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Des flûtes de champagne qui ne jouent pas du pipeau : la sélection de «Libé» pour les fêtes

Servir un champagne acide, mal équilibré, qui vous troue l’estomac dès l’apéritif ? Vade retro, champanas ! A ce compte-là, mieux vaut un bon crémant. Mais pour les inconditionnels du champ’ de Noël ou du nouvel an, on a déniché plusieurs pépites délicieuses, fabriquées de façon respectueuse, en agriculture biologique, avec un travail très méticuleux en cave – sans oublier que plusieurs de ces cuvées sont élaborées par des femmes (et non, on ne parle pas de la Veuve Clicquot). Les champagnes sélectionnés ici patientent longtemps avant d’être mis sur le marché, ce qui leur permet de développer des arômes complexes sans qu’ils ne soient plus chers que les cuvées des grands groupes que l’on trouve dans les supermarchés en promo.

Déjà, quelques notes techniques : sept cépages sont autorisés dans l’appellation, mais le plus souvent, le champagne est fait avec du pinot noir, du pinot meunier et du chardonnay (ou en monocépage, avec l’un des trois). On ne fait par ailleurs du champagne qu’en Champagne, vaste territoire qui se découpe en plusieurs zones, vallée de la Marne, côte des Blancs, côte de Sézanne, côté des Bars, montagne de Reims, chacune se distinguant par une grande mosaïque de sols. Quand on n’utilise que des cépages blancs, on dit que c’est un «blanc de blanc». Blanc de noir, c’est le contraire : c’est un blanc vinifié avec un cépage noir. Vous suivez ? Ah, une dernière chose : le «dosage», c’est une liqueur sucrée qui permet de corriger un vin trop acide.

Pour cette sélection, on a privilégié des «extra brut zéro dosage», des champagnes très secs, aromatiques, vineux, qui ne sont pas masqués par le sucre. Certains d’entre eux sont millésimés, mais c’est une minorité de la production – la plupart des champagnes assemblent des vins de différentes années, pour des raisons gustatives ou pratiques (manque de raisins, ou le contraire). Fait cocasse : le champagne rosé est bien fait avec un mélange de cépages rouges et blancs – mais il existe aussi ce qu’on appelle des «rosés de saignée» ou de presse directe, faits comme de vrais rosés. Voilà, maintenant que vous êtes devenus des pros, on arrête de vous saouler : voici notre top 10, classés uniquement par prix – mais dans notre cœur, ce sont toutes nos cuvées chouchoutes.

Fleury, blanc de noir, cuvée BN, 30 euros (75 cl)

La famille Fleury fait un «blanc de noirs», soit un vin blanc avec du pinot noir. C’est une maison intéressante car en bio depuis 1970 et en biodynamie depuis 1989 (autant dire de vrais pionniers). La cuvée BN, qu’on trouve chez de très nombreux cavistes mais aussi dans les chaînes d’alimentation bio, est un champagne très équilibré, rond et gourmand, avec une petite touche de bois qui le rend coquin, au dosage très léger, légèrement vineux. Fait notable, la famille a aussi une cave à Paris, tenue par Morgane Fleury, avec une excellente sélection de vins naturels.

Ma Cave Fleury : 177, rue Saint-Denis (75002). Renseignements : http://www.champagne-fleury.fr

Marie Copinet, blanc de blancs brut nature, 32 euros (75 cl)

C’est un blanc de blancs, fait uniquement avec du chardonnay, cette fois sans dosage, assemblé avec plusieurs millésimes. Au nez, des pêches et des fleurs blanches ; en bouche, on retrouve le goût si agréable des levures du pain, et un peu de la douceur de la brioche. L’ensemble est néanmoins très sec voire minéral, ce qui en fait un grand vin de repas.

Renseignements : https://www.champagne-marie-copinet.com

Bourgeois-Diaz, 3C, 35 euros

BD’3C, c’est facile : ce sont les trois cépages traditionnels du champagne – chardonnay, pinot noir et pinot meunier –, tous en bio bien sûr, assemblés dans cette cuvée qu’on retrouve régulièrement sur les cartes des (bons) restaurants. Gros travail du sol, un soin extrême en vinification, et ça se ressent dans la flûte : de belles notes gourmandes et fumées, de l’acacia, de la pomme verte… Un vin avec du croquant, foudroyant, plein de vitalité.

