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Des ossements de teckels et des restes de "snacks" dans les égouts du Colisée de Rome

Remonter dans le passé du Colisée de Rome en fouillant son système d’évacuation des eaux usées : telle fut la mission entamée en janvier 2022 par une équipe italienne d’archéologues. Après plusieurs mois d’exploration, sa direction scientifique est venue présenter, vendredi 25 novembre 2022, ses premiers résultats lors d’une conférence organisée par le Parc Archéologique du Colisée à la Curie Julia, l’édifice qui accueillait les réunions du Sénat romain. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les égouts ont parlé : depuis 1.500 ans, les conduits souterrains renfermaient un important matériel archéologique témoignant directement de la façon dont se déroulaient les spectacles organisés durant dernières phases de la vie du Colisée, c’est-à-dire avant la "fin des jeux", en 523 après J.-C., et l’abandon définitif du lieu.

Une vue du Colisée. Crédit : Laurent Emmanuel/AFP

Une vue du Colisée à Rome, où se sont déroulés des combats de gladiateurs, des chasses ou encore des exécutions au moins jusqu'au 4e siècle de notre ère. Crédits : Laurent Emmanuel/AFP

Du noyau au sesterce

Ont d’abord été retrouvés dans ces anciens conduits de nombreuses traces de nourriture, preuve que les spectateurs romains n’hésitaient pas à s’accorder des collations durant les représentations, comme nous le faisons avec nos popcorns au cinéma. Des restes de fruits tels que des figues, du raisin, des melons, des olives, des pêches, des cerises, des prunes, des mûres ou encore des noix, des noisettes et des pignons ont ainsi été dégagés, réduits à leurs noyaux, pépins ou coquilles. Les chercheurs ont également identifié des cuticules et des fragments de feuilles de buis et de laurier, plantes à feuilles persistantes qui étaient utilisées à des fins ornementales dans l'arène pendant les représentations et/ou dans la zone entourant le Colisée.

Le archeologhe Federica Rinaldi, responsabile del Colosseo, e Martina Almonte, RUP del progetto, presentano i risultati delle indagini nel collettore sud. Oggetti di uso quotidiano, monete, ossa e semi che raccontano la storia dell’Anfiteatro Flavio#idraulicadelColosseo pic.twitter.com/3hgjhfXl1s

— 🏛 Colosseo • Foro Romano • Palatino (@ParcoColosseo) November 24, 2022

Les objets de la vie courante n’était pas non plus en reste dans les conduits : des dés à jouer, une épingle en os travaillé, des éléments vestimentaires (clous, fragments de cuir…), des fragments de revêtements muraux et de sols ainsi qu'un nombre remarquable de monnaies de la période tardive - pas moins de 53 -, ont été inventoriés. Parmi ces pièces figure même un sesterce - du nom de la monnaie romaine en usage pendant les deux derniers siècles de la république romaine - marquant un anniversaire, puisqu'il a été frappé à l’occasion des dix ans du règne de l’empereur Marc Aurèle, vers 170-171 après J.-C, et donc bien avant la fin de l’utilisation du Colisée pour des spectacles.

Des ours, des félins... et des teckels

Les trouvailles les plus intrigantes concernent toutefois des ossements d’animaux, non pas consommés dans les gradins par le public mais bien envoyés dans l’arène. Ainsi, des os d’ours, de lions, de léopards mais aussi de chiens, parmi lesquels des teckels, ont été identifiés. Dans un communiqué, les archéologues expliquent que "tous étaient probablement forcés de se battre dans l'arène ou faisaient l'objet des 'venationes'", ces jeux mettant aux prises des animaux sauvages entre eux (ou des animaux et des hommes), ou reproduisant des simulacres de chasse dans un décor censé rappeler le milieu naturel d'origine des bêtes.

 Crédit : M. Almonte/F. Rinaldi/B. Nazzaro/Parc archéologique du Colisée

Crédits : M. Almonte/F. Rinaldi/B. Nazzaro/Parc archéologique du Colisée

"L'important travail de recherche promu par le Parc (…) nous a permis de mieux comprendre le fonctionnement du Colisée en ce qui concerne le système hydraulique, mais aussi d'approfondir notre connaissance de la vie et des habitudes de ceux qui fréquentaient ce lieu pendant les longues journées consacrées aux spectacles", se réjouissent les scientifiques. Selon Alfonsina Russo, directrice du parc archéologique du Colisée, ces résultats ne sont "qu’une première étape, qui sera certainement suivie par l'édition et la publication scientifiques des données".