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Depuis quand porte-t-on du noir aux funérailles?

Temps de lecture: 2 min — Repéré sur The Atlantic

Les récentes funérailles d'Elizabeth II ont eu lieu lundi 19 septembre, soit onze jours après sa mort. Sans surprise, on a pu constater qu'à l'exception des uniformes militaires, les tenues portées par les personnes venues rendre un dernier hommage à la souveraine étaient à dominante noire. Une tradition qui semble presque paradoxale étant donné que la reine aura, durant son si long règne, porté toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.

Au fond, analyse The Atlantic, le port collectif de la couleur noire permet d'uniformiser les choses. Dans le cas de l'enterrement d'Elizabeth II, cela aura pu donner aux citoyens et citoyennes britanniques une certaine impression de proximité –le roi Charles III porte du noir, ses enfants et ses belles-filles aussi, et c'est pareil pour vous et moi quand nous perdons un être cher. Et tant pis si certaines personnes sont habillées par Alexander McQueen tandis que d'autres, dans le même genre d'occasion, portent un costume premier prix.

Mais au fait, à quelle époque remonte le fait de porter du noir pour dire adieu à un être aimé? Selon The Atlantic, il faut remonter au VIe siècle pour voir l'Église catholique instaurer la couleur noire comme une véritable institution, pas forcément liée à la mort, mais en tout cas à la foi. Frederick Edward Hulme, professeur et artiste né en 1841 et mort en 1909, y faisait référence en évoquant «l'obscurité spirituelle de l'âme désilluminée par le Soleil de la droiture». Tout simplement.

Noir, blanc et marron

C'est finalement au XIVe siècle que noir et mort commencèrent réellement à nouer des liens inextricables. Mais le blanc et le marron faisaient également partie des couleurs tolérables en période de deuil, principalement parce qu'il s'agissait des teintes les plus faciles à produire. Au XVIe et au XVIIe siècle, il arrivait d'ailleurs que le marron soit décrit comme «la couleur triste».

Lors des funérailles de la première reine Elizabeth, en 1603, le noir s'est imposé comme la couleur officielle à adopter par toute personne souhaitant respecter la période de deuil. Il faut dire que son aspect luxueux (en tout cas, par rapport au blanc ou au marron) lui ont permis de l'emporter dans cette course macabre.

The Atlantic fait également remarquer que dès le XIIIe siècle, en Angleterre comme dans une grande partie de l'Europe, il existait des lois somptuaires qui interdisaient aux membres des catégories sociales inférieures de se vêtir avec certains types de tissus, ou de faire preuve de la moindre exubérance vestimentaire. Par exemple, les laboureurs pouvaient porter de la laine de qualité moyenne, ou même du lin, mais étaient interdits de fils dorés ou argentés, ou encore de soie, de satin et de fourrures –encore eût-il fallu qu'ils puissent s'offrir ce genre de frusques. Le noir, synonyme de sobriété, était recommandé.

Au XIXe siècle, avec les progrès technologiques réalisés par l'industrie du textile, le noir est devenu plus facile et moins coûteux à produire. Des entrepreneurs opportunistes se sont alors mis à produire des «vêtements de deuil» imitant certaines marques de luxe de façon relativement fidèle, en tout cas pour un œil non averti. Cela a permis au noir de poursuivre sa démocratisation, et ainsi de gagner définitivement son statut de couleur officielle du deuil dans les sociétés occidentales.