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Economie: la ruralité a plus d’un atout dans son sac

Jeudi soir, ils étaient invités à témoigner des enjeux de l’entrepreneuriat dans le monde rural lors d’un...

Jeudi soir, ils étaient invités à témoigner des enjeux de l’entrepreneuriat dans le monde rural lors d’un grand raout organisé par la Région. Le premier du genre, qui a rassemblé 170 personnes, élus, entrepreneurs, acteurs du monde économique issus de 294 communes du Ruffécois, de la Charente limousine, du Mellois et du Sud Vienne.

C’est l’un des territoires Cadet de la Région, reconnu comme vulnérable et qui a subi une déprise économique et des accidents industriels. Ici, la fermeture de la laiterie Saint-Saviol et le départ de la base logistique d’Intermarché dans le Mellois (pour s’installer à Roullet) laissent des traces. Depuis 2019, la Région y a aidé 239 entreprises pour 22,7 millions d’euros. « C’est parfois plus compliqué d’y recruter en raison des problématiques de logement et de mobilité. On est sur des territoires avec un très faible taux de chômage, moins de 5 % dans le Mellois  (ce qui est moins vrai dans le Ruffécois, Ndlr)», souligne Xavier Azuret, chef de projet pour la Région.

Je constate le relatif abandon des territoires périphériques.

« Depuis mon élection, je constate amèrement le relatif abandon des territoires dits périphériques, regrette pourtant Thierry Bastier, maire de Ruffec et président de la CDC Val-de-Charente. Pourtant, les agglomérations ont besoin des ressources agricoles et énergétiques de nos campagnes. » Encore faut-il connaître les dispositifs de soutien aux entreprises, actionnés par l’Etat ou la Région.

Du foncier moins cher

Juliette et Valentin Vignaud, sixième génération de ce groupe familial (260 emplois, 42 millions de chiffre d’affaires), ne s’installeraient pour rien au monde dans les grands centres urbains. Leurs 35 magasins (Gemo, Intersport, Cache-Cache, Speak) sur l’ouest et le centre sont tous situés dans des petites villes ou villes moyennes. « Les ruraux sont plus fidèles », salue le frère. Qu’il s’agisse des clients ou des collaborateurs. Le binôme a surmonté des trous d’air marqués par le covid. « On était déjà fragiles avant, on s’est battus pour rester vivants ». À coups d’innovation et de développement digital.

Ils ont lancé leur enseigne Speak. « On y propose du neuf et de la seconde main. Les gens nous déposent leurs vêtements et on se charge de tout. Le but c’est de contrer Vinted, le site lituanien qui vient jusque dans nos campagnes. On veut prendre notre part de marché. » Dans les campagnes, Internet est leur plus grand concurrent et a amené les deux dirigeants à se lancer dans la livraison. Ils s’attellent désormais à développer la commercialisation de vêtements fabriqués en France.

Pour ancrer de nouveaux venus dans ces petites villes, les collectivités, déjà fortes d’un foncier économique moins cher, ont tout intérêt à développer des services locaux (médecins, maisons de services au public, crèches). « Sur la CDC, on a une maison de la petite enfance à Vars, trois maisons de santé, on a intérêt à avoir de tels équipements », témoigne Christian Croizard, maire de Mansle et président de la CDC Cœur de Charente. « La Région peut soutenir les bourgs et les petites villes dans leurs aménagements et la réinstallation des commerces, comme ce que fait l’État avec le dispositif « Petites villes de demain »», illustre Xavier Azuret.

« J’ai plus de mal à recruter à Poitiers qu’à Mansle »

Pour Jérémy Harmand, président du club d’entreprises du nord Charente et à la tête de la carrosserie Harmand à Mansle, « il n’y a pas plus de difficultés à entreprendre et innover dans nos territoires ». « Mais, assure-t-il, il faut lever certains freins comme l’accès à la fibre . Le plan a pris du retard, il ne faut pas qu’il en prenne plus. On a des entrepreneurs parisiens ou bordelais qui arrivent pour télétravailler, c’est essentiel. » Autre frein: la mobilité. Chez lui, les salariés font du covoiturage, la plupart habitant en moyenne à 30 km de leur travail. Pour autant, il assure qu’il a moins de mal à recruter à Mansle que pour son site de Poitiers. Surtout, il lance un message au gouvernement : « Il faut donner aux entreprises le moyen de reconsidérer le travail des salariés. Le salaire est presque divisé par deux par rapport au brut. Les entreprises n’ont pas de marge de manœuvre. »