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"Des proportions de cinglé" : le prix des matériaux continue de s'envoler, quels surcoûts pour vos travaux en 2023 ?

Alors que l'inflation en France s'élève à 6,2 % sur un an selon les derniers chiffres communiqués par l'INSEE, les prix des matériaux font l'objet de hausses incontrôlables qui compliquent la vie des artisans du bâtiment et se répercutent sur les devis soumis aux particuliers. Beaucoup de professionnels affirment n'avoir jamais connu une situation semblable auparavant. À quoi devons-nous nous attendre pour 2023 ?

Les prix n'en finissent pas de s'envoler. "Au troisième trimestre 2022, les entreprises artisanales du bâtiment font encore face à un contexte de prix des matériaux dégradé et observent une hausse moyenne de 26 % du prix des matériaux entre janvier et octobre 2022", fait savoir la Capeb dans une récente enquête.

Sans surprise, 9 artisans sur 10 déclarent répercuter la hausse sur les factures adressées à leurs clients. Électricité, menuiserie, peinture, plâtrerie, couverture, plomberie, chauffage, maçonnerie... Si les proportions varient aucun secteur n'est épargné.

Une situation incontrôlable 

La dynamique haussière n'est pas nouvelle. Elle a été déclenchée par l'explosion de la demande qui a suivi les confinements avant d'être fortement renforcée ces derniers mois par la guerre en Ukraine et la crise énergétique. Au point de devenir incontrôlable et impossible à anticiper pour les professionnels et leurs fournisseurs.

"Cette année, on a connu trois augmentations pour un total de 17 %, je n'avais jamais vécu ça en 30 ans de métier, témoigne Philippe Guidez, cadre commercial dans le Gard pour La Seigneurie, un fournisseur de peinture. Les matières premières augmentent, les coûts de fabrication et de transport également. Comme les artisans, on subit."

"Récemment, j'ai fait un devis pour des travaux sur une toiture en pensant payer mes 300 tuiles moins de 300 euros, raconte Stéphane Soriano, maçon dans le Gard depuis 27 ans. Quelques jours plus tard, elles m'ont coûté 450 euros. Et c'est comme ça pour tout. La ferraille coûte trois fois plus cher qu'il y a quelques mois. À terme, avec l'inflation généralisée, je crains que des clients laissent tomber certains travaux." 

"Globalement, les augmentations chiffrées aux particuliers varient de 5 à 30 %. Tout dépend du poids des matériaux dans les devis, détaille David Moralès, vice président en charge des affaires économiques à la Capeb et platrier-plaquiste à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). De mon côté, mes prix ont augmenté de 25 à 30 %. En 40 ans de métier, je n'avais jamais connu une période aussi incertaine et stressante." 

Quelles tendances pour 2023 ?

Et cela ne devrait pas s'arranger. D'après les premières projections, les prix de nombreux matériaux vont continuer à augmenter en 2023. "En tant que plaquiste, mes fournisseurs m'annoncent déjà 10 à 20 % pour janvier", déclare David Morales. "Tout ce qui est issu de la terre cuite, comme les briques et les tuiles par exemple, devrait continuer à flamber en raison de la hausse du prix du gaz. Le carrelage, le ciment, le béton, le mortier, les planchers et les colles vont aussi subir des hausses." 

Si la poursuite de l'inflation ne fait guère de doute, l'enjeu principal pour les professionnels du bâtiment est aujourd'hui de gagner en visibilité. "Les industriels nous disent qu'ils n'ont pas de boule de cristal, avance David Morales. Notre grand combat à la Capeb c’est de pouvoir connaître à l’avance les évolutions. Sans ça, difficile de faire des devis."

"Prédire l'avenir n'est pas évident mais je crains que 2023 soit très compliquée, estime Philippe Guidez. Tout augmente et dans des proportions de cinglés... On ne sait pas où ça va s'arrêter."

"C'est une catastrophe" 

À en croire Abdelhak Chaarane, façadier à Vauvert et à la tête d'une entreprise de 35 salariés, les grosses structures sont encore plus pénalisées que les indépendants. "Eux attaquent généralement leur chantier dans la foulée du devis, indique-t-il. Pour nous, qui fonctionnons avec des maîtres d'œuvre, le travail commence souvent un an après la signature du marché. Anticiper les prix à cette échéance est encore plus compliqué." 

"On essaye de négocier avec les maîtres d’œuvre qui jouent parfois le jeu et accordent des rallonges quand ils peuvent, mais ils ne sont pas obligés, poursuit-il. Et puis on essaye de faire des points plus réguliers avec nos partenaires. Mais cette situation, pour nous, c'est une catastrophe." 

Des délais d'approvisionnement qui s'allongent

En plus des hausses des prix, 78 % des professionnels interrogés par la Capeb déclarent connaître des allogements des délais d’approvisionnement en raison de pénuries de matériaux.

Une situation qui les conduit à s'adapter de diverses manières : ils sont 72 % à avoir été forcés de modifier les plannings, 52 % disent avoir réorganisé leurs équipes, 35 % ont réduit la durée de validité de leurs devis, 28 % cherchent de nouveaux fournisseurs.