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EcoWatt, numéros d’urgence, transports… Tout comprendre aux « délestages » prévus face aux pénuries d’électricité

Avec la crise de l’énergie, la possibilité de « délestages » cet hiver est fréquemment évoquée. En gaz, la France a subi un tarissement progressif des flux depuis la Russie et le géant russe Gazprom doit même cesser totalement ses livraisons au groupe Engie à partir de jeudi. De plus, la moitié du parc nucléaire français est indisponible en raison de maintenances programmées ou de problèmes de microfissures apparues l’hiver dernier.

Mais EDF n’est pas certain de parvenir à faire redémarrer suffisamment de réacteurs pour faire face aux pics de consommation les jours de grand froid. Alors l’Etat envisage de planifier des coupures d’électricité. Mais qu’est-ce qu’un délestage ? Qui sera touché ou épargné par ces coupures ? Et comment s’y préparer. 20 Minutes fait le point pour vous.

Qu’est-ce qu’un délestage ?

Il s’agit de coupures ciblées et temporaires de l’approvisionnement destinées à soulager le système en cas de trop fortes tensions, avec un fonctionnement différent pour le gaz et l’électricité, et éviter le « black-out », c’est-à-dire la panne généralisée et incontrôlée, en cas de tensions entre l’offre et la demande. Avec la crise de l’énergie, la possibilité de « délestages » cet hiver est fréquemment évoquée.

Cette crainte de coupures a été ravivée après les dernières prévisions de RTE, le gestionnaire du réseau de haute tension, qui a averti mi-novembre d’un risque « élevé » de tensions sur le système électrique en janvier, en raison du redémarrage plus lent que prévu de réacteurs nucléaires d’EDF. Ce n’est qu’en « tout dernier recours » que des « délestages » pourraient être effectués par Enedis à la demande de RTE. Dans tous les cas, les coupures auraient lieu aux moments des pics de consommation, entre 8 heures et 13 heures le matin, et entre 18 heures et 20 heures le soir.

Qui est concerné ?

Les délestages pourraient concerner 60 % de la population. En effet, certains Français ne seront jamais délestés car prioritaires, ou raccordés par chance à une ligne prioritaire. Une part « qui concerne 40 % des gens », selon le gouvernement, ajoutant que les délestages ressembleront aux taches d’une « peau de léopard ». Il n’y aura aucun département délesté en entier, mais seulement des parties minoritaires du territoire, jamais deux fois les mêmes personnes et aucun des quelque 3.800 patients à haut risque dépendants d’un équipement médical à domicile branché sur le secteur.

Quelque 14.000 sites prioritaires déterminés par un arrêté qui remonte au 5 juillet 1990 seront à l’abri des coupures : casernes de pompiers, gendarmerie, hôpitaux, défense, prisons, etc. Quelques sites industriels ont également été placés sur les listes de clients prioritaires, de même que les installations classées disposant de groupes électrogènes qui ont désormais un mois pour en tester leur fonctionnement.

Ces coupures vont-elles vraiment avoir lieu ?

Les délestages tournants, de maximum deux heures, restent à ce stade une hypothèse, notamment en janvier si l’approvisionnement en électricité vient à poser problème. « On ne couperait que si le froid se confirme, qu’on a un problème de production ou d’interconnexion [avec les pays voisins] et si la consommation ne baisse pas », souligne le gouvernement dans une circulaire qui demande aux préfets d’anticiper.

La cellule interministérielle de crise travaille sur l’hypothèse que six à dix délestages seront nécessaires sur la période, et des délestages de deux heures touchant six millions de personnes en même temps. La cellule interministérielle de crise travaille aussi sur un scénario de « black-out » mais sans y croire.

Quelles conséquences ?

Les délestages pourraient avoir des conséquences sur l’éducation. En effet, les écoles susceptibles d’être délestées pourraient rester fermées le matin afin d’éviter d’être sans lumière, ni chauffage ni alarme. Même chose, les transports en commun pourraient être à l’arrêt afin d’éviter que des passagers soient bloqués en pleine voie : « Soit ça roule de bout en bout, soit on préférera interrompre deux heures, car être coincé dans le métro deux heures n’est pas une option. »

L’inquiétude majeure se porte sur le réseau mobile. Dans une circulaire, la Première ministre Elisabeth Borne note que « l’une des conséquences de l’interruption de la distribution électrique est qu’elle entraînera des interruptions de communications électroniques [téléphonie mobile et fixe] ». Dans les périmètres de délestage, « les usagers ne pourront pas joindre les services de secours » comme le 15, le 17 ou le 18. Il sera recommandé de privilégier le 112, accessible quel que soit l’opérateur téléphonique. Une cartographie complexe des zones blanches où les antennes téléphoniques relais seraient coupées est en cours de réalisation.

Comment s’y préparer ?

« L’idée est que personne ne soit surpris », souligne une source gouvernementale. Un signal EcoWatt rouge serait émis trois jours à l’avance, permettant de savoir ensuite avec un jour d’avance quels départements seraient concernés. A 17 heures, la veille, il sera possible de savoir qui est concerné par les coupures en renseignant son adresse sur un site Internet d’Enedis et de RTE, qui gèrent le réseau français de transport et de distribution de l’électricité.

Un test technique aura lieu vendredi 9 novembre auquel participeront RTE, Enedis et les préfectures départementales. Les équipes techniques simuleront un délestage grâce à leurs ordinateurs afin de mieux se préparer à cette éventualité. 

Les autorités conseillent aussi d’installer l’application EcoWatt, qui permet aux foyers de contrôler leur consommation d’électricité. Ce jeudi, 470.000 personnes se sont abonnées par SMS, annonce le président du Directoire de RTE sur France Info. Il s’inquiète toutefois, estimant que « ce n’est pas assez ».