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Dall-E, l’intelligence artificielle qui génère des images sur demande, s’ouvre au grand public

► Qu’est-ce que Dall-E ?

Dall-E est un programme informatique, dopé à l’intelligence artificielle, qui crée n’importe quelle image à partir d’un texte. Il suffit de lui demander « un chat dans une soucoupe volante dans le style d’une tapisserie du Moyen Âge » et la machine affiche quatre dessins représentant exactement cela. Ou encore « un corgi avec des lunettes disco dans le style d’Andy Warhol », et vous verrez apparaître un chien très pop art.

D’abord réservé à des chercheurs en IA, puis à quelques milliers de personnes, le programme s’est ouvert au grand public cette semaine. Il suffit de créer un compte et de renseigner son numéro de téléphone pour accéder à l’interface. Avec une limite toutefois : chaque génération d’images à partir d’un texte utilise un crédit. L’utilisateur dispose de 50 crédits gratuits à son inscription, puis 15 crédits par mois. Ces crédits ne sont pas cumulables d’un mois sur l’autre, mais il est possible d’acheter des crédits supplémentaires.

► Comment cela marche ?

Dall-E est une intelligence artificielle à laquelle les équipes de la société OpenAI ont fourni plus de 650 millions d’images avec leurs textes descriptifs. Personne n’a donc appris à l’IA à dessiner, dans le sens classique. Elle possède simplement une énorme culture visuelle, un peu comme un faussaire pourrait créer un tableau inédit de Gauguin. Son code source, la recette de cuisine qui explique son fonctionnement, n’a pas été divulgué mais se base sur GPT-3, l’autre projet de l’entreprise.

Ce premier projet concernait non pas les images mais le texte. En fournissant des consignes ou même un début de texte à GPT-3, le programme écrit un texte correspondant ou la suite. Parfaitement bluffant pour créer des descriptions de produits mais aussi des articles d’actualité – le journal britannique The Guardian a fait écrire une tribune par l’IA en septembre 2020 –, GPT-3 avait suscité bien des critiques et des inquiétudes autour de la diffusion de fausses informations et pour ses biais, associant par exemple les musulmans à des adjectifs négatifs.

D’autres programmes utilisant des réseaux de neurones avaient déjà soulevé de telles questions. Le deepfake, où des vidéos de personnes bien réelles sont manipulées, ou encore le site « This Person Does Not Exist » (« cette personne n’existe pas », en anglais) ont bouleversé le rapport à la vérité des images.

► Peut-on tout faire dessiner ?

Non. L’application ne fournit pas de « création » pour des textes violents, racistes, haineux, à caractère sexuel etc. Impossible également de générer des représentations de politiciens ou de célébrités. La requête « la reine Elizabeth II sur un dragon volant » n’aboutit à rien. Et tenter de forcer la main du peintre virtuel expose à une suspension de compte.

Hormis ces restrictions, difficile de trouver un texte que Dall-E ne convertit pas en pixels. Mais n’allez pas imaginer que l’intelligence artificielle fournit tout de suite d’incroyables tableaux. Le résultat dépend pour beaucoup du texte fourni, qui doit être en anglais pour l’instant. Sans surprise, plus celui-ci est complet, plus le rendu est fidèle. L’IA fonctionne par mot-clé, il n’est donc pas nécessaire de lui fournir des vraies phrases construites. Problème : elle peut mélanger la commande. Lui demander « un verre violet et une fourchette rouge » pourra parfois aboutir à un verre rouge et une fourchette violette.

Entre curiosité et inquiétude, beaucoup d’artistes s’interrogent sur cet outil. Certains réclament de nouvelles réglementations sur les droits d’auteur et d’attribution. D’autres reconnaissent se servir de Dall-E pour générer des images à recopier, et travailler par exemple la représentation des muscles d’un cheval en plein galop. Face au vaste champ de créativité qui s’ouvre, Dall-E n’a pas fini de bouleverser le rapport à l’art.