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« Dahmer. Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer », sur Netflix : une longue plongée dans l’abjection d’un tueur en série

Malgré ses ambitions, la série créée par Ryan Murphy et Ian Brennan, inspirée de faits réels, ne parvient pas à s’extraire de la fascination morbide que suscite le serial killer américain.

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NETFLIX – À LA DEMANDE – SÉRIE

La syntaxe aberrante du titre ; l’extrême discrétion avec laquelle Netflix a mis la série en ligne (sans la montrer, sans prévenir – Dahmer… brille par son absence sur le site de promotion de la plate-forme) : tout indique qu’il y a quelque chose qui cloche. Arrivé au bout des dix heures de Dahmer. Monstre : l’histoire de Jeffrey Dahmer, on en conviendra sans peine (la peine est venue pendant le visionnage), voilà un objet aussi difforme et déplaisant que la psyché de son personnage principal.

Pourtant, cette minisérie inspire autre chose que la répugnance ou la fascination. A l’exhaustivité de la narration, Ryan Murphy (créateur de Glee et American Horror Story) et Ian Brennan ont voulu ajouter une peinture plus large d’un moment historique, dans lequel Jeffrey Dahmer, assassin de dix-sept jeunes gens gay, pour la plupart issus de la communauté afro-américaine ou de l’immigration récente, s’inscrit.

Le dixième épisode de Dahmer est consacré à la postérité du tueur en série, aux bandes dessinées, aux plaisanteries qu’il a inspirées. On peut voir cette très longue conclusion comme le summum du cynisme – la série, qui s’est hissée, malgré le peu d’enthousiasme de Netflix, en tête des titres les plus regardés, participe sans ambiguïté à la perpétuation de la mémoire de Dahmer –, mais aussi comme un franc aveu d’échec. Les créateurs ont été incapables de raconter cette histoire sans sacrifier à la fascination morbide, sans que celle-ci envahisse tout le reste, prenne le pas sur les meilleures intentions.

Rituels macabres

Parmi celles-ci, il y a la volonté manifeste des auteurs et de leurs réalisateurs (dont Carl Franklin et Jennifer Lynch) de donner toute leur place aux victimes. Si l’on veut s’épargner la répétition des rituels macabres qu’observait Jeffrey Dahmer (1960-1994), qui profanait les corps de ses suppliciés, on peut se contenter de regarder le sixième épisode (réalisé par Paris Barclay), qui esquisse, en une heure, la vie de Tony Hughes, un jeune Afro-Américain qu’une cure d’antibiotiques avait laissé sourd. Interprété par Rodney Burford, c’est une figure aussi vive et naïve que Jeffrey Dahmer est morne et retors – traits qu’Evan Peters développe avec une constance impressionnante.

Mais si l’on veut suivre les autres fils que dévident Ryan Murphy et Ian Brennan, il faut en payer le prix, de longues plongées dans l’horreur qui se tiennent soigneusement au bord de l’abjection, n’en montrant que les reflets, sans que sa nature soit jamais en doute (pour les détails des crimes de Dahmer, on peut se référer à Wikipédia). Le plus important, et le plus passionnant, met en scène l’impéritie de la police de Milwaukee (Wisconsin), indifférente au sort des disparus, en raison de leur origine et de leur orientation sexuelle, allant jusqu’à remettre l’une des victimes, un garçon de 14 ans, entre les mains du tueur, malgré les objurgations de passantes, qui avaient contre elles d’être afro-américaines.

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