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DIRECT. Manifestations en Chine : des renforts policiers pour contrer les mobilisations

DIRECT. Manifestations en Chine : des renforts policiers pour contrer les mobilisations MANIFESTATIONS CHINE. A Pékin et à Shangaï, la présence policière a été renforcée pour éviter de nouvelles manifestations dans la soirée du lundi 28 novembre 2022. Le retour au calme ne pourrait être que passager alors que les citoyens pestent contre des restrictions anti-Covid jugées trop liberticides.

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Un retour au calme a été observé dans plusieurs grandes villes chinoises dans la journée et la soirée du lundi 28 novembre après un week-end entier de manifestations. La cause ? Un renfort considérable des forces de l'ordre notamment à Pékin et à Shangaï. Cette présence policière est toujours en place ce mardi pour éviter la formation de nouvelles mobilisations. Non seulement d'être présents, les policiers n'hésitent pas à questionner certains passants sur leur participation aux manifestations historiques du week-end, faisant éventuellement planer des menaces de représailles.

FIN DU DIRECT - Alors que la gronde s'élève parmi les Chinois, face aux mesures toujours très strictes contre le Covid-19, pour l'historien et spécialiste de la Chine François Godement, interrogé sur ce sujet par RTS, les autorités sont "prises entre deux feux parce qu'elles n'ont pas vu assez ce qu'il fallait faire au-delà du confinement". L'historien estime que face à la gronde, elles ne peuvent pas se permettre de tout relâcher d'un coup, car la couverture vaccinale n'est pas aussi élevée qu'en Europe. Il explique que si beaucoup de Chinois ont bien été vaccinés, ils l'ont été avec le vaccin chinois, jugé moins efficace que Pfizer ou Moderna. De même, il y a eu très peu de rappels. François Godement affirme que "si la Chine relâche les contrôles avec une couverture vaccinale qui n'est pas optimale, il est clair qu'elle aura [à faire à] un autre séisme" avec la multiplication rapide des cas de coronavirus, des hôpitaux qui ne pourront pas prendre en charge tout le monde et des milliers de morts. 

Interrogé par la Radio Télévision Suisse (RTS), l'historien et spécialiste de la Chine, François Godement, a expliqué qu'il y a, selon lui, "au moins deux surprises". "Effectivement, la violence des slogans à Shanghai", note-t-il dans un premier, rappelant toutefois que des tracts y avaient déjà été distribués dans le métro pendant le XXe Congrès national du Parti communiste chinois (PCC), en octobre dernier, contre la dictature de Xi Jinping. "La deuxième surprise, c'est que dans un système où en principe la surveillance d'Internet isole tout le monde et force les incidents à rester locaux, on a une explosion d'incidents simultanés à travers toute la Chine", explique-t-il, avant d'énumérer : "40 à 50 universités, au moins une vingtaine de villes recensées sur les médias sociaux, avec évidemment des niveaux de protestation très différents." Mais pour  François Godement, "ce qui est probablement le plus important, c'est qu'il est clair à ce stade qu'au moins une grande partie de la population urbaine comprend et suit ces événements".

Un peu plus tôt dans la soirée, nous vous parlions du calme qui était revenu à Shanghai. Il semble que les autorités aient également repris le contrôle à Pékin où tout semblait très tranquille ce lundi soir, malgré la présence des forces de l'ordre en nombre. La correspondante de CNN, Selina Wang, explique sur Twitter être retournée "exactement au même endroit où les manifestations se sont déroulées à Pékin hier soir, à Liangmaqiao". Comme le montre sa vidéo, le lieu est redevenu "totalement calme". "Au lieu de cela, une rue entière de fourgons de police. Il s'agit d'un État policier avec une surveillance de grande envergure. Pas de médias sociaux qui permettent aux gens de se mobiliser et de se rassembler facilement", explique-t-elle encore dans son tweet. 

28/11/22 - 20:46 - Que viennent faire les équations de Friedmann sur les pancartes de certains Chinois en colère ?

Plusieurs manifestants chinois ont décidé de faire un peu plus original que de simples feuilles blanches pour critiquer le pouvoir tout en contournant la censure. Comme le rapporte franceinfo, à Pékin, certains étudiants de l'une des plus prestigieuses universités de l'empire du Milieu, l'université Tsinghua, ont dégainé des feuilles A4 sur lesquelles étaient inscrites… des équations de Friedmann. Mais que vient faire le mathématicien et physicien russe dans cette histoire ? Si son travail a sans aucun doute apporté beaucoup à la science, c'est son nom Friedman, qui n'est pas sans rappeler l'expression anglophone "Freed man", "homme libéré", qui aurait inspiré les étudiants pour leurs pancartes.

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L'incendie d'un immeuble à l'origine des manifestations

Un immeuble qui s'embrase, dix personnes qui meurent dans l'incendie et des réactions en chaîne désignant les restrictions liées au Covid-19 coupables de ce lourd bilan humain. En Chine, le point de départ de la contestation qui frappe le pays est lié aux règles pour limiter la propagation du coronavirus jugées trop strictes par des habitants et ayant, selon ces derniers, ralenti l'intervention des secours lorsque le feu s'est déclaré à Urumqi. En effet, afin d'empêcher la population de cette ville du nord-ouest de se soustraire au confinement, les routes sont entravées par des obstacles et certains immeubles sont mêmes bloqués. Si seuls les premiers éléments d'une circulations difficile ont été confirmés, c'en est désormais trop pour une partie des Chinois, soumis à un régime strict depuis 2020. De quoi déclencher une vague de contestations.

En Chine, les manifestations ne sont pas tout à fait comme celles que nous connaissons. Là-bas, pas de grandes banderoles, simplement des feuilles blanches brandies pour dénoncer la censure. Mais des slogans hostiles au président Xi Jinping ont résonné dans les cortèges, organisés spontanément dimanche 27 novembre, notamment à Pékin et Shangaï. "Nous voulons la liberté, la démocratie, la liberté d'expression de la presse" ont lancé certains dans une rue principale de Shangaï, comme l'a constaté le correspondant sur place de France 24. "Nous n'avons pas besoin de tests Covid, nous avons besoin de liberté" ont réclamé d'autres du côté de Pékin.

Un mouvement minoritaire

De nombreux observateurs expliquent qu'un pareil mouvement de contestation n'a pas été connu en Chine depuis les manifestations de Tian'anmen, en 1989 qui réclamaient davantage de démocratie dans le pays. Elles s'étaient terminées dans un bain de sang avec plusieurs milliers de morts après qu'une répression menée par l'armée a été ordonnée. A ce stade, les manifestations sont loin de concerner une majorité de Chinois, d'autant plus que la censure fait rage sur les réseaux sociaux où les images des mouvements peinent à se diffuser. D'autant qu'en pleine Coupe du monde de football, diffusée en Chine, les images des supporters sans masque en tribunes ne sont pas montrées, remplacées par des gros plans sur les joueurs ou le staff des équipes.