France
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Décryptage. La langue de l’aliénation mise à nu

Boniments, de François Bégaudeau, éditions Amsterdam, 208 pages, 13 euros

Quel rapport y a-t-il entre l’arbitrage vidéo dans le football, la plateforme Netflix, la folie des jeunes pour l’application chinoise TikTok, les trottinettes électriques et la surutilisation de l’expression «j’assume» dans les discours d’Emmanuel Macron ? Tous sont dans le viseur impitoyable de François Bégaudeau. Pour cause… Ils racontent chacun un petit bout du capitalisme, de sa langue, son imaginaire, et comment il s’intègre insidieusement à notre quotidien. Dans «Boniments», son nouvel essai, l’écrivain, la plume toujours mouillée d’acide, prend le capital aux mots dans ce qu’il peut avoir de redoutablement séducteur pour mieux en révéler les pièges, les semi-mensonges et les nombreuses fables (la promesse de liberté du libéralisme, la passion du risque des financiers, la juste rémunération au mérite). Une «langue de boutiquiers», raille celui qui est aussi romancier, réalisateur et critique de cinéma. Ainsi mis à nu, le capitalisme apparaît pour ce qu’il est : un enfumage commercial, pour masquer la dévorante gourmandise de ses promoteurs et l’extension totale du domaine marchand aux corps et au vivant. Face au marché qui s’étend, c’est une course contre la montre qui se joue. Un livre aussi drôle que politiquement incisif.