France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Débâcle de Credit Suisse : le président de la Saudi National Bank démissionne

Ammar al-Khudairy a-t-il payé les conséquences de ses propos désastreux qui ont entraîné la chute de Credit Suisse à la mi-mars ? Quelques jours après la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et de Signature Bank aux États-Unis, le président de la Saudi National Bank, premier actionnaire de la banque helvétique jusqu'à son rachat, avait alors déclaré qu'il ne comptait « absolument pas » soutenir Credit Suisse en la recapitalisant, et n'augmenterait ainsi pas sa part de 9,8% dans Credit Suisse, l'investisseur ne souhaitant pas franchir le cap des 10% du capital, seuil qui engendrerait « trop de complications du point de vue de la réglementation et de la conformité ».

Résultat de cette déclaration, le titre de la banque s'était effondré en Bourse, entraînant son rachat en catastrophe par le géant UBS le 19 mars dernier.

Le conseil d'administration de la banque nationale saoudienne « a accepté la démission » de Ammar al-Khudairy « pour des raisons personnelles », selon le communiqué publié à la Bourse de Ryad ce lundi 27 mars.

Ammar al-Khudairy a été remplacé à la tête du Conseil d'administration de SNB par Saeed Mohammed Al Ghamdi. Ce dernier occupait jusqu'à présent la fonction de directeur exécutif du groupe. Talal Ahmed Al Khereiji a été nommé directeur par intérim.

SNB « concentré » sur l'Arabie Saoudite

Au lendemain de l'annonce du rachat (le 19 mars) de Credit Suisse par UBS - un rachat dans l'urgence alors que l'aide de 54 milliards de dollars (50,2 milliards d'euros) de la part de la banque centrale suisse avait échoué à rassurer les marchés -, la Saudi National Bank (SNB), avait indiqué (lundi 20 mars) que cette opération n'affecterait pas ses plans de croissance.

« Les changements de la valorisation des investissements de SNB dans Credit Suisse n'ont pas d'impact sur les plans de croissance de SNB », avait souligné l'établissement bancaire saoudien dans un communiqué.

« SNB reste concentré sur sa stratégie principale de croissance en Arabie Saoudite, qui fait partie des pays ayant la croissance la plus rapide au sein du G20 », avait-il ajouté. La banque saoudienne « reste confortablement au-dessus des seuils prudentiels et continue de bénéficier d'une belle capitalisation et (d'un bon niveau) de liquidités ».

Précédemment, les autorités financières saoudiennes avaient minimisé le risque d'une crise bancaire mondiale après les déboires de Credit Suisse.

Pour rappel, le montant du rachat de Credit Suisse s'élève à 3 milliards de francs suisses (3,02 milliards d'euros), payables en actions UBS - un montant extrêmement faible pour une banque qui en valait le triple quelques jours auparavant.

Chez Credit Suisse, « une culture du risque largement insuffisante  »

L'annonce de la démission du président de la SNB intervient alors que la Finma, le régulateur suisse du secteur financier, étudie les possibilités de demander des comptes aux dirigeants de Credit Suisse, a indiqué sa présidente dans la presse suisse.

« Nous ne sommes pas une autorité pénale, mais nous explorons les possibilités correspondantes », a déclaré Marlene Amstad, dans un entretien publié par le journal dominical NZZ am Sonntag.

Selon Marlene Amstad, qui a travaillé pour Credit Suisse par le passé, « la tempête sur les médias sociaux n'est évidemment pas à l'origine des problèmes du Credit Suisse ».

« Ceux-ci ont une longue histoire. Ils ont été causés par divers scandales et erreurs du management au cours des dernières années. La banque était déjà en proie à une crise de réputation et de confiance », relève-t-elle.

Elle souligne également que les problèmes de Credit Suisse ne se limitaient pas à un seul secteur d'activité, et « reflétaient une culture du risque largement insuffisante ».

Elle reconnaît que la banque dispose d'un très grand nombre de collaborateurs qui faisaient correctement leur travail, et que des secteurs d'activités fonctionnaient.

Enquête parlementaire demandée sur le rôle de la Finma dans cette crise

« En fin de compte, elle a échoué à cause des nombreux scandales et des mauvaises décisions prises par la direction. La direction de la banque s'est longtemps accrochée à une stratégie qui comportait des risques élevés, mais elle n'était pas en mesure de gérer ces risques de manière adéquate. Ce problème s'est prolongé pendant plusieurs années », analyse la présidente de la Finma.

« Je ne vais pas donner de nom, mais les nombreuses erreurs ont été commises sur plusieurs années. Le Credit Suisse avait un problème culturel qui se traduisait par un manque de responsabilités », ajoute-t-elle.

Pour autant, l'État et les régulateurs ont été accusés par certains observateurs d'avoir trop tardé à agir.

Et plusieurs partis politiques suisses demandent une enquête parlementaire pour faire la lumière sur le rôle de la Finma.

Marlene Amstad a balayé ces critiques, relevant notamment que les interventions de la Finma auprès des banques ne sont pas toujours rendues publiques. Et, souligne-t-elle, « une culture d'entreprise déficiente et des erreurs d'appréciation stratégiques de la part du management ne peuvent finalement pas être totalement éliminées par une réglementation stricte ».

Le rachat de Credit Suisse rejeté par deux tiers des Suisses

Selon un nouveau sondage de l'institut Sotomo publié dimanche par SonntagsBlick, un autre quotidien dominical, deux Suisses sur trois rejettent le rachat de Credit Suisse par UBS.

En outre, quatre personnes interrogées sur cinq exigent qu'UBS se sépare des activités suisses de Credit Suisse, afin d'éviter une trop grande concentration des risques.

(avec AFP)