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Dans les rues d’Iran, la liberté et la rage de la jeunesse : « Je me bats, je meurs, je récupère l’Iran »

Le soulèvement après la mort de Mahsa Amini aux mains de la police des mœurs touche de façon diffuse tout le pays. Déclenché par la brutalité de la police, il s’est transformé en un mouvement inédit qui a rapidement ciblé le régime théocratique.

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Les grands-parents de Milan Haqiqi ont eu une heure pour enterrer son corps. Le jeune homme de 21 ans a été tué le 21 septembre au cours d’une manifestation dans la ville d’Oshnaviyeh, dans le nord-ouest de l’Iran. « La dernière fois que j’ai eu mon fils au téléphone, il a promis de m’envoyer les plus belles photos de la rue. Je n’ai reçu que les images de son cadavre, explique son père, Salim Haqiqi, qui vit en Norvège. Mon fils voulait la liberté et l’égalité. Avec les autres manifestants, il scandait : “Femme, vie, liberté !” Leur contestation était pacifique. »

Milan a été tué par balles. A ses côtés, deux de ses amis, Sadreddin Litani et Amin Mareft, âgés de 27 et 16 ans, ont eux aussi trouvé la mort. Selon l’organisation Iran Human Rights, basée à Oslo, au moins cinquante-sept personnes ont été tuées dans les manifestations qui ont débuté le 16 septembre dans tout le pays. La vague de contestation qui parcourt l’Iran depuis la disparition de Mahsa Amini, une jeune femme d’origine kurde de 22 ans, morte trois jours après son interpellation par la police des mœurs à Téhéran le 13 septembre, est inédite. « Ce qui se passe ne doit pas être réduit à des manifestations, explique un sociologue qui vit à Téhéran et qui préfère rester anonyme. L’Iran connaît un phénomène continu, large et généralisé, où les contestataires n’hésitent pas à répondre à la violence des forces militaires par la violence. Nous assistons désormais à un soulèvement. »

Dans la nuit du dimanche 25 au lundi 26 septembre, rassemblements et affrontements ont secoué 30 des 31 provinces du pays, alors que le mouvement entrait dans son dixième jour consécutif. Si elles semblent se concentrer principalement dans le nord-ouest, en particulier dans les provinces de Téhéran, du Kurdistan et de Mazandaran, les manifestations touchent de façon diffuse tout le pays.

« La rue est vivante »

La mort de Mahsa Amini avait d’abord provoqué une grève générale et des marches dans les provinces kurdes, réprimées par balles. Très rapidement, d’autres villes ont pris le relais. Depuis, femmes et hommes descendent chaque jour dans la rue. La plupart sont jeunes, comme l’explique une manifestante à Téhéran. « La rue est vivante. Le fatalisme et la torpeur qui se sont abattus sur nous après 2019 [la dernière grande vague de contestation durant laquelle plus de 300 personnes ont été tuées en trois jours selon Amnesty International] ont disparu, expliquait-elle, lundi matin, avant qu’Internet ne soit coupé par les autorités. Les jeunes sont bluffants, filles et garçons, ils sont d’une telle audace et d’une telle énergie qu’ils entraînent avec eux les plus vieux. Cette fois-ci, j’ai de l’espoir. » Un autre manifestant d’Ispahan (centre), où la contestation reste pour le moment très contenue et muselée, partage son constat. « Les gens sont optimistes. Quand ma mère et mes tantes se parlent, elles disent : “Il est temps que nous aussi nous nous joignons aux manifestants.” »

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