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Dans la Nièvre, Borne s’offre une parenthèse à l’école

DÉCRYPTAGE - En déplacement vendredi, la première ministre a tenté d’oublier les retraites.

Envoyé spécial dans la Nièvre.

Rien de tel qu’une immersion parmi des enfants pour tenter d’oublier les problèmes des grandes personnes. En entrant ce vendredi 31 mars dans l’école Albert-Camus à La Machine, ancienne cité minière de la Nièvre, Élisabeth Borne est presque certaine d’esquiver les habituelles interpellations sur le 49.3 et la retraite à 64 ans.

Entre les murs de la classe de CM2, les mains se lèvent, mais c’est pour nommer en anglais les images affichées au tableau: «meat», «tomato», «bread»… Quelques minutes passent et la première ministre reprend la parole, amusée: «On va repasser au français, propose-t-elle, après cette séquence épuisante.» Parle-t-elle pour elle-même?

Bousculée par une longue contestation sociale, Élisabeth Borne essaie à son tour de sortir de la crise. Après les annonces sur l’eau d’Emmanuel Macron dans les Hautes-Alpes, jeudi, la chef du gouvernement a choisi d’évoquer l’une de ses priorités pour l’après-retraite: l’éducation.

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En marge de ce premier déplacement hors d’Île-de-France depuis presque deux mois, une poignée de manifestants sont maintenus à distance. «Mme Borne se garde bien de venir là où des classes ferment», déplore auprès de la presse locale Paul Livet, un responsable local de la CGT venu dire son mécontentement.

Dans une salle où sont réunis professeurs, parents d’élèves et responsables associatifs, puis devant les journalistes, la première ministre ne s’engage pas outre mesure. Elle se contente de promettre de «changer de démarche» pour en finir avec les fermetures de classes annoncées au dernier moment, en les anticipant trois ans à l’avance. Elle se fixe l’objectif de remplacements de professeurs «systématiques» dès la rentrée. Elle assure enfin vouloir doubler le nombre de «territoires éducatifs ruraux» d’ici à 2027 et créer 3 000 places de plus dans les internats isolés.

Renouer le dialogue

À ses côtés, Pap Ndiaye se défend de toute inertie. «L’Éducation nationale est parfois comparée à ce mammifère de l’ère glaciaire à poils longs. Ce n’est pas vrai du tout», insiste celui qui est à la tête d’un ministère souvent assimilé à un «mammouth» par son prédécesseur Claude Allègre. Sourire de la ministre déléguée aux Collectivités territoriales, Dominique Faure, à quelques mètres de lui.

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Les membres de l’exécutif le savent: cette parenthèse ne durera pas longtemps. Pas même jusqu’au 14 avril, date de la décision attendue du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. Élisabeth Borne, qui s’est donnée trois semaines pour préparer un «plan d’action» post-retraites, a prévu d’entamer après le week-end sa deuxième semaine de consultations.

Elle recevra dès lundi des dirigeants d’opposition - les communistes et les Insoumis ont décliné l’invitation -, avant de s’entretenir mercredi avec les organisations patronales. Mais aussi avec l’intersyndicale, qui se rendra à Matignon pour «exiger le retrait de la réforme», a annoncé vendredi la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, à peine élue. «On ne peut pas faire de pause», lui a répondu la première ministre depuis la Nièvre.

En fin de matinée, sous la charpente du Palais ducal de Nevers, Élisabeth Borne n’a pas entendu les chants de la centaine de manifestants repoussés vers le parc de la ville. Accueillie par l’un de ses soutiens, le maire (Renaissance) Denis Thuriot, elle a poursuivi les questions-réponses avec des élus du conseil municipal des jeunes. La première ministre a terminé sa visite à la préfecture, où elle s’est invitée à une rencontre entre son cabinet et des représentants syndicaux. Elle leur a répété son souhait de renouer le dialogue. Un avant-goût de la semaine qui l’attend.