Renseignements : http://www.bourgeois-diaz.com

Famille Tarlant, cuvée Zéro Dosage, 39 euros (75 cl)

Quel immense coup de cœur ! Tout est bon chez les Tarlant. Ce très vieux domaine (1687, excusez du peu) est encore tenu par la même famille. Douze générations plus tard, Benoît et Mélanie Tarlant travaillent comme des fous pour faire connaître leurs belles cuvées, des plus modestes aux plus prestigieuses. On a choisi le Zéro Dosage, mais le choix était difficile car tout est délicieux chez eux… Cette cuvée est un champagne sans aucun dosage, extrêmement vif, crayeux mais ciselé, mâtiné de petits arômes de levures (si vous voulez vous la péter, vous pouvez dire des «notes autolytiques») qui chatouillent le palais et rappellent que ces vins ont tous patienté de longs mois sur lattes avant de faire pop dans votre cuisine. On a soif !

Renseignement : https://www.tarlant.com

Julie Dufour, cuvée Cléobuline, 39 euros (75 cl)

C’est une histoire à part. Julie Dufour est une vigneronne qui travaille en solitaire. Mère célibataire de deux enfants, elle a pu acquérir ses vignes grâce à l’association Terre de liens, qui œuvre pour que des agriculteurs s’installent en bio et possèdent leurs terres. La cuvée Cléobuline détonne déjà visuellement : avec sa belle coiffe bleu turquoise, on la repère de loin. Assemblé avec 70 % pinot noir et 30 % chardonnay, c’est un champagne très équilibré, quasi crémeux avec des bulles mousseuses et de généreuses notes de fruits – notamment le coing mais aussi l’amande fraîche. Les cordons de bulles finissent par s’étirer et laisser échapper des notes plus végétales, comme une tisane de verveine. Un grand délice venu tout droit de la côte des Bars, et pas si cher pour tout le boulot.

Renseignements : https://www.instagram.com/champagnejuliedufour

Jacques Lassaigne, cuvée les Vignes de Montgueux, blanc de blancs, 40 euros

Ici aussi, c’est la côte des Bars qui est à l’honneur : un 100 % chardonnay aux évocations florales, minérales et légèrement citronnées. Un délice qu’on imagine bien avec des plats de poissons ou de fruits de mer. Grande élégance dans le toucher de bouche, à la fois vif et soyeux.

Renseignements : https://www.montgueux.com

De Sousa, cuvée blanc de blancs réserve, 45 euros

Quel joli champagne, complexe, aux nuances infinies, comme un mille-feuille ! Chaque gorgée fait affleurer des goûts et des images différentes : les agrumes laissent place au pain, puis à la crème, pour se terminer sur une minéralité sèche, roches ou craie… Un vrai maelström gustatif, à l’image des repas de fêtes. Ce domaine a été certifié en bio en 2010 et en biodynamie en 2013.

Renseignements : https://www.champagnedesousa.com

Françoise Bedel, cuvée Entre ciel & terre, 50 euros

Attention, gros canon : ce beau champagne, brut nature, est d’un vif absolu. A la première gorgée, la bouche se réveille, les yeux pétillent. La suite est suave, avec une rétro-olfaction subtile de bois, d’anis, d’herbes du jardin. Et comme un feu d’artifice, le final est spectaculaire : équilibrée, elle a la chaleur des agrumes, du soleil, du bonheur.

Renseignements : https://www.champagne-bedel.fr

Jacquesson, cuvée 745, 55 euros

Quand déboule le champagne Jacquesson sur une table, on est sûr de bien manger. C’est que Jacquesson appelle le repas : c’est un champagne extrêmement élégant (chardonnay, pinot meunier et pinot noir) et cette cuvée, comme toutes les cuvées 700, est millésimée. Celle-ci est issue de la récolte 2017, et on pourrait même la faire vieillir encore quelques années avant de la boire (mais c’est pas l’idée, on est d’accord). Un très joli vin, minéral autant que sensuel, avec des notes rares de miel, de noisettes, de clémentines. Un délice un peu cher, certes, mais c’est un cadeau en soi.

Renseignements : https://champagnejacquesson.com

Egly-Ouriet, brut les Prémices 2018, 55 euros

Trente-six mois de vieillissement dans le noir des caves pour cet assemblage pinot noir, pinot meunier et chardonnay de 2016 (d’où le prix), vinifié en cuves sur lies pendant un an puis vieilli sur lattes pendant trois ans – bref, c’est long. Et plus on attend, plus ça mobilise de l’espace et de la trésorerie pour le vigneron… mais plus ça libère des arômes complexes, délicieux, «autolytiques» donc. Peu dosé, au nez de bouquet de fleurs, c’est un champagne fringant, avec une petite salinité qui s’arrondit au fil du repas jusqu’à donner des notes de pâtes de fruit, puis de plus en plus lactées, jusqu’au yaourt. Incroyable. On pourrait l’offrir, mais finalement on va le garder pour nous. Allez, joyeux Noël !

Renseignements : https://www.instagram.com/eglyouriet