeans et pull marin en laine, Samir Guesmi est à la ville un Parisien classique. A l’écran, engoncé dans une combi­naison bleue de travailleur, il apparaît empêché.

Son travail sur le corps, si frappant, est « le résultat d’une empathie ­instinctive à l’égard de ce père, dit-il. C’est en pensant au personnage que le travail commence. » Quand il dit oui à un projet, c’est souvent que celui-ci l’« effraie » et lui « fait peur », mais la rencontre avec un metteur en scène peut suffire à le convaincre. Pour lui qui avait déjà ­travaillé quelques jours avec Rachid Bouchareb, sur son film Hors-la-loi (sorti en 2010), retrouver le réalisateur avec un rôle plus conséquent a été « un bonheur ».

Les jeux du hasard

Ces dernières années, Samir Guesmi a joué un directeur de cabinet (dans la série Sous contrôle, pour Arte), un grutier (dans L’Effet aquatique, de Sólveig Anspach), un médecin (dans Les Fantômes d’Ismaël, d’Arnaud Desplechin)… En 2013, il a été nommé au César du meilleur acteur dans un second rôle pour Camille redouble, de Noémie Lvovsky. En 2020, il a réalisé son premier film, Ibrahim, une histoire d’héritage et de filiation dans laquelle il incarnait un père célibataire employé d’une brasserie parisienne qui peinait à élever son fils adolescent.

Lire l’entretien : Article réservé à nos abonnés

A 55 ans, il semble pouvoir tout jouer. « Le métier d’acteur préserve le corps », note-t-il. Longtemps habitué aux seconds rôles, Samir Guesmi est ce que les Anglo-Saxons appellent un « character actor », un comédien au visage familier et reconnaissable, qui profite de ne pas être une « star » de cinéma, pour se fondre dans ­n’importe quel univers. En est-il heureux ? Aspire-t-il à un statut plus central, à une consécration plus franche ? Difficile à dire.

Il vous reste 58.33% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.