France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Dans la série “Shrinking”, un psy casse tous les codes éthiques : est-ce drôle ?

OUI Cette tragicomédie sur le deuil fait chaud au cœur

C’est une règle paradoxale à première vue, mais les psys ne doivent pas se mêler de la vie de leurs patients. Shrinking, sorti le 27 janvier sur Apple TV+, prend ce principe déontologique comme point de départ, explique The Boston Globe. “Le héros, Jimmy – interprété par Jason Segel, toujours aussi sympathique –, est un psy de Pasadena [une banlieue chic de Los Angeles] qui décide soudainement d’enfreindre cette fichue règle censée délimiter et préserver la relation entre un thérapeute et ses patients. Las de ne répondre que par des hochements de tête, il se met à donner à ses patients des conseils sans aucun filtre pour résoudre leurs problèmes.” Il conseille à l’une de ses patientes de quitter son mari, et embarque un autre, sujet à des accès de violence, dans un club d’arts martiaux mixtes.

Pourquoi Jimmy craque-t-il de la sorte ? “Il a perdu sa femme un an avant le début de l’intrigue, et n’a pas vraiment fait son deuil. Il néglige leur fille adolescente, Alice (Lukita Maxwell), se shoote aux médicaments”, et il est au bout du rouleau, en quête d’un nouveau départ.

Des dialogues ciselés

Le résultat fonctionne, aux yeux du quotidien du Massachusetts. Shrinking “est une comédie sincère et touchante. Et toutes les décisions de Jimmy, marquées par un manque de professionnalisme à la limite du ridicule – au grand dam de ses collègues, incarnant la voix de la raison de la série –, sont au service de personnages traités avec tendresse, qui guérissent progressivement de leurs blessures.”

Les deux collègues en question sont l’occasion d’excellentes performances. Gaby est plus jeune que Jimmy et elle est incarnée par Jessica Williams “avec un sens du comique irrésistible, qui tombe toujours à point nommé”. Quant au mentor, Paul, il est joué par un Harrison Ford au sommet de son art, éclipsant parfois Segel, relève The Boston Globe.

“Sous ses airs bourrus et distants, ce vieux loup solitaire cache une grande gentillesse.”

Le rythme et l’humour de la série créée par Segel, Bill Lawrence et Brett Goldstein doit beaucoup à ses dialogues, estime le journal. Les personnages “se taquinent avec autant d’honnêteté que d’affection, leurs sarcasmes atténués par leur bienveillance”. Le visionnage est donc recommandé : “Une série feel good sur le deuil ? Foncez sans hésiter !”

NON Le scénario est plus que douteux

Sean (Luke Tennie, à gauche), un patient de Jimmy (Jason Segel).
Sean (Luke Tennie, à gauche), un patient de Jimmy (Jason Segel). Apple TV+

Le son de cloche est radicalement différent du côté de Time, qui titre Shrinking fait affront à la comédie, à la psychothérapie, et à Harrison Ford”. Cette idée de jeter à la poubelle le code de déontologie pour les besoins de l’histoire est loin d’avoir convaincu le magazine américain. “Ce n’est pas comme si la série dressait le portrait d’un psy brillant et franc-tireur”, on est bien loin d’un Dr House en effet. “Ses prescriptions détonnantes tournent d’ailleurs parfois à la catastrophe. Les scénaristes cherchent à nous faire prendre au sérieux ce qui, au fond, n’est rien d’autre qu’une expérience ridicule sur l’abolition des cadres et frontières entre psy et patient.”

Dès lors que la série se veut plus réaliste que franchement absurde, le message invitant à tolérer les défauts de chacun “et à partager avec nos proches notre parcours chaotique et merveilleux sur le chemin de la guérison” sonne un peu creux. Time parle d’un “tissu de clichés sur le développement personnel” et d’un souci de perspective sur le personnage principal. Shrinking tente de “dépeindre un antihéros auquel le spectateur peut s’identifier. Mais Jimmy apparaît plutôt comme un psy désinvolte, qui commet des fautes professionnelles ignobles.”

“Et ses manquements dans son rôle de père célibataire – alors que sa fille souffre elle aussi de la perte de sa mère – sont particulièrement inquiétants.”

Des problèmes d’écriture

Pour ne rien arranger, la volonté d’inclusion de la diversité manque de subtilité. “Les femmes et les personnages noirs – qui traversent des épreuves sans aucune nuance et parlent en permanence des Blancs ou de leur condition de Noir – illustrent bien les lacunes des hommes blancs à l’origine de la série, qui tentent de faire preuve de sensibilité, mais en font un peu trop.”

À ces problèmes s’ajoutent des ficelles et des incohérences de scénario. Le magazine goûte aussi peu les dialogues. “Dans pratiquement chaque conversation, il n’est question que de sentiments, ce qui est assommant après un ou deux épisodes, et le serait même si les dialogues étaient mieux écrits.”

Même la performance de Harrison Ford fait débat, Time estimant que “son personnage est tellement creux qu’il doit se retrancher dans son sempiternel rôle du type bourru et cassant”.