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Écoles Montessori : leur succès mondial est-il justifié ?

Qu’ont en commun la cheffe cuisinière Julia Child, le romancier Gabriel García Márquez, la chanteuse Taylor Swift ou encore Larry Page, le fondateur de Google ? Ils ont tous fréquenté des écoles Montessori pendant leur enfance, indique la BBC.

C’est en observant des enfants aux prises avec des difficultés d’apprentissage en train de jouer avec des miettes de pain dans une clinique psychiatrique de Rome que Maria Montessori (1870-1952) a eu l’idée de développer “une nouvelle méthode d’apprentissage axée sur une stimulation optimale pendant les périodes sensibles de l’enfance”.

Au cœur de son approche, le principe selon lequel le matériel d’apprentissage doit être adapté à la taille des enfants et conçu pour faire appel à tous leurs sens. Les enfants sont encouragés à utiliser leur créativité pour résoudre des problèmes, les enseignants jouant le rôle de guides “soutenant les enfants sans coercition ni contrôle”.

Pas d’études concluantes pour le moment

Maria Montessori a ouvert sa première école en 1907. On recense aujourd’hui à travers le monde plus de 60 000 établissements utilisant sa méthode. “Fonctionne-t-elle réellement ?” se demande la BBC. Après avoir interrogé plusieurs experts, le site d’information britannique estime que ses bénéfices sont sujets à débats, “dus en partie aux difficultés inhérentes à la conduite de recherches scientifiques dans les classes”.

Certaines études semblent démontrer une série de bénéfices pour le développement des enfants, “mais nous ne pouvons pas vérifier si c’est le résultat de la méthode Montessori ou si c’est simplement dû aux milieux privilégiés dont ils sont issus”.

Ainsi aux États-Unis, Angeline Lillard, qui enseigne la psychologie à l’Université de Virginie à Charlottesville, a montré que des enfants suivis depuis l’âge de 5 ans et fréquentant l’école Montessori de Milwaukee, dans le Wisconsin, obtenaient de meilleurs résultats que des élèves d’autres écoles pour la lecture, le calcul et les compétences sociales. Ils démontraient également de meilleures capacités de narration à l’âge de 12 ans.

En Suisse, Solange Denervaud, neurologue du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) a indiqué dans une autre étude que les écoliers de Montessori tendent à faire preuve d’une plus grande créativité, une disposition qui serait à l’origine des bons résultats scolaires.

Mais Chloe Marshall, de l’Institut d’éducation de l’Université de Londres, estime pour sa part qu’il faut rester prudent : les preuves décisives sur les avantages à long terme de la méthode manquent encore. “En science, nous devons être en mesure de reproduire les résultats.”

Des opérations marketing

De plus, précise la BBC, “de nombreuses écoles portent aujourd’hui le nom de Maria Montessori tout en n’appliquant que vaguement sa méthode”. Selon Gianfranco Marrone, de l’Université de Palerme, le nom de Montessori est maintenant associé à une éducation de grande qualité qui séduit de nombreux parents. “C’est devenu une marque commerciale. Et ce n’est pas un hasard.”

“Il est de plus en plus difficile de trouver une éducation Montessori authentique”, reconnaît Catherine L’Ecuyer, chercheuse en psychologie et en éducation à l’Université de Navarre, en Espagne. Elle craint que certaines écoles ne fassent que se conformer à une tendance, sans vraiment suivre les principes de cette méthode pédagogique fondée sur l’autonomie de l’enfant ou la durée des sessions d’apprentissage. Ce qui pourrait, selon elle, influer de manière importante sur les résultats.