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De nombreuses écoles sont-elles vraiment sans chauffage « avec des pièces à 10 degrés » ?

Alors que le froid s’installe, un post viral sur les réseaux sociaux alerte sur l’absence de chauffage dans les écoles, avec en conséquence des élèves frigorifiés pendant les heures de classe. « D’après un article France Info dans nombre d’écoles de ce pays il n’y a plus de chauffage car trop cher, les élèves étudient dans des pièces à 10 degrés. Qu’est-ce qui fonctionne aujourd’hui en France sous Macron ? », interroge un internaute, familier des propos complotistes, dans un tweet partagé plus de 1.200 fois.

« Il ne reste qu’à retirer les enfants de l’école », commente une internaute. Quelle est la situation des établissements scolaires en France ? 20 Minutes fait le point.

FAKE OFF

Le tweet est une simplification et une généralisation à partir de plusieurs cas, évoqués dans l’article de France Info. Deux périodes doivent être distinguées pour comprendre la problématique : celle d’octobre, avant les vacances de la Toussaint (qui ont eu lieu du 22 octobre au 7 novembre) et la situation depuis le retour des vacances. Pourquoi ? Car avant les vacances, la question portait sur le déclenchement du chauffage demandé par des parents, alors que les températures se rafraîchissaient. Au retour des vacances, les chauffages ont été déclenchés dans les mairies mentionnées dans l’article de France Info, mais il y a eu des incidents techniques dans certaines classes, d’où des relevés de températures basses.

Ainsi, à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), des températures de 10° à 12° degrés ont été relevées par des parents d’élèves dans plusieurs salles de classe en octobre. Une pétition a été lancée pour demander le déclenchement des chauffages. La commune a installé des chauffages électriques dans « les classes qui étaient froides dès le 12 octobre », indique le directeur de cabinet de la maire, que nous avons contacté. Pour l’ensemble des établissements scolaires, le chauffage a finalement été allumé dans la nuit du 6 au 7 novembre, au retour des vacances de la Toussaint.

Des problèmes techniques dans une classe à 13 °C

Jointe par 20 Minutes, Audrey Gouffé, vice-présidente de l’association des parents d’élèves locale, le Groupement indépendant de parents d’élèves, explique que la semaine dernière encore « il y avait une école où il faisait 13 degrés dans une classe : le côté élémentaire fonctionnait très bien et la maternelle, non. La mairie a fait appel à un technicien », explique-t-elle. Une information que confirme la municipalité de Limeil-Brévannes. « Le chauffage a été redéclenché dès la rentrée scolaire, mais dans certaines écoles vétustes on a eu des problèmes techniques où nos techniciens ont dû intervenir », souligne le directeur de cabinet de la maire.

Ce dernier explique que si, effectivement, « il y a un problème de budget des communes, qui nous incite à repenser certains fonctionnements, on ne coupe pas le chauffage dans les écoles ». Une mesure d’économies d’énergie a, cependant, été prise : la température a été baissée d’un degré. « On a mis l’ensemble des écoles à 19 degrés puisqu’on sait qu’un degré en moins c’est 7 % d’économies », poursuit-il. Le chauffage est coupé dans les écoles pendant les vacances scolaires et, hors période de vacances scolaires, la température est baissée la nuit.

Des sondes thermiques pour ajuster la température

A Evreux (Eure), autre cas mentionné dans l’article, le chauffage a été déclenché dès le 28 septembre dans les établissements scolaires, à la suite de réclamation de parents. Il a été éteint quand le temps a été plus clément en octobre. Et rallumé à nouveau au retour des vacances de la Toussaint, nous détaille la mairie. La température de 12°C relevé le 23 novembre par des parents dans une classe élémentaire du Bois Bohy peut être liée à un problème de sonde thermique mal réglée ou au prestataire qui gère le réseau de chaleur de cette classe.

Avec 35 groupes scolaires à Evreux et quatre fournisseurs d’énergie principaux, « on a un panorama très éclaté, défend la mairie. Il y a des écoles de différentes architectures, de différentes périodes. Celle du Bois Bohy a les plus mauvaises performances énergétiques. » Un plan de sobriété énergétique a été adopté début octobre, avec une mesure concernant le scolaire. Le but est « d’ajuster le chauffage au cas par cas, grâce aux sondes thermiques, avec une température minimum de 19 degrés », pointe la mairie d’Evreux. Elle réfute cependant l’idée que le chauffage a été coupé dans les écoles pour faire des économies. « Les premiers bâtiments qui ont été remis en chauffe, avant les bâtiments des agents, ce sont les écoles et les crèches fin septembre », indique-t-elle.

« On a eu des retours d’enseignants, mais pas de remontée massive »

A partir de ces exemples est-il possible d’affirmer que de nombreuses écoles sont sans chauffage ? Non, nous répondent des représentants du syndicat d’enseignants SNUipp-FSU et de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE). Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problèmes. « On a eu ici ou là des retours d’enseignants sur des classes insuffisamment chauffées, mais pas de remontée massive, explique Guislaine David, porte-parole du SNUipp-FSU. Dans la plupart des cas, c’est arrivé quelques jours puisque certains maires ont tardé à mettre le chauffage, mais au final, il y a eu une pression des parents, qui est légitime. »

Le constat est similaire du côté de la FCPE, qui précise que chaque hiver la question de la performance énergétique du bâti scolaire revient. Et remarque avoir davantage, cette année, « de remontées de problèmes de chauffages dans les établissements scolaires, liées aux mesures de sobriété énergétique », ajoute Grégoire Ensel, vice-président de la FCPE. Est-il possible de le quantifier ? Sur ce point le ministère de l’Education nationale ne nous a pas apporté de réponse.

Rénover des locaux vétustes

Mais la FCPE a mené un sondage entre le 9 et le 16 novembre au niveau de ses conseils départementaux afin de savoir si des parents avaient identifié des établissements où des mesures liées à la crise énergique pouvaient impacter négativement la scolarité des enfants (baisse des températures, fermeture de salle de classe, impossibilité pour les établissements de faire face à l’augmentation du coût des énergies). Pour 34 % d’entre eux, la réponse était positive.

« Les motivations portées à leur connaissance concernaient des bâtiments scolaires mal isolés, mal entretenus, un budget de fonctionnement réduit, des déplacements d’élèves vers d’autres établissements », détaille Grégoire Ensel, qui invite les parents à retirer leurs enfants des écoles si les températures en classe sont trop basses et prône le droit de retrait des enseignants.

Les deux responsables pointent surtout l’urgence d’investir dans le bâti scolaire pour rénover des locaux vétustes et améliorer leur performance énergétique. Car ces problèmes d’isolation se retrouvent aussi en juin ou en juillet, où les élèves peuvent alors souffrir des fortes chaleurs.